Des chercheurs découvrent un surprenant mélange dans les couches de peinture de la Joconde
Vous avez sans doute vu son sourire énigmatique, mais vous êtes-vous déjà interrogé sur les secrets cachés dans les couches de peinture de la Joconde ? Bien qu’il s’agisse du tableau le plus célèbre au monde, nous continuons à apprendre de nouvelles choses sur ce chef-d’œuvre, plus de cinq siècles après que Léonard de Vinci ait donné ses premiers coups de pinceau.
Une nouvelle étude a récemment dévoilé une nouvelle couche de l’histoire de la Joconde, en découvrant que Léonard a beaucoup expérimenté avec ses premières ébauches.
Image d’entête : à partir de l’étude : A) La Joconde de Léonard de Vinci, peinte vers 1503- 1519. B) Zoom de la zone d’échantillonnage, montrant la couche affleurante. L’emplacement exact de l’échantillonnage est indiqué par une flèche rouge. C) Échantillon de peinture avant son enrobage dans de la résine. (V. Gonzalez et col./ American Chemical Society)
Lorsque vous regardez directement les yeux de Mona Lisa, le sourire semble s’estomper. Mais si l’on regarde sous un autre angle, il s’illumine, presque taquin. Les Italiens ont un mot qui explique cette nature ambivalente : sfumato. Il signifie ambigu et laissé à l’imagination. Ce jeu d’ombre et de lumière est la marque d’un véritable génie, qui montre à quel point De Vinci était en avance sur son temps en ce qui concerne ses connaissances de la perception humaine.
Cependant, il semble que Léonard ne savait pas exactement comment les choses allaient se passer lorsqu’il s’est lancé dans ce projet devenu emblématique. À l’aide d’une technologie à rayons X de pointe, des chercheurs français ont examiné la structure atomique d’une infime partie du chef-d’œuvre, si petite qu’elle est presque invisible à l’œil nu. Ils ont découvert la présence d’un composé rare appelé plumbonacrite. Cette découverte confirme non seulement les théories des historiens de l’art, mais met également en évidence le penchant de Léonard pour l’expérimentation.
Pourquoi ce composé est-il si particulier ? La plumbonacrite agit comme une empreinte chimique de la recette de peinture unique de Léonard. Elle suggère que le maître artiste a probablement utilisé de la poudre d’oxyde de plomb pour améliorer la texture et le processus de séchage de sa peinture. Imaginez le maître à l’œuvre, dissolvant cette poudre orange dans des huiles, créant un mélange qui s’écoulait « plus comme du miel », comme le décrit Victor Gonzalez, auteur principal de l’étude et chimiste au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Ce détail complexe en dit long sur la volonté incessante de Léonard d’innover et d’expérimenter. Mais cette révélation ne concerne pas seulement la Joconde. Cette méthode de peinture pourrait avoir été transmise de génération en génération, Rembrandt ayant peut-être adopté une approche similaire au XVIIe siècle.
Pour Victor Gonzalez :
Cela nous apprend également que ces recettes ont été transmises pendant des siècles. C’était une très bonne recette.
En épluchant les couches et en mettant en lumière les techniques cachées de La Joconde, nous nous rappelons que cette peinture emblématique, que l’on croit être une représentation de Lisa Gherardini, recèle encore de nombreux secrets. Comme le dit si bien Gonzalez, « nous ne faisons qu’effleurer la surface ».
L’étude publiée dans le Journal of the American Chemical Society : X-ray and Infrared Microanalyses of Mona Lisa’s Ground Layer and Significance Regarding Leonardo da Vinci’s Palette et présentée sur le site du CNRS : La Joconde fait de l’œil aux chimistes.