La même méthode que le vaccin COVID, mais pour en finir avec l’allergie aux arachides
Les cacahuètes sont des aliments appétissants, mais elles peuvent aussi déclencher de graves réactions allergiques chez certaines personnes. En France, 1 à 2% des adultes et 3 à 6% des enfants sont allergiques aux arachides. Si certains n’ont que des réactions légères, d’autres peuvent mettre leur vie en danger en provoquant une anaphylaxie, une réaction d’hypersensibilité aiguë qui doit être traitée immédiatement.
Il n’existe qu’un seul traitement approuvé contre les allergies, mais il met des mois à agir, doit être pris à vie et n’empêche pas vraiment les patients d’avoir des réactions allergiques. À la recherche d’autres solutions, les chercheurs ont maintenant utilisé l’ARNm (le type de molécule utilisé dans les vaccins COVID-19) pour mettre au point un traitement qui pourrait même inverser les signes d’une allergie.
Image d’entête : représentation de la nanoparticule développée par les chercheurs de l’université de Californie à Los Angeles et qui contient à sa surface des sucres qui ciblent des cellules spécifiques du foie (formes bleu foncé et rose) et une charge utile d’ARNm qui code pour un fragment de protéine spécifique (rouge). (UCLA)
Selon André Nel, coauteur correspondant de cette étude :
Pour autant que nous le sachions, l’ARNm n’a jamais été utilisé pour une maladie allergique. Nous avons montré que notre plateforme pouvait calmer les allergies à l’arachide et nous pensons qu’elle pourrait faire de même pour d’autres allergènes, dans les aliments et les médicaments, ainsi que pour les maladies auto-immunes.
Dans le cadre de précédentes études, les chercheurs de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) ont identifié un fragment d’une protéine d’arachide (l’épitope) qui atténuait les allergies à l’arachide chez les souris lorsqu’il était administré au foie par l’intermédiaire d’une nanoparticule. Ce phénomène est dû aux cellules présentatrices d’antigènes du foie, qui entraînent le système immunitaire à tolérer les protéines extérieures.
Selon Nel, qui travaille au Centre pour les implications environnementales des nanotechnologies (CEIN) de l’UCLA :
Si vous avez la chance de choisir le bon épitope, il existe un mécanisme immunitaire qui freine les réactions à tous les autres fragments. De cette façon, on pourrait s’occuper de tout un ensemble d’épitopes qui jouent un rôle dans la maladie.
Pour leur nouvelle étude, les chercheurs ont codé l’ARNm de manière à indiquer aux cellules comment créer l’épitope de l’allergie à l’arachide, de la même manière que les vaccins ARNm pour le SRAS-CoV-2 codent la protéine de la pointe du virus (la partie qui se lie à nos cellules). Ils ont ensuite placé l’ARNm dans la nanoparticule et ajouté une molécule de sucre à la surface pour l’aider à se lier au foie.
Les chercheurs ont testé le traitement en appliquant deux doses à des souris à une semaine d’intervalle. À titre de comparaison, d’autres groupes de souris ont reçu soit aucun traitement, soit le traitement sans la molécule de sucre, soit la nanoparticule avec de l’ARNm qui ne codait rien. Une semaine plus tard, les chercheurs ont administré aux souris un extrait de protéine d’arachide susceptible de provoquer des allergies.
Le groupe ayant reçu le traitement à base de nanoparticules de sucre a eu la réaction la moins sévère, ce qui suggère que la thérapie pourrait prévenir le développement d’une allergie sévère à l’arachide, selon les chercheurs. Ils ont ensuite réalisé l’expérience une deuxième fois, mais en administrant les allergènes avant le traitement, et ils ont également constaté des symptômes bénins.
Les chercheurs pensent que le traitement de l’allergie à l’arachide pourrait faire l’objet d’essais cliniques chez l’humain dans environ 3 ans. Mais ce n’est pas tout. Ils pensent que le même système peut être utilisé pour prévenir ou traiter d’autres allergies et même aider les personnes à vaincre le diabète de type 1, ce qui est actuellement étudié par d’autres chercheurs.
L’étude publiée dans ACS Nano : Use of a Liver-Targeting Immune-Tolerogenic mRNA Lipid Nanoparticle Platform to Treat Peanut-Induced Anaphylaxis by Single- and Multiple-Epitope Nucleotide Sequence Delivery et présentée sur le site de l’Université de Californie à Los Angeles : Nanoparticle with mRNA appears to prevent, treat peanut allergies in mice.