Quand l’humain a-t-il commencé à élever des poules pour la production d’œufs ?
Alors que certains d’entre nous se demandent « Quel est le premier de l’œuf ou de la poule » (l’œuf est apparu en premier dans l’évolution), une équipe internationale de chercheurs a répondu à une autre question : quand l’humain a-t-il commencé à élever des poules pour la production d’œufs ?
Image d’entête : une poule Gallus gallus (Coq doré), l’ancêtre sauvage de la poule moderne (6 oeufs/an). (JJ Harrison/ Wikimedia)
Dans une nouvelle étude publiée cette semaine (lien plus bas), des scientifiques ont présenté les premières preuves évidentes de l’élevage de poules pour la production d’œufs, datant d’environ 400 ans avant notre ère. Selon eux, c’est le passage d’une ponte saisonnière à une production d’œufs plus prolifique qui a entraîné la dispersion de la poule domestique en Eurasie et en Afrique du Nord-Est.
Selon Robert Spengler, chef du groupe de recherche Domestication et évolution anthropique à l’Institut Max Planck de géoanthropologie, en Allemagne, et chercheur principal de l’étude :
Il s’agit de la première preuve de la disparition de la ponte saisonnière identifiée dans les archives archéologiques. Il s’agit d’un indice important pour mieux comprendre les relations mutualistes entre les humains et les animaux qui ont abouti à la domestication.
L’équipe de chercheurs a collecté des dizaines de milliers de fragments de coquilles d’œufs sur des sites archéologiques situés le long du principal corridor d’Asie centrale de la route de la soie. En utilisant une méthode d’analyse biomoléculaire, la zooarchéologie par spectrométrie de masse (ZooMS), ils ont pu identifier la source des œufs. La ZooMS identifie les espèces animales à partir de restes tels que des os, des dents, de la peau, des bois de cervidés et des œufs grâce à des séquences caractéristiques d’acides aminés dans la protéine collagène. Le ZooMS s’appuie sur des signaux protéiques plutôt que sur l’ADN, ce qui en fait une option plus rapide et plus rentable que l’analyse génétique.
A partir de l’étude : fragments de coquille d’œufs provenant du site de Bash Tepa, représentant l’une des premières preuves de la présence de poules sur la Route de la soie. (Robert Spengler/ Carli Peters et col./ Nature Communications)
Selon le Dr Carli Peters, chercheur à l’Institut Max Planck de géoanthropologie et premier auteur de cette nouvelle étude :
Cette étude met en évidence le potentiel du ZooMS pour mettre en lumière les interactions entre l’homme et l’animal dans le passé.
Les résultats de leur analyse montrent que les poulets ont été largement élevés en Asie centrale entre environ 400 avant notre ère et 1000 après notre ère, et qu’ils ont probablement été dispersés le long de l’ancienne route de la soie. L’abondance des coquilles d’œuf dans les couches de sédiments de chaque site indique également que les oiseaux devaient pondre hors saison et plus fréquemment que leur ancêtre sauvage, le Coq doré, qui ne niche qu’une fois par an et pond généralement six œufs par couvée.
Selon les chercheurs, c’est cette caractéristique de ponte prolifique qui a rendu la poule domestique si attrayante pour les anciennes populations.
L’étude publiée dans Nature Communications : Archaeological and molecular evidence for ancient chickens in Central Asia.