Les niveaux d’eau chutent dans la moitié des plus grands lacs de la planète
Les niveaux d’eau diminuent dans plus de la moitié des plus grands lacs du monde, selon l’analyse de près de trois décennies de données satellitaires.
Image d’entête : vue vers le nord-est de la Vallée impériale et de la mer de Salton, dans le sud de la Californie, photographiée depuis la sonde spatiale Gemini-5 en orbite autour de la Terre. (NASA)
Le changement climatique et la consommation humaine non durable sont en cause, affirment des chercheurs en climatologie des universités de Virginie et du Colorado à Boulder aux États-Unis.
L’évaluation publiée (lien plus bas) est la première étude complète des tendances mondiales et des facteurs de stockage de l’eau dans les lacs, affirment ses auteurs.
Selon Balaji Rajagopalan, coauteur de l’étude et professeur d’ingénierie à l’université du Colorado à Boulder :
Nous disposons d’informations assez fiables sur des lacs emblématiques tels que la mer Caspienne, la mer d’Aral et la mer de Salton, mais si l’on veut s’exprimer à l’échelle mondiale, il faut disposer d’estimations fiables du niveau et du volume des lacs.
L’analyse s’appuie sur des données satellitaires concernant 1 972 des plus grands lacs du monde entre 1992 et 2020, ainsi que sur les données disponibles concernant les niveaux d’eau sur le long terme, l’utilisation de l’eau et la modélisation du climat.
Les lacs étudiés représentent 95 % de l’eau stockée dans les lacs de la planète et les auteurs estiment qu’environ 2 milliards de personnes vivent dans des zones touchées par l’assèchement des lacs.
L’évaluation a révélé que 53 % des lacs de la planète ont connu une diminution de leur réserve d’eau et que ceux situés dans les régions humides et sèches du monde perdent du volume.
Près de deux tiers des grands réservoirs d’eau ont subi des pertes d’eau significatives, la sédimentation étant le principal facteur.
Dans environ un quart des lacs évalués, les niveaux d’eau ont augmenté. Ces lacs étaient principalement situés dans des zones sous-peuplées de l’intérieur du plateau tibétain, dans le nord des grandes plaines d’Amérique du Nord et dans des régions dotées de nouveaux réservoirs, comme les bassins des fleuves Yangtze, Mékong et Nil.
Les auteurs affirment que leurs conclusions peuvent aider les gestionnaires de l’eau et les communautés à mieux gérer et protéger les ressources en eau locales.
Ils ont mis à dispositions une carte interactive (image et lien ci-dessous) dans laquelle le rose représente les réservoirs qui s’assèchent ; le rouge foncé, les lacs naturels qui s’assèchent. Le bleu foncé indique que les lacs naturels augmentent leur capacité de stockage d’eau, et le bleu clair que les réservoirs existants font de même. Les points violets indiquent les nouveaux réservoirs qui se remplissent. Accessible sur le site du CIRES de l’université du Colorado à Boulder : Global Lake Water Storage Trends and Drivers.
(Yao et col., Science)
L’étude publiée dans Science : Satellites reveal widespread decline in global lake water storage et présentée sur le site de l’Université du Colorado à Boulder : Satellites reveal widespread decline in global lake water storage.