Pour éviter d’être transformées en zombie, les blattes pratiquent le karaté
Pour échapper à la zombification, la blatte américaine a développé une technique de coups de pied digne d’un maître de karaté.
La guêpe émeraude mérite vraiment son nom de par sa couleur d’un vif vert brillant. Mais ce qui la rend vraiment spéciale, c’est sa stratégie de chasse et de reproduction. Depuis les années 1940, les scientifiques ont remarqué la stratégie de reproduction inhabituelle de la guêpe, qui consiste à « zombifier » une blatte et à lui injecter des larves. En substance, la blatte infectée commence à se toiletter abondamment, perd son instinct de survie et ses réactions normales, et devient un hôte et un petit déjeuner peu désireux pour la progéniture de la guêpe.
Cependant, ce n’est qu’en 2003 qu’une autre étude utilisant des marquages radioactifs a montré que la guêpe pique précisément les ganglions spécifiques de la blatte, la paralysant légèrement et de manière réversible. Cette paralysie temporaire permet à la guêpe d’injecter une dose secondaire dans la tête de la victime, éliminant ainsi son réflexe de fuite.
A partir de l’étude : Posture caractéristique d’une guêpe lors d’une piqûre. Lors de la piqûre, les guêpes tiennent habituellement leurs membres vers le haut et loin de la blatte, dans une posture qui rappelle celle d’un escrimeur. On peut supposer que la similitude est à la fois dans la forme et dans la fonction, car les pattes délicates de la guêpe pourraient autrement être endommagées par les mâchoires puissantes de la blatte. (Catania K.C./ Brain, Behavior and Evolution)
Ensuite, la guêpe grignote la moitié des antennes de la blatte et, puisqu’elle est trop petite pour la porter, l’amène à son terrier en utilisant le reste des antennes en guise de laisse. Elle finit par pondre un œuf blanc à l’intérieur de la blatte, puis elle part, après avoir rempli le terrier de cailloux. La guêpe mange les organes de la blatte de telle sorte que l’insecte reste en vie plus longtemps, ce qui augmente les chances de survie de la progéniture. Après une seule session d’accouplement, les guêpes peuvent parasiter avec succès plusieurs dizaines de blattes.
Mais la blatte ne se laisse pas faire !
Selon Ken Catania, professeur de sciences biologiques à l’université Vanderbilt :
La blatte a une série de comportements qu’elle peut déployer pour repousser les faiseurs de zombies, et cela commence avec ce que j’appelle la position ‘en garde’, comme en escrime. Cela permet à la blatte de déplacer son antenne vers la guêpe pour qu’elle puisse suivre une attaque imminente et viser la tête et le corps de la guêpe, et c’est un des moyens de défense les plus efficaces. Ça rappelle ce que ferait un personnage de film quand un zombie les poursuit.
Catania étudie les interactions prédateur-proie, et il a entendu parler de cette relation inhabituelle. Il a été surpris de voir que personne n’avait regardé de plus près comment les blattes essaient de se défendre contre les guêpes, alors il a utilisé une vidéo à très basse vitesse pour capturer les cafards en utilisant le mécanisme à plusieurs reprises pour le prouver et le comprendre.
Une capture image par image de la blatte américaine se défendant contre la guêpe émeraude. (Catania K.C./ Catania Lab/ Brain, Behavior and Evolution)
Essentiellement, avant que la guêpe ne puisse se mettre en position et donner la première piqûre, le cafard donne un coup rapide avec sa patte arrière épineuse. Cela ne fonctionne pas toujours, mais 63% des adultes ont réussi à se protéger de cette façon, ce qui signifie toujours que 37% ont été tués. Pour les jeunes blattes, c’était encore pire : presque tous ont échoué dans leur tentative et dans tous les cas :
La guêpe se rend compte qu’il y a un cafard plus petit et moins défensif à posséder.
L’étude publiée dans Brain, Behavior and Evolution : How Not to Be Turned into a Zombie et présentée sur le site de l’université Vanderbilt : Karate kicks keep cockroaches from becoming zombies, wasp chow.