Course à l’armement : quand les cacatoès apprennent à ouvrir les poubelles, les humains apprennent à les fermer
Les Cacatoès à huppe jaune (Cacatua galerita) de Sydney, en Australie, sont engagés dans une lutte acharnée avec les humains pour avoir accès à leurs poubelles. Les déchets alimentaires, très probablement du pain, sont leur objectif.
Image d’entête : un cacatoès embêté par une brique qui l’empêche (temporairement) d’ouvrir une poubelle. (Barbara Klump/ Max Planck Institute of Animal Behavior)
Après que l’on ait signalé, il y a dix ans, que ces ingénieux cacatoès avaient appris à ouvrir les poubelles (lien ci-dessous), des chercheurs, dont la Dr Barbara Klump de l’Institut Max Planck du comportement animal, ont enquêté auprès des habitants de Sydney et ils ont constaté qu’à partir d’un quartier du sud de la ville, les signalements de cacatoès s’introduisant dans les poubelles des humains ont commencé à se répandre dans toute la ville.
Dans leur étude, ils ont constaté qu’un cacatoès sur dix apprenait à ouvrir une poubelle. Les autres membres de la bande observent ces actions et en tirent des leçons.
C’est un trait culturel qui démontre la complexité des sociétés animales en dehors de la nôtre. Ces traits présentent des différences subtiles entre les groupes voisins, tandis que ceux qui sont plus éloignés présentent des variations plus prononcées, ce qui montre la diversification de ces comportements au sein de la population des cacatoès.
Selon Barbara Klump :
Les cacatoès apprennent ce comportement en observant d’autres cacatoès et, au sein de chaque groupe, ils ont en quelque sorte leur propre technique spéciale, de sorte que sur une large étendue géographique, les techniques sont plus disparates.
Pour prévenir les raids, les habitants de Sydney ont commencé à essayer des moyens d’empêcher les cacatoès de retourner les couvercles. Certains ont essayé d’utiliser des briques pour lester les couvercles.
(Barbara Klump/ Max Planck Institute of Animal Behavior)
D’autres ont utilisé de vieilles chaussures (image ci-dessous), d’autres encore des tapis de porte. Klump et ses collègues ont décidé d’étudier de plus près les comportements humains qui ont émergé en réponse aux cacatoès kleptomanes.
(Barbara Klump/ Max Planck Institute of Animal Behavior)
Lorsqu’une forme de prévention échoue, les habitants tentent d’adapter leurs stratégies et, tout comme les oiseaux apprennent à ouvrir les couvercles grâce à leurs congénères, les propriétaires de maisons obtiennent des conseils plus efficaces de leurs voisins.
Une personne ayant répondu à l’enquête de Klump a indiqué que lorsque les cacatoès ont appris à enlever les briques, ils ont discuté avec les voisins de l’autre côté d’une autoroute voisine et ils ont appris que coller des bâtons à leurs poubelles pourrait faire l’affaire. Ce fut le cas.
Selon Klump :
Il ne s’agit pas seulement d’un apprentissage social du côté des cacatoès, mais aussi d’un apprentissage social du côté des humains.
Les interactions entre l’humain et l’animal seront de plus en plus fréquentes à mesure que les villes empiètent sur les habitats. La dynamique entre les humains, leurs poubelles et les cacatoès affamés semble être appelée à perdurer.
(Barbara Klump/ Max Planck Institute of Animal Behavior)
L’appellation familière de « poules de poubelle » en Australie masque la réalité : les villes du pays ont tellement empiété sur les habitats des animaux qu’ils sont devenus urbains en l’absence de leurs zones humides naturelles de recherche de nourriture.
L’équipe de recherche cherchera ensuite à déterminer comment le comportement des cacatoès change d’une saison à l’autre.
Selon Klump :
Au fur et à mesure que les villes s’étendent, nous aurons davantage d’interactions avec la faune et la flore sauvages et j’espère qu’il y aura une meilleure compréhension et une plus grande tolérance à l’égard des animaux avec lesquels nous partageons nos vies.
Leurs conclusions sont publiées dans Current Biology : Is bin-opening in cockatoos leading to an innovation arms race with humans? et présentées sur le site du Max Planck Institute of Animal Behavior : Battle of the bins.