Le plus ancien curry connu a été découvert en Asie du Sud-Est
Les traces de ce que l’on pense être le plus ancien mélange d’épices découvert en Asie du Sud-Est ont été retrouvées sur un site au Viêt Nam.
Image d’entête, à partir de l’étude : la dalle de broyage à pied du site archéologique d’Oc Eo au Viêt Nam (échelle – 10 cm). (Wang et col./ Science Advances)
Le commerce des épices a joué un rôle essentiel dans l’histoire du monde. Toutefois, en raison des mauvaises conditions de conservation, les vestiges “archéobotaniques” d’épices sont restés limités jusqu’à présent. Une nouvelle analyse de traces microscopiques de végétaux récupérés à la surface d’outils en pierre meulière sur le site archéologique d’Óc Eo, dans le sud du Viêt Nam, a permis d’identifier des épices culinaires comme le curcuma, le gingembre, le Curcuma rond, le galanga camphré, le galanga, le clou de girofle, la noix de muscade et la cannelle. Aujourd’hui, ces épices sont des ingrédients indispensables à la préparation du curry en Asie du Sud.
Selon Weiwei Wang, de l’Université nationale australienne première auteure de l’étude (lien plus bas) :
Cette découverte apporte un éclairage nouveau sur les réseaux commerciaux de l’époque, ainsi que sur le rôle des épices dans la vie des humains. Notre étude suggère que les currys ont très probablement été introduits en Asie du Sud-Est par des migrants au cours de la période des premiers contacts commerciaux via l’océan Indien. Étant donné que ces épices provenaient de différents endroits, il est clair que les gens entreprenaient des voyages de longue distance à des fins commerciales.
Les épices étaient des produits très convoités par les anciennes civilisations.
Wang ajoute :
Le commerce mondial des épices a relié les cultures et les économies d’Asie, d’Afrique et d’Europe depuis l’époque classique. Nous savons maintenant que la ville portuaire d’Óc Eo a joué un rôle important dans ce commerce en tant que carrefour culturel et commercial.
A partir de l’étude : les réseaux commerciaux maritimes potentiels, le royaume de Funan et l’emplacement d’Oc Eo. Les réseaux commerciaux maritimes et la Route de la Soie reliaient le continent eurasien et les anciennes civilisations du monde depuis au moins 2000 ans. L’Asie du Sud-Est, comme l’entrepôt commercial d’Oc Eo, se trouve au carrefour des anciens réseaux commerciaux maritimes. (Wang et col./ Science Advances)
Outre les anciens ingrédients du curry, les chercheurs ont découvert un nombre important de graines bien conservées.
Selon le Dr Hsiao-chun Hung, également de l’Université nationale australienne :
La préservation des restes de plantes à Óc Eo est exceptionnelle, les graines étaient si fraîches qu’il était difficile de croire qu’elles avaient 2 000 ans. Nous pensons qu’une analyse plus poussée pourrait permettre d’identifier d’autres épices et peut-être même de découvrir des espèces végétales uniques, ce qui nous permettrait de mieux comprendre l’histoire de la région.
Et il semble que la recette du curry n’ait pas beaucoup changé au cours des millénaires qui se sont écoulés.
A partir de l’étude : cette photographie, présentée à l’Exposition universelle de Vienne en 1873, montre à gauche une femme écrasant des épices avec un rouleau de pierre sur une plaque de broyage semblable à celles d’Oc Eo (mais sans pieds sculptés séparément). (Wang et col./ Science Advances)
Selon le Dr Khanh Trung Kien Nguyen, de l’Institut du Sud pour les sciences sociales au Viêt Nam :
Les épices utilisées aujourd’hui n’ont pas beaucoup changé par rapport à la période Óc Eo. Les principaux composants sont toujours là, comme le curcuma, les clous de girofle et la cannelle.
La définition du « curry » a été altérée par les commerçants européens du XVIIe siècle qui, perplexes face aux plats épicés et savoureux du sous-continent indien et d’autres régions d’Asie, les ont tous regroupés sous un même terme. Le mot provient probablement du mot tamoul « kari », qui signifie sauce.
Des archéologues ont utilisé l’analyse de l’amidon pour recréer en 2010 le plus ancien curry du monde, un plat à base d’aubergine, de gingembre et de curcuma. L’analyse moléculaire portait sur des pots et d’autres ustensiles découverts sur le site archéologique de Farmana, près de New Delhi, dans le nord de l’Inde, et datant de 4 500 ans.
L’étude publiée dans Science Advances : Earliest curry in Southeast Asia and the global spice trade 2000 years ago, présentée sur le site de l’Université nationale australienne : Evidence of 2,000-year-old curry found in Southeast Asia et les chercherus présentent leurs découvertes dans un article de The Conversation : Researchers find evidence of a 2,000-year-old curry, the oldest ever found in Southeast Asia.