Un chanoine respecté et un mystérieux cavalier identifiés dans les sarcophages de la Cathédrale Notre-Dame de Paris
L‘incendie qui a failli détruire la cathédrale Notre-Dame de Paris en 2019 a conduit à la découverte de deux mystérieux cercueils en plomb cachés sous son sol.
Image d’entête : ouverture des sarcophages du laboratoire de médecine légale de Toulouse. (DR UT3)
Les sarcophages ont été découverts plus tôt cette année lors d’une fouille de l’Inrap, l’Institut national français de recherche archéologiques préventives, mais ce n’est que récemment que l’on a annoncé ce qui se trouvait à l’intérieur.
En mars 2022 :
Des cendres et des décombres, l’équipe a maintenant fait apparaître deux corps, l’un est un jeune noble, et l’autre, un prêtre de renom.
Une plaque en laiton apposée sur le cercueil du prêtre confirme que le corps appartient à un ancien chef religieux de Notre-Dame, nommé Antoine de la Porte, mort en 1710 à l’âge de 83 ans. Parce que de la Porte a contribué au réaménagement de la célèbre cathédrale, il était une figure respectée à son époque. Il y a même une peinture de lui accrochée au Louvre.
La messe du chanoine Antoine de La Porte, vers 1701, Jean Jouvenet. (World History Archive)
Le propriétaire de l’autre corps demeure un mystère. L’homme sans nom semble être mort entre 25 et 40 ans, et il était manifestement important vu sa sépulture proéminente. Ses ossements témoignent d’une vie passée à cheval, c’est pourquoi les chercheurs l’ont surnommé « Le Cavalier ».
Ouverture du sarcophage de Notre-Dame révélant un chevalier au crâne allongé. Les crânes allongés étaient caractéristiques de la culture Paracas. (Didier Descouens)
Eric Crubézy, anthropologue biologique à l’Université de Toulouse III en France, était présent pour superviser l’ouverture des cercueils. Selon lui, le corps du Cavalier était en mauvais état général. Il avait perdu la plupart de ses dents et ses os présentaient des signes de blessure. La façon dont son crâne avait été scié et sa poitrine ouverte pour être embaumée était apparemment une pratique courante dans l’enterrement de la noblesse.
Certains aspects du squelette de l’homme ont conduit Crubézy à soupçonner qu’il aurait pu mourir d’une méningite chronique, provoquée par la tuberculose, « Il aurait eu une fin de vie difficile ».
Ouverture des sarcophages du laboratoire de médecine légale de Toulouse. (DR UT3)
Dans la mort, son corps s’est presque moulé dans le cercueil. Il ne reste aucun tissu organique. Il est seulement saupoudré des restes de feuilles et de fleurs avec lesquelles il a été enterré. En comparaison, de la Porte avait l’air beaucoup plus en forme à sa mort. Même à l’âge avancé de 83 ans, les dents du grand prêtre semblent avoir été en excellent état.
Le seul véritable signe de maladie qui ressortait sur le corps du vieil homme était son gros orteil. Selon Crubézy, il semblait souffrir de goutte. Il s’agit d’une maladie arthritique souvent associée aux membres de la famille royale qui abusent de la viande, des fruits de mer ou de l’alcool.
Les chercheurs de l’Inrap prévoient d’analyser plus avant les deux corps afin de mieux cerner qui étaient ces hommes et comment ils vivaient il y a si longtemps. Mais aussi intéressants que ces humains puissent être pour les scientifiques et les historiens, en France, leur droit en tant que personne passe avant tout. Selon la loi française, les corps trouvés dans des cercueils ne sont pas des objets archéologiques. Ils sont des restes humains et doivent être traités avec respect. L’équipe de l’Inrap entend respecter ces règles, et lorsque le travail minutieux sur les corps sera terminé, ils reposeront à nouveau dans un endroit paisible.
Les recherches présentées sur le site de l’Université Toulouse III- Paul Sabatier : Fouille en laboratoire des deux sarcophages de Notre-Dame de Paris et sur nle site de l’Inrap : Fouille en laboratoire des deux sarcophages de Notre-Dame de Paris.