Des modèles de tumeurs permettent d’identifier les meilleurs médicaments contre le cancer de l’intestin avant tout traitement
Des chercheurs ont créé des modèles de tumeurs à partir de tissus de patients atteints d’un cancer de l’intestin avancé et ils les ont utilisés pour prédire la réaction de la maladie à des traitements médicamenteux spécifiques, avant même que le traitement ne commence. Avec une précision de 83 %, cette approche novatrice permettrait d’augmenter les chances des patients de recevoir le traitement le plus efficace le plus tôt possible.
Image d’entête : les chercheurs ont testé des médicaments anticancéreux sur des organoïdes formés à partir de cellules cancéreuses de l’intestin humain. Le bleu représente le noyau de chaque cellule, le vert est une protéine qui lie les cellules entre elles et le rouge indique l’orientation des cellules cancéreuses. (WEHI)
Le cancer de l’intestin est la deuxième cause de mortalité liée au cancer dans le monde, malgré un nombre croissant d’options thérapeutiques. S’il est détecté suffisamment tôt, le cancer peut être traité efficacement, mais la difficulté majeure consiste à déterminer comment le patient réagira à ce traitement. Pour la plupart des thérapies, on procède par essais et erreurs, car il n’existe pas de marqueurs permettant de prédire la réponse. En conséquence, les patients peuvent recevoir des médicaments inefficaces, coûteux et toxiques.
Dans le cadre d’une étude inédite, des chercheurs de l’Institut Walter et Eliza Hall (WEHI) de Melbourne, en Australie, ont mis au point une nouvelle méthode permettant de prédire avec précision la manière dont un patient atteint d’un cancer de l’intestin avancé réagira au traitement, avant même qu’il ne le reçoive.
Selon Peter Gibbs, du WEHI et coauteur de l’étude (lien plus bas) :
Chaque fois que l’on donne à un patient un traitement inefficace, on perd deux à trois mois sur quelque chose qui ne marchera pas. La fenêtre pour un traitement réussi est souvent limitée, il est donc vital de choisir les options qui ont le plus de chances de réussir et d’éviter les autres traitements qui ont peu de chances de fonctionner.
Les chercheurs ont créé des “organoïdes tumoraux dérivés de patients” (PDTO pour patient-derived tumor organoids), des organes de la taille d’un grain de sable cultivés à partir des tissus tumoraux d’un patient et reproduisant les caractéristiques de la tumeur d’origine, à partir de 30 patients à un stade avancé du cancer de l’intestin. La sensibilité des PDTO à une série de médicaments anticancéreux a ensuite été testée.
Un chercheur tient un plateau contenant des organoïdes cultivés en laboratoire, qui ont la taille d’un grain de sable. (WEHI)
Selon Oliver Sieber, du WEHI auteur correspondant de l’étude :
Si un médicament n’avait aucun effet sur l’organoïde tumoral, ce traitement n’aurait aucun effet sur le patient, et vice versa. Notre étude a montré que les tests de médicaments sur les organoïdes étaient capables de prédire les réponses au traitement pour les patients de l’étude avec une précision notable de 83 %. Il est important de noter que les tests préalables ont montré les thérapies qui ne fonctionneront pas avec une précision de plus de 90 %.
Les chercheurs ont testé des médicaments qui ne sont pas couramment utilisés pour traiter le cancer de l’intestin. Ils ont découvert que deux organoïdes de patients étaient sensibles à un médicament souvent utilisé dans les cas de cancer du sein et de la vessie.
Toujours selon Sieber :
Non seulement nous avons montré que les tests de médicaments sur organoïdes pouvaient, pour la première fois, prédire les réponses des patients au traitement du cancer de l’intestin, mais nous avons également réussi à trouver une nouvelle option thérapeutique pour les patients participant à notre essai. C’est là toute la puissance de cette incroyable technologie.
Résumé graphique de l’étude. (T. Tan et col./ Cell Reports Medicine)
Les travaux des chercheurs sont en train d’être traduits en un essai clinique qui devrait débuter dans plusieurs hôpitaux de l’État de Victoria, en Australie, dans le courant de l’année.
L’étude publié dans Cell Reports Medicine : Unified framework for patient-derived, tumor-organoid-based predictive testing of standard-of-care therapies in metastatic colorectal cancer et présentée sur le site de l’Institut Walter et Eliza Hall : Lab-grown tumours predict treatment outcomes in landmark study.