Pour la première fois, des insectes femelles ont été génétiquement conçus pour produire des "naissances vierges"
Pour la première fois, des scientifiques ont utilisé la manipulation génétique pour déclencher une « naissance vierge » chez des animaux femelles qui ont normalement besoin d’un partenaire mâle pour se reproduire.
Il a été découvert que cette remarquable caractéristique était transmise à toutes les descendantes de ces mouches. Cette découverte pourrait aider les scientifiques à trouver de nouveaux moyens de protéger les cultures contre les insectes nuisibles qui sont de plus en plus capables de se reproduire sans partenaire.
Pour parvenir à cette avancée, les chercheurs de l’université de Cambridge, au Royaume-Uni, ont travaillé avec plus de 220 000 mouches des fruits pendant 6 ans. Pour trouver les gènes responsables de la naissance virginale chez les insectes, l’équipe a examiné deux souches d’une autre espèce de drosophile, la Drosophila mercatorum. L’une de ces souches ne peut se reproduire que sexuellement, tandis que l’autre est capable de se reproduire à l’état vierge, ce que l’on appelle la parthénogenèse. En comparant le code génétique des deux souches, les scientifiques ont pu déterminer les gènes impliqués dans les naissances virginales.
Drosophila mercatorum. (Wikimedia)
Ils ont ensuite activé ou désactivé les gènes correspondants pour les adapter aux mouches Drosophila melanogaster, et ils ont obtenu de bons résultats. Les mouches concernées ont soudainement pu se reproduire de manière asexuée, bien qu’elles n’aient pu avoir que des femelles qui étaient presque des clones de leurs mères. Dans cette étude, les mouches ont attendu environ 40 jours, ce qui représente à peu près la moitié de leur vie, pour trouver un mâle et, lorsqu’il n’y en avait pas, elles se sont reproduites de manière asexuée.
Il est intéressant de noter que toutes les filles des insectes génétiquement modifiés ont également conservé la capacité d’avoir des naissances vierges, bien que seulement 1 à 2 % d’entre elles aient adopté ce comportement, et seulement en l’absence de mâles. Autrement, elles se sont accouplées et ont donné naissance normalement.
Selon le Dr Alexis Sperling, chercheur à l’université de Cambridge et premier auteur de l’étude :
Nous sommes les premiers à montrer qu’il est possible de concevoir des naissances virginales chez un animal. Il était passionnant de voir une mouche vierge produire un embryon capable de se développer jusqu’à l’âge adulte, puis de répéter le processus.
Les chercheurs précisent qu’il est extrêmement rare de voir des naissances vierges chez des animaux capables de se reproduire sexuellement, mais que ce phénomène est parfois observé chez des femelles d’animaux de zoo qui ont été isolées pendant de longues périodes. Toutefois, lorsque certaines espèces sont soumises à des pressions pour survivre, elles peuvent évoluer vers un mode de reproduction asexué. En fait, M. Sparing prévoit d’utiliser ces travaux pour développer la recherche sur les raisons pour lesquelles les naissances vierges chez les insectes, en particulier chez les espèces nuisibles, commencent à augmenter dans le monde entier.
Pour Sperling :
Si la pression de sélection en faveur des naissances vierges chez les insectes nuisibles se maintient, ce qui semble être le cas, ils finiront par se reproduire uniquement de cette manière. Cela pourrait devenir un véritable problème pour l’agriculture, car les femelles ne produisent que des femelles, ce qui double leur capacité à se propager.
Sperling et son équipe soulignent également que si leurs recherches constituent une première, elles ne sont pas nécessairement transposables à d’autres animaux. En effet, la Drosophila melanogaster est utilisée dans la recherche depuis plus d’un siècle et son code génétique est extrêmement bien étudié.
L’étude publiée dans Current Biology : A genetic basis for facultative parthenogenesis in Drosophila et présentée sur le site de l’Université de Cambridge : Scientists discover secret of virgin birth, and switch on the ability in female flies.
