Les premiers Européens étaient d’efficaces charognards
D‘après une modélisation réalisée par des chercheurs européens, nos ancêtres humains auraient pu tenir tête à de grands charognards, notamment des hyènes géantes.
Image d’entête : représentation d’hominiens en compétition pour le partage d’une charogne avec une hyène. (Jesus Rodríguez/ @trophic)
À la fin du Pléistocène inférieur (il y a environ 1,2 à 0,8 million d’années), les Homininis, le groupe qui comprend les humains et nos parents disparus, auraient dû rivaliser avec d’autres charognards pour s’emparer des carcasses abandonnées par les félins à dents de sabre et les jaguars.
Cette récente étude (lien plus bas), qui modélise la dynamique des populations, suggère que les groupes d’Homininis de taille moyenne pourraient avoir été les plus efficaces parmi les charognards.
Une simulation informatique a été réalisée pour tester la concurrence pour les charognes entre les homininis et les hyènes géantes (Pachycrocuta brevirostris) dans la péninsule ibérique il y a un million d’années. Les chercheurs ont également utilisé leur modèle pour déterminer si les grands prédateurs du sommet de la chaîne, tels que les félins à dents de sabre (Homotherium latidens et Megantereon whitei) et les jaguars européens aujourd’hui éteints (Panthera gombaszoegensis, deux fois plus gros que le jaguar moderne), auraient laissé suffisamment de chair pour soutenir les populations de hyènes et d’homininis. Il semble que cela dépende de la taille du groupe de ces derniers qui se disputent un repas déjà prêt.
Modèle de Megantereon au Musée d’histoire naturelle de Bâle. (Wikimedia)
Les viandes récupérées auraient été une précieuse source de protéines et de graisses, en particulier en hiver, lorsque les ressources végétales étaient rares.
Les chercheurs ont constaté que des équipes de cinq individus ou plus étaient capables de chasser les hyènes géantes. Ils ont également constaté que les populations d’homininis dépassaient celles des hyènes géantes à la fin de la simulation. Toutefois, si les homininis se livraient au charognage en très petits groupes, leur population se maintenait jusqu’à la fin de la simulation uniquement lorsque la densité de prédateurs était élevée, ce qui signifiait qu’il y avait davantage d’occasions de se livrer au charognage.
Selon la simulation, la taille optimale d’un groupe d’homininis charognards pourrait se situer entre 10 et 13. Au-delà de 10, les anciens humains étaient capables de chasser même les félins à dents de sabre et les jaguars. Mais au-delà de 13, les homininis devaient disposer de davantage de carcasses pour maintenir leur nombre et leurs dépenses énergétiques.
Selon les chercheurs :
Les résultats ont montré que le maintien d’une taille de groupe optimale peut être un facteur important de réussite dans la compétition pour les charognes sous la forme d’une compétition d’interférence. Par conséquent, une taille de groupe optimale protège contre la prédation et améliore l’efficacité des charognards.
Les chercheurs notent toutefois que ces chiffres sont basés sur des valeurs arbitrairement attribuées à la taille du groupe d’homininis nécessaire pour faire fuir les hyènes d’une carcasse.
Bien qu’elle repose sur des hypothèses, cette recherche donne un aperçu de ce qu’il fallait à nos premiers parents humains pour survivre au début du Pléistocène supérieur. Il fallait un certain travail d’équipe pour décourager les autres charognards de s’approcher des restes afin que les anciens homininis puissent se rassasier.
L’étude publiée dans Scientific Reports : Computer simulation of scavenging by hominins and giant hyenas in the late Early Pleistocene et présentée sur le site du National Research Center On Human Evolution (CENIEH) : The earliest Europeans were efficient scavengers.
L’étude des régimes alimentaires montre que les ancêtres de l’Homme ont été charognards au stade Australopithèque, puis le régime a évolué vers la consommation de tubercules au stade Erectus. Par ailleurs, les attaches anatomiques montrent que dès le stade Erectus, nos ancêtres ont été capable de jeter des pierres avec précision, donc chasser efficacement les grands prédateurs à partir du moment où ils étaient en groupe.
La simulation est donc très hypothétique (pour ne pas dire ridicule).