Les chats font la distinction entre les paroles qui leur sont adressées et celles qui sont destinées à des humains
Selon de nouvelles recherches, les chats pourraient faire la différence entre la voix de leur maître de celle d’un étranger, tout en étant capables d’identifier quand leur maître leur parle spécifiquement. Ces résultats sont les derniers en date à indiquer que les chats peuvent effectivement nouer des liens sociaux forts avec les humains.
Image d’entête : Simon le chat à partir d’une vidéo informative “Apprendre à parler le chat”. (Simon Tofield)
Dans une série d’expériences menées sur 16 chats domestiques, des chercheurs français (Université Paris Nanterre) ont montré que les félins connaissent la voix de leur maître. Ils se comportent également différemment lorsque leur maître leur parle, par opposition à une autre personne.
Au son d’une voix familière, les chats de l’étude se figeaient souvent, la queue battant, clignant des yeux ou les oreilles se contractant, mais uniquement lorsque les mots étaient prononcés dans un registre réservé à une petite boule de poils aux petites pattounes et au gros ventre. Si le propriétaire utilisait sa voix humaine habituelle pour prononcer la même phrase, les chats semblaient sentir que le discours ne leur était pas destiné.
Les voix aiguës, courtes et répétitives sont des caractéristiques courantes du langage humain lorsqu’il s’adresse à des enfants en bas âge ou à des animaux de compagnie. Les chiens, par exemple, ont montré qu’ils pouvaient percevoir à la fois le ton et le sens de la voix de leur maître.
En fait, des expériences menées en 2017 et 2018 ont révélé que lorsqu’un propriétaire d’animal de compagnie utilise le « langage canin », comme « Mais il est où le Youki ? », il attire l’attention et l’affection de son chien beaucoup mieux que les discours destinés aux autres humains.
De précédentes recherches suggèrent également que les humains utilisent un registre spécifique pour parler à leurs chats, en introduisant des qualités « respiratoires » plus sensuelles pour signaler l’amabilité et la proximité. (Bien qu’il ne soit pas certain que les chats y accordent de l’importance).
Mais les expériences actuelles sont les premières à explorer la façon dont les chats réagissent au discours dirigé vers ces derniers par rapport au discours dirigé vers l’humain. Comme pour les chiens, les chercheurs ont constaté que les chats peuvent faire la différence entre un discours adressé à d’autres humains et un discours qui leur est spécifiquement destiné. Mais cela n’était vrai que lorsque les phrases étaient prononcées par le propriétaire du chat. Lorsqu’un étranger parle de la même façon, en s’adressant au chat, l’animal ne montre pas beaucoup d’intérêt. Ils se contentaient de vaquer à leurs occupations habituelles.
Pour l’étude, la réaction du chat lorsqu’il entend la voix de son maître prononcer l’ADS (discours dirigé par un adulte). (Charlotte de Mouzon)
Les résultats suggèrent que les chats domestiques adultes qui ne sont pas habitués aux étrangers ont seulement appris à déchiffrer les nuances du discours de leur maître. En d’autres termes, la proximité d’une relation chat-homme pourrait être fondée sur l’expérience plutôt que sur une préférence innée pour les qualités amicales et intimes de la voix humaine.
De futures expériences devraient permettre de déterminer si les chats plus socialisés ont appris à mieux répondre à la voix des étrangers. Les félins des bars à chats, par exemple, semblent être très attentifs à la parole humaine et ils ont appris non seulement leur propre nom mais aussi celui des autres chats qui les entourent.
Les chats domestiques de l’étude actuelle, en revanche, vivaient tous dans des studios et la plupart n’avaient qu’un seul propriétaire.
Pour réduire le stress lié aux éléments inconnus, les expériences ont été menées dans l’appartement de chaque chat. Leur propriétaire était également toujours présent dans la pièce, même s’il restait silencieux et n’interagissait pas avec le chat pendant toute la durée de l’expérience. L’expérimentateur, que le chat avait déjà rencontré, diffusait ensuite une série d’enregistrements audio entrecoupés de 30 secondes de pause. Ces enregistrements avaient été préalablement enregistrés lors d’interactions naturelles entre le chat et son propriétaire, y compris l’appel du nom du chat.
Ensuite, le propriétaire de l’animal enregistrait les mêmes mots qu’il disait à son chat sur un ton destiné à un autre humain. Enfin, un étranger a été enregistré en train de copier les mots et le ton du propriétaire dans tous les scénarios.
Lorsque l’enregistrement final était diffusé à un chat domestique, le comportement de l’animal ne changeait que lorsque la voix du propriétaire s’adressait au chat. Ce dernier pouvait, par exemple, arrêter de se toiletter pour miauler en retour ou regarder vers le son. D’autres fois, la réponse du chat était moins évidente, ses oreilles se tournant discrètement vers le son de la voix de son maître tout en ayant l’air indifférent. Lorsque la voix d’un étranger était entendue, ou que la voix de leur propriétaire donnait l’impression de parler à un autre humain, le comportement du chat restait inchangé.
L’étude ne portait que sur un petit nombre d’animaux de compagnie, qui avaient tous un mode de vie similaire, mais les auteurs affirment que leurs résultats constituent un bon début pour comprendre comment nos animaux de compagnie peuvent nous comprendre.
Selon les chercheurs :
Nos résultats soulignent l’importance des relations individuelles pour les chats d’intérieur, qui ne semblent pas généraliser la communication développée avec un humain à tous les interlocuteurs humains.
L’étude publiée dans la revue Animal Cognition : Discrimination of cat-directed speech from human-directed speech in a population of indoor companion cats (Felis catus).