El Niño va entraîner des records de chaleur dans le monde entier cette année
Le phénomène El Niño en cours devrait entraîner des températures moyennes de surface sans précédent dans plusieurs régions du globe, notamment dans le golfe du Bengale, aux Philippines, sur la mer de Chine méridionale, certaines parties de l’Alaska et de l’Amazonie et dans la mer des Caraïbes, jusqu’en juin 2024.
Image d’entête : pendant la phase de développement d’El Niño, la structure de l’océan en profondeur est caractérisée par une couche d’eau chaude anormalement profonde et une augmentation de la profondeur de la thermocline dans l’est du Pacifique tropical. (NOAA)
Les températures de surface de la plupart des régions du monde atteignent actuellement des niveaux record. La principale raison en est le réchauffement causé par les émissions de carbone provenant de la combustion des combustibles fossiles. En outre, une forte phase El Niño, qui a débuté au milieu de l’année 2023, fait encore grimper les températures.
Durant un épisode El Niño, les eaux chaudes se répandent à la surface de l’océan Pacifique en direction de l’Amérique du Sud. Cette vaste zone d’eau chaude transfère une grande partie de la chaleur de l’océan dans l’atmosphère, ce qui entraîne une hausse des températures de surface. Dans la phase opposée, appelée La Niña, ce processus s’inverse : l’eau froide s’étend à la surface du Pacifique en s’éloignant de l’Amérique du Sud, absorbant la chaleur de l’atmosphère et réduisant les températures de surface.
Présentation d’El Niño par l’Organisation météorologique mondiale :
Cela signifie que la température moyenne à la surface du globe atteint généralement des niveaux record pendant les phases El Niño, puis diminue pendant les phases La Niña.
Michael McPhaden, du Laboratoire de l’environnement marin du Pacifique de l’agence américaine responsable de l’étude de l’océan et de l’atmosphère NOAA, et ses collègues ont utilisé un modèle informatique qui tient compte de la pollution par les aérosols et des éruptions volcaniques, en plus d’El Niño, pour essayer de prévoir où se produiront les températures maximales dans le monde. Leurs prévisions régionales concernent la température moyenne de surface pour la période allant de juillet 2023 à juin 2024.
Selon McPhaden :
Ce type d’alerte présente un réel intérêt, même s’il ne correspond pas précisément à une saison donnée. Cela permet de disposer d’un certain délai pour se préparer à protéger au mieux les vies, les biens, les ressources marines vivantes et le développement économique.
L’équipe a envisagé deux scénarios : un El Niño fort et un autre plus modéré. Il est désormais clair que nous sommes en présence d’un El Niño fort, en fait pour les chercheurs, il est probable qu’il fasse partie des cinq El Niños les plus forts depuis 1950. Pour ce scénario d’un El Niño fort, l’équipe prévoit que la température moyenne à la surface du globe entre juillet 2023 et juin 2024 sera supérieure de 1,1 à 1,2 °C à la moyenne de 1951 à 1980.
Carte indiquant les anomalies de température de surface prévues en 2024 en cas de fort El Niño. Les points bleus indiquent les zones où des records de chaleur sont prévus. (N. Jiang et col./ Scientific Reports)
Cela équivaut à une augmentation de 1,4 à 1,5 °C par rapport à la moyenne de 1850 à 1900, considérée comme la référence préindustrielle. Cela suggère que le modèle sous-estime les températures, car ce niveau a déjà été dépassé. De janvier 2023 à janvier 2024, la température moyenne à la surface du globe était supérieure de plus de 1,5 °C à la moyenne de 1850 à 1900, et en janvier 2024, elle était supérieure de 1,7 °C à ce niveau.
Selon Maximiliano Herrera, climatologue indépendant qui suit les extrêmes de température, des records ont déjà été battus au cours de l’actuel El Niño, en particulier dans les tropiques, il ajoute :
Il s’agit d’un super El Niño. Les records de chaleur sont persistants et inéluctables.
L’étude publiée dans Scientific Reports : Enhanced risk of record-breaking regional temperatures during the 2023–24 El Niño.