Nos ancêtres, les néanderthaliens, auraient été capable de produire un langage humain
Le plus proche ancêtre de l’homme moderne, le Néandertalien, était capable de comprendre et de produire un langage humain, selon une nouvelle étude publiée par une équipe internationale.
Image d’entête : modèle 3D et reconstruction virtuelle de l’oreille chez un humain moderne (à gauche) et chez un néanderthalien (fossile Amud 1, à droite). (Mercedes Conde-Valverde)
Selon l’anthropologue Rolf Quam, de l’université de Binghamton, aux États-Unis :
C’est l’une des plus importantes études auxquelles j’ai participé au cours de ma carrière. Les résultats sont solides et montrent clairement que les Néandertaliens avaient la capacité de percevoir et de produire la parole humaine.
C’est l’un des rares axes de recherche actuels et en cours qui s’appuient sur des preuves fossiles pour étudier l’évolution du langage, un sujet notoirement délicat en anthropologie.
L’évolution du langage, et les capacités linguistiques chez les Néandertaliens en particulier, est une question qui se pose depuis longtemps dans l’évolution humaine. La nouvelle étude a reconstitué la façon dont les Néandertaliens entendaient afin de tirer quelques conclusions sur la façon dont ils auraient pu communiquer.
L’étude s’est appuyée sur des tomodensitométries haute résolution pour créer des modèles virtuels en 3D des structures de l’oreille chez l’Homo sapiens et les Néandertaliens. Les données recueillies sur les modèles 3D ont été entrées dans un modèle logiciel pour estimer les capacités auditives jusqu’à 5 kHz, ce qui englobe la plupart de la gamme de fréquences des sons de la parole humaine moderne.
Comparés aux fossiles du site archéologique d’Atapuerca en Espagne qui représentent les ancêtres antérieurs des Néandertaliens, ces derniers présentaient une audition légèrement meilleure entre 4 et 5 kHz, ressemblant ainsi davantage aux capacités de l’humain moderne.
En outre, les chercheurs ont pu calculer la gamme de fréquences de sensibilité maximale, techniquement connue sous le nom de bande passante occupée, pour chaque espèce. Les Néandertaliens présentent une bande passante plus large que leurs ancêtres d’Atapuerca, ressemblant ainsi plus étroitement à l’humain moderne.
Reconstitution des modèles d’audition chez l’homme moderne, les Néandertaliens et la Sima de los Huesos à partir de l’anatomie de leur oreille. Par rapport à leurs ancêtres de la Sima de los Huesos, les Néandertaliens ressemblent davantage aux humains modernes en présentant une sensibilité accrue entre 3,5 et 5 kHz, une gamme de fréquences qui contient des informations acoustiques liées à la production de consonnes dans le langage parlé humain. (Mercedes Conde-Valverde/ Université Binghamton)
Selon l’auteur principal de l’étude, Mercedes Conde-Valverde, de l’Universidad de Alcalá, en Espagne :
C’est vraiment la clé. La présence de capacités auditives similaires, en particulier la largeur de bande, démontre que les Néandertaliens possédaient un système de communication aussi complexe et efficace que la parole humaine moderne.
L’équipe à l’origine de l’étude développe cette ligne de recherche depuis près de deux décennies, et continue à travailler avec d’autres collaborateurs pour étendre les analyses à d’autres espèces fossiles. Mais pour l’instant, ils s’imprègnent du plaisir de leurs nouvelles découvertes.
Selon Ignacio Martinez, également de l’Université d’Alcalá :
Ces résultats sont particulièrement gratifiants. Nous pensons, après plus d’un siècle de recherche sur cette question, que nous avons apporté une réponse concluante à la question des capacités de parole des Néandertaliens.
L’étude publiée dans Nature Ecology and Evolution : Neanderthals and Homo sapiens had similar auditory and speech capacities et présentée sur le site de l’Université Binghamton : Neanderthals had the capacity to perceive and produce human speech.