La fréquence des cauchemars semble être un bon indicateur prédictif d’une future démence
Selon de nouvelles recherches menées par l’université de Birmingham (Royaume-Uni), les adultes qui déclarent faire des cauchemars à un âge moyen ou avancé pourraient connaître une accélération du déclin cognitif et présenter un risque accru de démence.
Image d’entête : “Julia apparaissant en rêve à Pompée” par le peintre anglais Henry Fuseli. (Wikimedia)
Les cauchemars (ou les mauvais rêves, Anxiety dream) sont courants dans la population générale. Environ 5 % des adultes font des cauchemars chaque semaine, et 12 à 40 % en font tous les mois.
Ces pourcentages sont probablement encore plus élevés si l’on considère les mauvais rêves en plus des cauchemars.
Étant donné l’omniprésence des mauvais rêves et des cauchemars dans la population adulte, il est surprenant que leur portée clinique reste largement inconnue.
Selon l’étude :
Les mauvais rêves sont (précédemment) associés à un déclin cognitif plus rapide et à un risque accru de démence chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. On ignore si les rêves angoissants peuvent être associés au déclin cognitif et à la démence chez les personnes non atteintes de la maladie de Parkinson.
Selon l’auteur de la nouvelle étude, le Dr Abidemi Otaiku, chercheur au Centre pour la santé du cerveau humain à l’Université de Birmingham et au département de neurologie du Birmingham City Hospital :
Nous avons démontré pour la première fois que les rêves pénibles, ou cauchemars, peuvent être liés au risque de démence et au déclin cognitif chez les adultes en bonne santé dans la population générale.
C’est important car il y a très peu d’indicateurs de risque de démence qui peuvent être identifiés dès l’âge moyen.
Bien que des travaux supplémentaires soient nécessaires pour confirmer ces liens, nous pensons que les mauvais rêves pourraient être un moyen utile d’identifier les personnes à haut risque de développer une démence, et de mettre en place des stratégies pour ralentir l’apparition de la maladie.
Dans l’étude, le Dr Otaiku a examiné les données de trois cohortes communautaires aux États-Unis. Celles-ci comprenaient plus de 600 hommes et femmes adultes âgés de 35 à 64 ans, et 2 600 adultes âgés de 79 ans et plus.
Tous les participants n’étaient pas atteints de démence au début de l’étude et ils ont été suivis pendant une durée moyenne de 9 ans pour le groupe le plus jeune et de 5 ans pour les participants les plus âgés.
L’étude a commencé à recueillir des données entre 2002 et 2012. Les participants ont rempli une série de questionnaires, dont l’indice de qualité du sommeil de Pittsburgh (Pittsburgh Sleep Quality Index), un questionnaire qui comprend une question sur la fréquence à laquelle les individus font de mauvais rêves.
Ces données ont été analysées à l’aide d’un logiciel statistique afin de déterminer si les participants ayant une fréquence plus élevée de cauchemars étaient plus susceptibles de connaître un déclin cognitif et d’être diagnostiqués comme atteints de démence.
Le Dr Otaiku a constaté que les personnes d’âge moyen (35-64 ans) qui font des cauchemars chaque semaine sont quatre fois plus susceptibles de connaître un déclin cognitif au cours de la décennie suivante, tandis que les personnes plus âgées sont deux fois plus susceptibles de se voir diagnostiquer une démence.
Fait intéressant, il a constaté que les associations étaient beaucoup plus fortes chez les hommes que chez les femmes. Par exemple, les hommes âgés qui faisaient des cauchemars chaque semaine étaient cinq fois plus susceptibles de développer une démence que ceux qui ne faisaient pas de mauvais rêves. Chez les femmes, en revanche, l’augmentation du risque n’était que de 41 %.
Pour le Dr Otaiku :
Ces résultats pourraient aider à identifier les personnes à risque de démence et faciliter les stratégies de prévention précoce.
En 2010 déjà, des chercheurs américains remarquaient que certains cauchemars violents et réguliers pouvaient prédire de futurs troubles mentaux.
L’étude a été publiée dans la revue eClinicalMedicine : Distressing dreams, cognitive decline, and risk of dementia: A prospective study of three population-based cohorts et présentée sur le site de l’Université de Birmingham : Nightmares in middle age linked to dementia risk.