Découverte d’une immense et ancienne fortification d’oasis dans le désert d’Arabie
Des archéologues ont découvert une ancienne et imposante fortification entourant l’oasis de Khaybar, dans le désert du nord de l’Arabie saoudite. Il s’agit de l’une des deux plus grandes fortifications d’Arabie saoudite.
Image d’entête : reconstruction numérique du réseau de remparts de la partie nord de l’oasis fortifiée de Khaybar, il y a 4 000 ans. (Khaybar Longue Durée Archaeological Project, M. Bussy & G. Charloux)
Les oasis de la région sont occupées par des populations humaines depuis 4 000 à 5 000 ans. Une oasis est une petite zone de végétation dans le désert. Alimentées par des sources d’eau douce telles que des rivières souterraines et des nappes phréatiques profondes, ces zones peuvent devenir des sanctuaires vivants et luxuriants pour la faune et la flore. Les aquifères et les canaux construits peuvent contribuer à l’irrigation de ces zones, ce qui les rend propices à une installation sur le long terme.
La fortification a été découverte récemment par des scientifiques du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France et de la commission archéologique d’Arabie saoudite, la commission royale pour Al-‘Ula.
A partir de l’étude : localisation de l’oasis fortifiée de Khaybar (cercle rouge et blanc) et d’autres sites majeurs du nord-ouest de l’Arabie. (Khaybar LDAP, G. Charloux/ Journal of Archaeological Science)
Les fortifications de Khaybar s’étendaient autrefois sur 14,5 km et mesuraient entre 1,7 et 2,4 m d’épaisseur, selon des études de terrain et des données de télédétection. Les murs des fortifications devaient mesurer jusqu’à 5 mètres de haut. Elles entouraient un territoire de près de 1 100 hectares. L’équipe de scientifiques estime que les murs de la colonie ont été construits entre 2250 et 1950 avant notre ère, sur la base de la datation au radiocarbone d’échantillons prélevés lors des fouilles.
Aujourd’hui, 4 000 ans plus tard, moins de la moitié de la longueur des murs et 74 bastions (structures en saillie destinées à la défense contre les tirs) ont été préservés.
A partir de l’étude : Vues aériennes du soubassement en pierres sèches du rempart extérieur. (Khaybar LDAP, G. Charloux/ Journal of Archaeological Science)
De nombreuses oasis fortifiées ont été découvertes dans le nord-ouest de l’Arabie et remontent à l’âge du bronze (3300-1200 avant notre ère). Les installations fortifiées sont devenues colossales à cette époque, avec notamment les « mégaforts » européens.
Les déserts arabes abritent certaines des plus anciennes fortifications au monde, notamment la plus grande forteresse de pierre reconnaissable dans le monde, la citadelle d’Alep, en Syrie, qui est habitée depuis 4 500 ans. La plus ancienne forteresse du monde a été révélée à la fin de l’année dernière. Elle date de 8 000 ans et se trouve en Sibérie (lien ci-dessous).
La fortification de l’oasis de Khaybar faisait partie d’un réseau d’oasis fortifiées dans la région. Les raisons de sa construction et la nature de la société qui l’a édifiée restent encore mystérieuses. Mais cette découverte apporte de nouveaux éléments sur l’occupation humaine dans le nord-ouest de l’Arabie et permet de mieux connaître la complexité sociale au cours de la période préislamique.
L’étude publiée dans le Journal of Archaeological Science : The ramparts of Khaybar. Multiproxy investigation for reconstructing a Bronze Age walled oasis in Northwest Arabia et présentée sur le site du CNRS : Découverte d’immenses fortifications datées de 4000 ans dans le nord-ouest de l’Arabie.