Les changements climatiques liés à l’activité humaine pourraient entraîner la mort d’un milliard de personnes
Aujourd’hui, les combustibles fossiles que l’humanité brûle seront demain une sentence de mort pour de nombreuses vies.
Une étude récente de 180 publications sur le taux de mortalité humaine lié au changement climatique a abouti à un chiffre très inquiétant. Au cours du siècle à venir, des estimations prudentes suggèrent qu’un milliard de personnes pourraient mourir des suites de catastrophes climatiques, voire plus.
Comme la plupart des prévisions pour l’avenir, celle-ci repose sur plusieurs hypothèses. L’une d’entre elles est une règle empirique appelée « règle des 1000 tonnes« . Selon cette règle, chaque millier de tonnes de carbone que l’humanité brûle condamne indirectement une personne future à la mort.
Si le monde atteint des températures supérieures de 2 °C à la température moyenne de l’ère préindustrielle, ce qui est en bonne voie pour les décennies à venir, cela fait beaucoup de vies perdues. Pour chaque degré de réchauffement de 0,1 °C à partir d’aujourd’hui, le monde pourrait subir environ 100 millions de décès.
En août 2021, l’UNICEF a averti que plus d’un milliard d’enfants étaient extrêmement vulnérables aux effets du changement climatique.
A partir de l’étude : carte de la gravité de l’indice de risque climatique pour les enfants (CCRI pour Children’s Climate Risk Index). (Joshua M. Pearce et Richard Parncutt/ Energies)
Selon Joshua Pierce, spécialiste de l’énergie à l’université de Western Ontario, au Canada :
Si l’on prend au sérieux le consensus scientifique sur la règle des 1 000 tonnes et que l’on fait les comptes, le réchauffement climatique anthropique équivaut à un milliard de morts prématurées au cours du siècle prochain. Il est évident que nous devons agir. Et nous devons agir vite.
Le taux de mortalité humaine dû au changement climatique est extrêmement difficile à calculer, même à l’heure actuelle. Les Nations unies signalent que, chaque année, des facteurs environnementaux entraînent la mort d’environ 13 millions de personnes, sans que l’on sache exactement combien de ces décès sont directement ou indirectement dus au changement climatique. Certains experts affirment que les températures anormales pourraient déjà, à elles seules, coûter la vie à 5 millions de personnes par an. D’autres estimations sont beaucoup plus basses.
Le problème réside en partie dans la multiplicité des effets du changement climatique à l’échelle mondiale. Les mauvaises récoltes, les sécheresses, les inondations, les conditions météorologiques extrêmes, les feux de forêt et la montée des eaux peuvent tous avoir un impact sur la vie humaine de manière subtile et complexe.
Prédire le nombre de victimes de ces catastrophes climatiques est un travail intrinsèquement imparfait, mais Pierce et son coauteur, Richard Parncutt, de l’université de Graz en Autriche, pensent qu’il vaut la peine de le faire. Selon eux, mesurer les émissions en termes de vies humaines rend les chiffres plus faciles à assimiler pour le public, tout en soulignant à quel point notre inaction actuelle est inacceptable.
Selon Pierce :
Le réchauffement climatique est une question de vie ou de mort pour un milliard de personnes. À mesure que les prévisions des modèles climatiques se précisent, le mal que nous faisons aux enfants et aux générations futures peut de plus en plus être attribué à nos actions.
Pour souligner ce point, Pierce et Parncutt ont appliqué la règle des 1 000 tonnes à la mine de charbon Carmichael en Australie, qui est en passe de devenir la plus grande mine de charbon existante. Si la totalité des réserves de cette mine de charbon est brûlée, les auteurs affirment que cela pourrait entraîner la mort prématurée d’environ 3 millions de personnes à l’avenir.
Selon Pierce et Parncutt :
Beaucoup de ceux qui mourront sont déjà des enfants du Sud, la combustion du charbon de Carmichael causera leur mort future avec une forte probabilité.
Techniquement, la règle des 1 000 tonnes ne tient pas compte des éventuelles boucles de rétroaction climatique, qui pourraient aggraver et accélérer les retombées environnementales des émissions de carbone. Cette règle est en fait « un ordre de grandeur de la meilleure estimation », ce qui signifie qu’il s’agit plutôt d’une fourchette, quelque part entre 0,1 et 10 décès pour 1 000 tonnes de carbone brûlées.Cela laisse beaucoup de place à des scénarios encore plus terribles que celui décrit ici.
Selon Pierce :
Lorsque les climatologues exécutent leurs modèles et en rendent compte, tout le monde penche pour la prudence, car personne ne veut passer pour le docteur Doom. C’est ce que nous avons fait ici aussi et les résultats ne sont toujours pas bons.
C’est une dure réalité, mais c’est une réalité que le public et les responsables politiques doivent regarder en face.
L’étude publiée dans Energies : Quantifying Global Greenhouse Gas Emissions in Human Deaths to Guide Energy Policy et présentée sur le site de l’Université Western Ontario : Climate-changing human activity may cause 1 billion deaths.