Les orques démontrent qu’elles n’ont plus besoin de chasser en groupe pour tuer un grand requin blanc
Des chercheurs ont confirmé qu’une orque avait tué seule un grand requin blanc, avant de s’enfuir avec son foie. L’événement a fait l’objet d’une étude (lien plus bas) qui décrit ce que les auteurs qualifient de « nouvelles tactiques de prédation des orques ».
Les orques (Orcinus orca) sont généralement connues pour chasser en groupe afin d’attraper leurs proies. Des orques ont déjà chassé de grands animaux individuellement, mais jamais de grands requins blancs (Carcharodon carcharias). Selon les chercheurs, ces tactiques de chasse pourraient créer un déséquilibre dans les écosystèmes marins.
Selon le Dr Alison Towner de l’université Rhodes, en Afrique du Sud, et auteur principal de cette étude :
Nous avons été témoins d’un orque, surnommé Starboard, en raison de sa nageoire dorsale affaissée, qui a réussi seul à neutraliser et à consommer un requin blanc en l’espace de deux minutes.
Les chercheurs ont observé, depuis deux navires, Starboard s’attaquer à un jeune grand requin blanc de 2,5 mètres, puis l’ont vu passer devant le bateau en portant à sa bouche le foie du requin, riche en lipides.
A partir de l’étude : localisation de l’observation. (A. Towner et col./ African Journal of Marine Science)
Selon Towner :
Cette observation a révélé des preuves de chasse solitaire par au moins une orque, ce qui remet en question les comportements de chasse coopérative conventionnels connus dans la région. Il s’agit d’un aperçu novateur du comportement prédateur de cette espèce, et nos résultats contribuent de manière significative à la compréhension globale de la dynamique de prédation des orques, améliorant ainsi la connaissance des écosystèmes marins et des relations prédateur-proie.
A partir de l’étude : séquence comportementale de l’orque chassant le grand requin blanc (Christiaan Stopforth et Francesca Romana Romeiro/ SSCSI/ A. Towner et col./ African Journal of Marine Science)
Une autre carcasse de requin s’est échouée sur le rivage à environ 1 km du site de prédation précédent dans la baie de Mossel. Une nécropsie a révélé que, comme d’autres requins victimes d’orques dans la région, le requin blanc avait été déchiré au niveau de la ceinture pectorale et que son foie avait été enlevé. (b) La carcasse du requin blanc présentait des vergetures proéminentes le long des flancs, peut-être induites par la stratégie observée avec Starboard. (A. Towner et col./ African Journal of Marine Science)
Primo Micarelli, coauteur de cette étude à l’université de Sienne, en Italie, a assisté à l’attaque de Starboard depuis l’un des navires :
Au cours de deux décennies de visites annuelles en Afrique du Sud, j’ai observé l’impact profond de ces orques sur la population locale de requins blancs. Voir Starboard transporter le foie d’un requin blanc devant notre navire reste inoubliable. Malgré mon admiration pour ces prédateurs, je suis de plus en plus préoccupé par l’équilibre de l’écologie marine côtière.
En 2022 :
Au cours de la dernière décennie, plusieurs espèces de requins, dont les grands requins blancs, ont été déplacées au large des côtes sud-africaines, et les chercheurs pensent que les orques pourraient en être responsables, ils précisent :
Le déplacement de diverses espèces de requins dû à la présence d’orques pourrait avoir des conséquences sur la libération de mésoprédateurs* et sur les changements trophiques potentiels dans l’écosystème marin.
*mésoprédateur : prédateur occupant un niveau trophique intermédiaire dans une chaîne alimentaire, dont les proies sont généralement de petits animaux.
L’étude publiée dans la revue African Journal of Marine Science : Further insights into killer whales Orcinus orca preying on white sharks Carcharodon carcharias in South Africa.