Ne vous endormez pas sur vos mauvais souvenirs
Il fallait s’en douter, alors que l’on sait déjà depuis un moment que le sommeil aide à renforcer les souvenirs, une nouvelle étude suggère qu’il peut malheureusement aussi consolider notre souvenir d’un évènement désagréable ou traumatisant, le rendant plus difficile à supprimer.
Une nouvelle recherche menée par Yunzhe Liu, un neuroscientifique à l’université de Pékin en Chine, et ses collègues, a des implications dans le traitement de problèmes telles que le syndrome de stress post-traumatique (SSPT).
Des marines américains dorment dans leurs fosses de combat en Afghanistan et sont les plus sujets au SSPT.
Selon les chercheurs :
La capacité à supprimer les souvenirs émotionnels indésirables est cruciale pour la santé mentale humaine.
Grâce à la consolidation au fil du temps, des souvenirs émotionnels deviennent souvent résistants au changement. Cependant, la façon dont la consolidation affecte l’efficacité de la suppression de la mémoire émotionnelle est encore inconnue.
Nous sommes tous bien conscients que les souvenirs traumatiques ont un certain niveau de vivacité par rapport aux expériences normales/ neutres. Alors qu’habituellement nous pouvons oublier ces pensées, certains patients souffrant de troubles psychiatriques, comme du syndrome de stress post-traumatique, ont des difficultés à bloquer la résurgence de souvenirs négatifs.
Pour comprendre comment le sommeil est lié à ce processus de suppression de la mémoire, les chercheurs ont entrepris de chercher où les souvenirs négatifs se trouvent dans le cerveau et comment cela change après une bonne nuit de sommeil.
Pour rechercher ces souvenirs, l’équipe a utilisé l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) afin d’observer l’activité cérébrale de 73 étudiants de sexe masculin.
On a montré aux étudiants des images de visages et on leur a demandé de les associer à des images qui suscitent habituellement des émotions négatives. Les visages ont a nouveau été présenté aux participants après 30 minutes, puis après 24 heures et on leur a demandé d’essayer de supprimer les images négatives associées.
L’activité cérébrale des participants a montré que les circuits neuronaux impliqués dans le processus de suppression se sont déplacés de l’hippocampe vers des régions néocorticales spécifiques après 24 heures, suggérant un changement ou une consolidation. Les chercheurs pensent que c’est ce changement qui rend les souvenirs plus difficiles à supprimer au fil du temps.
Lorsque le test a été répété en utilisant des images neutres, qui ne suscitaient pas une forte réponse émotionnelle, les résultats furent similaires, ce qui suggère que ce processus de consolidation s’applique à toute la mémoire.
Ces résultats démontrent des changements rapides dans l’organisation de la mémoire émotionnelle avec une consolidation de nuit.
Les scientifiques aimeraient entreprendre, ou que soit menée, une autre étude pour confirmer que c’est le sommeil et non le temps qui entraine ce processus. Mais l’étude montre l’importance de la consolidation de la mémoire et de sa suppression dans un cadre clinique lors du traitement de patients souffrant de stress post-traumatique et d’autres troubles liés à la mémoire.
L’étude publiée dans Nature Communications : Memory consolidation reconfigures neural pathways involved in the suppression of emotional memories.