Éperonnage sauvage : des orques organisent des attaques sur des voiliers près de l’Espagne et du Portugal

L’étrange comportement d’orques dans les eaux entourant la péninsule ibérique a suscité l’inquiétude des scientifiques suite aux appels à l’aide répétés envoyés par des marins et des pêcheurs. Plusieurs incidents ont été signalés, les orques attaquant des navires et causant de graves dommages dans des proportions sans précédent.

Au cours des deux derniers mois, les marins ont fait état de rencontres inquiétantes avec des orques, deux bateaux ayant perdu une partie de leur gouvernail, un membre d’équipage souffrant de contusions dues au choc et plusieurs bateaux ayant subi de graves dommages. Les autorités maritimes espagnoles demandent aux navires de garder une distance avec les orques afin d’éviter tout danger.

Le dernier épisode s’est produit la semaine dernière. Le voilier de 36 pieds Beautiful Dreamer, de la compagnie Halcyon Yachts, a été touché au moins 15 fois par plusieurs orques jusqu’à ce qu’il perde sa route et doive être remorqué au port. Avec trois membres d’équipage de nationalité finlandaise et britannique, le bateau venait de quitter le port de Ferrol en Espagne.

Velero Beautiful Dreamer con el timón dañado por acometida de orcas a 6 millas de Cabo Prior, solicita remolque. 3 tripulantes (FIN, GBR). Salvamar Betelgeuse lo remolca a A Coruña. Vigente radioaviso de que en caso de avistamiento no intenten aproximarse y den amplio resguardo pic.twitter.com/o3Z4gMAKLO

— SALVAMENTO MARÍTIMO (@salvamentogob) September 11, 2020

Auparavant, le 30 août, un appel de détresse avait été enregistré d’un navire battant pavillon français qui affirmait être « attaqué » par des orques. Ce jour-là également, l’équipage du voilier de sport Mirfak, de la marine espagnole, a été frappé par les cétacés, pour des raisons inconnues, alors qu’ils naviguaient pour participer à la régate Princes of Asturias.

Il n’est pas rare de voir des orques dans les eaux de la péninsule ibérique entre fin août et début septembre, nageant derrière des bancs de thons. Ce qui est étrange, c’est qu’ils viennent si près des bateaux, et plus encore avec la violence des épisodes enregistrés ces derniers mois, laissant les chercheurs avec des questions ouvertes. Bien que cela reste spéculatif, les orques semblent organiser les attaques contre les bateaux de pêche.

Les orques, la plus grande espèce de la famille des dauphins, sont des mammifères sociaux très intelligents. Ils peuvent être curieux et suivre un bateau de près, mais jamais en employant la force observée dernièrement. Bien que la réponse ne soit pas encore claire, les chercheurs pensent que les attaques pourraient être liées au stress subi par les orques du fait de l’activité humaine ces dernières années.

Pour Ken Balcomb, du Centre de recherche sur les baleines, basé à Washington, cette agressivité envers les humains pourrait être liée à la pêche et motivée par les actions des pêcheurs, qui blessent également ces animaux avec la ligne de pêche lorsqu’ils essaient de se nourrir de thon.

Selon Balcomb :

Je les ai vus [les orques] regarder les bateaux qui transportent du poisson. Je pense qu’ils savent que les humains sont en quelque sorte liés aux pénuries alimentaires.

Les orques de Gibraltar sont en danger d’extinction et on estime qu’il ne reste qu’une cinquantaine de spécimens dans la région. Leur principale source de nourriture est le thon, dont la quantité est de plus en plus réduite par les pratiques de pêche humaines. En outre, le détroit de Gibraltar est considéré par les chercheurs comme l’un des pires endroits pour les habitants de l’océan, car c’est une route maritime importante, très polluée, et avec beaucoup de trafic de bateaux.

Mais les orques vivent dans de telles conditions depuis des années et s’attaquent rarement aux humains. Balcomb pense que la pandémie pourrait avoir influencé les récents incidents, bien que cela aussi soit spéculatif. L’absence, pendant deux mois, de pêche, d’observation des baleines, de voiliers et de ferries a réduit le niveau de bruit pour produire du calme et de la tranquillité chez ces animaux. Mais le redémarrage de toutes ces activités, et avec lui le bruit, a pu provoquer la colère et l’agressivité.

Via The Guardian, Faro de Vigo, La Voz de Galicia.