Une précédente étude divisant le Tyrannosaurus Rex en trois espèces différentes serait injustifiée
Le roi des dinosaures pourrait encore conserver sa couronne. Au début de l’année, une étude proposait de diviser l’emblématique Tyrannosaurus rex en trois espèces distinctes, mais une nouvelle analyse indique que les preuves ne sont pas suffisantes pour justifier un bouleversement aussi radical.
Image d’entête : Illustration d’un T. rex en train de se nourrir. (Mark Witton 2022)
Précédemment :
Depuis sa découverte il y a plus d’un siècle, le Tyrannosaurus rex est la seule espèce de son genre. Mais en mars, une équipe de paléontologues a proposé que le T. rex soit en fait l’une des trois espèces de Tyrannosaurus, avec deux nouvelles espèces que les scientifiques ont nommées T. imperator et T. regina.
Leur raisonnement pour cette division était basé sur les différences de caractéristiques physiques entre les spécimens. Certains ont une seule dent incisive fine de chaque côté de l’avant de la mâchoire, tandis que d’autres en ont deux de chaque côté. En examinant le rapport entre la longueur du fémur et sa circonférence, certains squelettes ont des fémurs « robustes », tandis que d’autres sont plus « graciles ». Le regroupement de ces caractéristiques, ainsi que les couches de sédiments dans lesquelles elles ont été trouvées, suggéraient apparemment la présence de trois espèces.
Cependant, d’autres scientifiques n’ont pas tardé à remettre en question la validité de ces résultats, et certains de ces critiques ont maintenant riposté avec leur propre étude. Cette équipe, composée de scientifiques du Musée américain d’histoire naturelle et du Carthage College (Etats-Unis), a conclu qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour faire une affirmation aussi audacieuse.
Dans le cadre de l’exposition temporaire du Musée américain d’histoire naturelle : “T. rex : The Ultimate Predator”, qui a été présentée de 2019 à 2021, les visiteurs ont pu découvrir un modèle grandeur nature d’un T. rex avec des touffes de plumes, la représentation la plus scientifiquement précise de T. rex à ce jour. (D. Finnin/ AMNH)
Dans cette nouvelle étude (lien plus bas), les chercheurs ont réexaminé les données originales, en effectuant leurs propres mesures et analyses des mêmes spécimens. Ils n’ont trouvé aucune différence statistique dans le regroupement des caractéristiques physiques qui indiquent clairement la présence de plusieurs espèces.
L’équipe explique également que l’étude originale n’a comparé les caractéristiques du Tyrannosaurus qu’à celles d’autres dinosaures similaires, qui sont évidemment éteints eux aussi et dont il est donc impossible de vérifier le statut de leur propre espèce. Pour remédier à cette situation, les chercheurs ont comparé les os du Tyrannosaurus à ceux de 112 espèces d’oiseaux vivants et ils ont constaté que le niveau de variation des os du T. rex était conforme aux différences naturelles entre les individus d’une même espèce.
Selon James Napoli, coauteur principal de la nouvelle étude :
Leur étude affirmait que la variation des spécimens de T. rex était si élevée qu’ils provenaient probablement de plusieurs espèces étroitement liées de dinosaures géants mangeurs de viande. Mais cette affirmation était basée sur un très petit échantillon comparatif. En comparant les données de centaines d’oiseaux vivants, nous avons constaté que le T. rex est moins variable que la plupart des dinosaures théropodes vivants. Cette ligne de preuve de la proposition d’espèces multiples ne tient pas la route.
L’équipe reconnaît qu’il est possible qu’il y ait eu plusieurs espèces de Tyrannosaurus, mais comme le dit le vieil adage, les affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires.
Selon Thomas Holtz, coauteur de l’étude :
Les limites des espèces, même vivantes, sont très difficiles à définir : par exemple, les zoologistes ne sont pas d’accord sur le nombre d’espèces vivantes de girafe. Cela devient beaucoup plus difficile lorsque les espèces concernées sont anciennes et ne sont connues que par un nombre assez restreint de spécimens. D’autres sources de variation, changements avec la croissance, avec la région, avec le sexe et avec les bonnes vieilles différences individuelles, doivent être rejetées avant d’accepter l’hypothèse que deux ensembles de spécimens sont en fait des espèces distinctes. À notre avis, cette hypothèse n’est pas encore la meilleure explication.
L’étude publiée dans la revue Evolutionary Biology : Insufficient Evidence for Multiple Species of Tyrannosaurus in the Latest Cretaceous of North America: A Comment on “The Tyrant Lizard King, Queen and Emperor: Multiple Lines of Morphological and Stratigraphic Evidence Support Subtle Evolution and Probable Speciation Within the North American Genus Tyrannosaurus” et présentée sur le site de l’American Museum of Natural History : Study Finds T. rex Should Remain One Species.