Toutes les langues, aussi différentes soient-elles, transmettent l’information au même rythme
Certaines langues sont rapides et d’autres plus langoureuses, mais il n’y a pas de différence dans la vitesse à laquelle l’information est partagée, selon de nouvelles recherches.
L’étude la plus approfondie du contenu informatif de la parole montre que les langues, quelle que soit leur structure ou leur origine, ont tendance à transmettre à peu près la même quantité d’informations par seconde malgré de grandes variations dans la vitesse de la parole.
Que ce soit en anglais ou en japonais, votre conversation se déroulera à un peu moins de 40 « bits » d’information par seconde. L’information, dans ce contexte, peut être une syllabe ou un son.
Les quelque 7000 langues du monde se distinguent par la diversité des phonèmes disponibles, les unités sonores qui composent la parole. Le japonais et l’espagnol, par exemple, en ont 25, tandis que l’anglais et le thaï en ont chacun 40.
Cela se reflète à son tour dans le nombre de syllabes distinctes dans une langue. Le Japonais en a quelques centaines, tandis que l’anglais en a près de 7000.
Ils diffèrent également par le rythme auquel ces éléments de base sont assemblés dans le discours.
Mais malgré leurs fortes différences, toutes les langues permettent à leurs locuteurs de transmettre l’information avec une efficacité étonnamment similaire.
Pour mieux comprendre cela, des chercheurs dirigés par Christophe Coupé de l’université de Lyon (France) et Yoon Oh de l’Université de Cantorbéry (Nouvelle-Zélande) ont étudié des enregistrements de 170 locuteurs adultes natifs de 17 langues européennes et asiatiques. Chaque orateur a lu un ensemble de 15 textes standardisés contenant environ 240 000 syllabes.
Les chercheurs ont constaté que la langue la plus rapide atteignait 9,1 syllabes par seconde, et la plus lente seulement 4,3.
Mais cela fut compensé par la quantité d’information, mesurée en bits, que chaque syllabe contenait. Cela variait considérablement, de 4,8 bits par syllabe pour le basque à 8,0 bits par syllabe pour le vietnamien.
L’étude a révélé que les langues qui contiennent beaucoup d’informations sous forme de sons et de syllabes ont tendance à être parlées plus lentement, tandis que celles qui ont une faible densité d’information sont transmises plus rapidement. Alors que le débit de parole et la densité de l’information varient considérablement, le débit d’information, la vitesse à laquelle l’information est transmise, oscille constamment autour de 39,15 bits par seconde.
Dans leur étude, les chercheurs affirment que cela semble représenter un taux optimal pour donner et recevoir de l’information.
Nous suggérons que ce phénomène est enraciné dans la capacité neurocognitive humaine, probablement présente dans notre lignée depuis longtemps.
Leurs conclusions suggèrent que le langage ne peut pas être à la fois dense en information et rapide, car cette combinaison rendrait les idées trop complexes pour qu’un orateur puisse les articuler et trop difficiles à absorber pour un auditeur.
De même, les langues à faible densité et parlées lentement ne semblent pas exister parce qu’il faudrait trop de temps pour qu’un locuteur transmette des idées et qu’il faudrait que l’auditeur se souvienne longtemps d’importants morceaux de discours pour pouvoir reconstituer le message.
Les langues semblent habiter de façon stable une gamme optimale de taux d’information, loin des extrêmes qui peuvent encore être disponibles pour les locuteurs individuels.
Bien sûr, tout le monde ne parle pas à un rythme d’information optimal. Nous connaissons tous des personnes qui parlent trop vite ou trop lentement, et les nouvelles recherches pourraient nous éclairer sur les raisons pour lesquelles nous les écoutons travailler dur.
L’étude publiée dans Science Advances : Different languages, similar encoding efficiency: Comparable information rates across the human communicative niche et annoncée sur le site du CNRS : Peu importe leur vitesse d’élocution, les langues transmettent l’information à des débits similaires.