Les plus anciennes traces connues de la peste en Grande-Bretagne, datant d’il y a 4 000 ans
Des chercheurs ont découvert la plus ancienne occurrence connue en Grande-Bretagne de la bactérie Yersinia pestis, responsable de la peste bubonique et de la peste pulmonaire. Elle a été repérée sur trois cadavres vieux de 4 000 ans, provenant de deux sites funéraires différents.
Image d’entête : représentation des citoyens de Tournai en Belgique enterrant des victimes de la peste. (Pierart dou Tielt (vers 1340-1360)/ Wikimedia)
On pense que Yersinia pestis est à l’origine de la plupart des épidémies les plus dévastatrices de l’histoire, notamment la peste noire du XIVe siècle et la peste de Justinien du VIe siècle. Cette bactérie a également été impliquée dans des épidémies survenues bien avant ces deux dernières, notamment la peste de la fin du Néolithique et de l’âge du bronze.
Dans cette étude, les chercheurs ont extrait de l’ADN des dents de 34 squelettes trouvés dans deux sites funéraires britanniques de l’âge du bronze : une sépulture collective à Charterhouse Warren, dans le Somerset, et une sépulture à Levens Park, en Cumbria. Ces deux sites datent d’environ 4 000 ans.
La fosse de Charterhouse Warren, prise en 1972. (Tony Audsley)
L’ADN de la Yersinia pestis était présent chez trois des personnes, deux de Charterhouse Warren et un de Levens Park, et les chercheurs ont séquencé les génomes de ces trois individus.Les trois génomes correspondaient à ceux de bactéries Yersinia pestis trouvées précédemment dans des échantillons plus anciens et plus récents de l’âge du bronze, de l’Europe centrale à l’Asie de l’Est.
Cairn de Levens Park en Cumbria, Royaume-Uni, où la bactérie de la peste a été trouvée dans la dent d’une femme de l’âge du bronze. (Ian Hodkinson)
Les génomes sont dépourvus d’un gène appelé ymt, dont on sait qu’il a rendu la peste plus transmissible par les puces.
Avant cette recherche, la preuve la plus occidentale de Yersinia pestis sans le gène ymt se trouvait dans l’Allemagne actuelle, chez un individu vieux de 3 400 ans. La présence de la lignée en Grande-Bretagne signifie que cette variante de la peste était répandue et probablement très transmissible.
On ne sait pas encore à quel point elle était grave. Charterhouse Warren est un site d’enterrement collectif inhabituel, mais de nombreux individus qui y sont enterrés présentent des traces de traumatismes mortels, ce qui signifie qu’il est peu probable qu’ils soient morts de la peste.
Bien que les chercheurs n’aient pas trouvé de traces de Yersinia pestis chez les autres personnes enterrées sur le site, il pourrait s’agir de faux négatifs : L’ADN se dégrade souvent avec le temps.
Selon les chercheurs dans leur étude :
Cela soulève la question, à laquelle nous ne pouvons pas répondre pour l’instant, de savoir s’il peut y avoir eu un lien entre la maladie et le traitement violent de ces personnes.
Quoi qu’il en soit, le second site de Levens Park est une sépulture beaucoup plus ordinaire pour l’époque.
D’autres échantillonnages à haute résolution seront nécessaires pour répondre à ces questions et mieux comprendre la dynamique de transmission et l’évolution fonctionnelle de Yersinia pestis en Grande-Bretagne et au-delà.
La recherche, menée par des chercheurs de l’Institut Francis Crick, au Royaume-Uni, est publiée dans Nature Communications : Yersinia pestis genomes reveal plague in Britain 4000 years ago et présentée sur le site de l’Université d’East Anglia : 4,000-year-old plague DNA found – the oldest cases to date in Britain.