La facture climatique des sociétés de combustibles fossiles devrait être assez salée
Une nouvelle étude suggère que les entreprises de combustibles fossiles devraient également payer pour les effets de la crise climatique et la facture est astronomique. Des chercheurs ont examiné les données sur les émissions de gaz à effet de serre des 21 entreprises les plus polluantes et ils ont constaté qu’elles devaient 209 milliards de dollars (environ 177,65 milliards d’euros) de réparations annuelles pour les effets climatiques prévus.
Richard Hedde, directeur du Climate Accountability Institute, un groupe de recherche américain axé sur les émissions des entreprises de combustibles fossiles, et Marco Grasso, de l’université de Milan-Bicocca, se sont appuyés sur une enquête menée auprès de plus de 700 économistes pour estimer les futurs dommages économiques de la crise climatique, un chiffre qui atteint 99 000 milliards de dollars (environ 84 150 milliards d’euros) entre 2025 et 2050.
Sur ce total, les chercheurs attribuent 23 200 milliards de dollars (environ 19 720 milliards d’euros) par an à l’ensemble de l’industrie du charbon, du pétrole et du gaz. Ils se sont ensuite concentrés sur les 21 plus grandes entreprises de combustibles fossiles et ils ont estimé qu’elles devaient collectivement 209 milliards de dollars (environ 177,65 milliards d’euros) par an. Le montant le plus élevé correspond à Saudi Aramco, la compagnie pétrolière saoudienne, responsable de 1 100 milliards de dollars au total, soit 42,7 milliards de dollars (environ 36,395 milliards d’euros) par an.
D’autres grands acteurs suivent dans le classement, comme l’entreprise publique russe Gazprom, ExxonMobil, Shell, BP et Chevron. L’étude n’a pas pris en compte quatre entreprises publiques de pays à faible revenu (Sonatrach en Algérie, National Iranian Oil, Coal India et PDVSA au Venezuela) et elle a réduit de moitié la responsabilité des entreprises de six pays à revenu intermédiaire.
A partir de l’étude : réparations annuelles moyennes des entreprises de combustibles fossiles, 2025-2050 ( en milliards de dollars, courants). (Marco Grasso et Richard Heede/ One Earth)
Selon les chercheurs dans leur étude (lien plus bas) :
Les producteurs de combustibles fossiles ont contribué aux dommages causés au climat par leurs activités et leurs émissions de produits et ils ont un passé documenté de déni du climat. Ils sont complices du ralentissement ou de l’échec de la législation sur le climat et doivent être tenus pour responsables des dommages causés au climat en payant des réparations.
Pour les chercheurs, les entreprises de combustibles fossiles sont non seulement responsables de la production et de la vente de produits qui ont provoqué la crise climatique, mais pour aggraver les choses, les dirigeants de ces entreprises ont intentionnellement retardé les efforts visant à éliminer progressivement les combustibles fossiles.
Ils ont réussi à façonner le discours public sur le changement climatique par la désinformation.
L’étude s’est penchée sur les émissions à partir de 1998, car c’est à ce moment-là que « les allégations d’incertitude scientifique concernant les conséquences des émissions de carbone sont devenues insoutenables », selon eux, et que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé. Les chiffres ne sont que la partie émergée de l’iceberg, car ils ne tiennent pas compte des aspects du bien-être qui ne sont pas pris en compte par le PIB.
Les chiffres peuvent sembler élevés, mais les entreprises en question peuvent se le permettre. Saudi Aramco devrait 43 milliards de dollars (environ 36,55 milliards d’euros) par an, ce qui équivaut à un quart de ses bénéfices de l’année dernière. ExxonMobil devrait 18 milliards de dollars, soit moins de la moitié de ses bénéfices de l’année dernière, tandis que BP devrait 30,8 milliards de dollars, soit également moins de la moitié de ses bénéfices en 2022.
Toujours selon les chercheurs :
Le paiement de réparations peut aider à remédier aux défaillances du marché, telles que la compétitivité réduite des énergies renouvelables par rapport aux combustibles fossiles fortement subventionnés, l’augmentation du coût des produits des entreprises, la restriction de l’expansion de leurs activités liées au carbone, l’incitation à laisser les réserves dans le sol et la difficulté accrue de capitaliser et d’assurer de nouveaux projets liés au carbone.
Ce n’est pas la première fois que l’on demande aux entreprises de combustibles fossiles de payer pour les dommages climatiques. Le Premier ministre de la Barbade, Mia Mottley, a proposé une taxe sur la production de pétrole, de charbon et de gaz qui servirait à créer un fonds destiné à aider les pays en développement à se remettre de la crise climatique. Des villes, des États et des pays ont également intenté des actions en justice contre des entreprises de combustibles fossiles.
L’étude publiée dans la revue One Earth : Time to pay the piper: Fossil fuel companies’ reparations for climate damages et annoncée sur le site du Climate Accountability Institute (PDF) : World’s top 21 fossil fuel firms found responsible for at least $209bn in annual climate change damages.