Des anti-inflammatoires populaires liés à une aggravation de l’arthrose
De nouvelles données présentées lors du congrès annuel de la Radiological Society of North America suggèrent que l’utilisation prolongée d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), tels que le naproxène ou l’ibuprofène, peut être associée à une progression accélérée des symptômes de l’arthrose. Les chercheurs soulignent avec prudence que ce lien est encore observationnel et que des travaux supplémentaires doivent être menés pour comprendre comment ces médicaments pourraient être liés à l’aggravation de l’inflammation arthritique.
Les nouvelles recherches, dirigées par Johanna Luitjens de l’Université de Californie à San Francisco, se sont concentrées sur l’association entre l’utilisation à long terme d’AINS et un symptôme d’arthrite appelé synovite. La membrane synoviale est le tissu conjonctif qui tapisse les articulations comme les genoux ou les poignets, et la synovite est le symptôme d’une irritation et d’une inflammation de cette membrane.
Selon Luitjens :
La synovite joue un rôle de médiateur dans le développement et la progression de l’arthrose et pourrait constituer une cible thérapeutique. Par conséquent, l’objectif de notre étude était d’analyser si le traitement AINS influence le développement ou la progression de la synovite et d’examiner si les biomarqueurs d’imagerie du cartilage, qui reflètent les changements dans l’arthrose, sont impactés par le traitement AINS.
Les chercheurs ont recruté plus de 1 000 sujets souffrant d’arthrose modérée à sévère du genou. Environ un quart de la cohorte a reçu un traitement AINS soutenu pendant plus d’un an, tandis que les autres participants n’étaient pas traités avec des analgésiques courants. Chaque participant a subi une IRM du genou au début de l’étude, puis à nouveau quatre ans plus tard.
En évaluant une variété de caractéristiques biologiques ou biomarqueurs par IRM de la synovite, les chercheurs n’ont constaté aucun avantage à long terme de l’utilisation des AINS sur la période d’étude de quatre ans. En fait, les marqueurs de l’inflammation articulaire étaient, contre toute attente, plus mauvais dans le groupe AINS à la fin de l’étude, par rapport aux personnes ne prenant pas d’anti-inflammatoires.
Selon Luitjens :
Dans ce grand groupe de participants, nous avons pu montrer qu’il n’y avait pas de mécanismes protecteurs des AINS pour réduire l’inflammation ou ralentir la progression de l’arthrose de l’articulation du genou. L’utilisation des AINS pour leur fonction anti-inflammatoire a été fréquemment propagée chez les patients atteints d’arthrose ces dernières années et devrait être revue, car un impact positif sur l’inflammation articulaire n’a pas pu être démontré.
Luitjens se garde bien de suggérer que les AINS contribuent directement à l’aggravation de la synovite au fil du temps. Selon elle, il est possible que les effets anti-inflammatoires de ces médicaments n’aggravent pas directement l’affection, mais que les personnes qui prennent ces analgésiques bougent simplement plus et accélèrent la progression de leur maladie.
Selon Luitjens :
… les patients atteints de synovite et prenants des médicaments antidouleur peuvent être physiquement plus actifs en raison du soulagement de la douleur, ce qui pourrait potentiellement conduire à une aggravation de la synovite, bien que nous ayons ajusté l’activité physique dans notre modèle.
En fin de compte, les résultats de cette étude préliminaire (qui doit encore faire l’objet d’un examen par les pairs et être publiée dans une revue scientifique) laissent les cliniciens et les patients atteints d’arthrite dans une situation délicate. Les AINS sont des agents antidouleur courants pour les patients souffrant d’arthrose, et rien n’indique qu’ils doivent arrêter de prendre ces médicaments pour soulager la douleur aiguë. Cependant, selon Luitjens, l’utilisation à long terme des AINS comme moyen de réduire la synovite et de ralentir la progression de l’arthrose est remise en question après ces résultats.
La recherche présentées lors du dernier congrès annuel de la Radiological Society of North America et décrite sur leur site : NSAIDs May Worsen Arthritis Inflammation.