Les gorilles sont capables de faire la différence entre les voix humaines et c’est une bonne nouvelle
Selon une nouvelle étude basée sur des expériences de lecture, les gorilles peuvent reconnaître les voix humaines qui leur sont familières en fonction de leur relation avec la personne qui parle. Les animaux réagissent négativement lorsqu’ils entendent la voix de personnes qu’ils ne connaissent pas ou avec lesquelles ils ont eu une mauvaise interaction, ce qui suggère qu’ils peuvent distinguer les voix humaines.
Image d’entête : Charlie, l’un des gorilles mâles étudiés au Zoo d’Atlanta, se frappe la poitrine dans son enclos. (Zoo d’Atlanta)
De nombreux animaux peuvent reconnaître et différencier les vocalisations des membres de leur propre espèce. Certains peuvent même le faire avec d’autres espèces, comme lorsqu’un singe reconnaît l’appel de détresse d’un humain et sait que quelque chose ne va pas. Mais la capacité des animaux non domestiqués à reconnaître et à différencier des individus humains n’est pas encore claire.
De précédentes études ont montré que les corbeaux, les pigeons et les éléphants sauvages peuvent distinguer les voix qui leur sont familières de celles qui ne le sont pas, ce qui laisse penser que cette capacité pourrait être importante pour les animaux très exposés aux humains. Des chercheurs de l’université de Géorgie (États-Unis) ont voulu approfondir cette question, en se concentrant désormais sur les gorilles.
Selon Roberta Salmi, auteur principal de l’étude :
J’ai surtout travaillé avec des gorilles sauvages, et l’un des inconvénients de travailler avec des primates sauvages est que, par le processus d’habituation, nous pourrions les rendre beaucoup plus sensibles aux chasseurs, car ils s’habituent à voir et à entendre les gens. S’ils sont effectivement capables de distinguer les personnes, il y a de l’espoir.
Dans son travail habituel avec les gorilles, Roberta Salmi et son équipe ont réalisé que les animaux réagissaient négativement lorsque des humains spécifiques entraient dans leur enclos, plus précisément certains vétérinaires et un agent de maintenance. Mais il n’était pas vraiment clair s’ils réagissaient à la vue de ces personnes ou également à leurs voix. C’est là qu’intervient cette nouvelle étude.
D’octobre 2015 à avril 2016, les chercheurs ont travaillé avec un groupe de douze gorilles hébergés dans un zoo, 4 femelles et 8 mâles, vivant au zoo d’Atlanta. Tous avaient fait partie de la population de gorilles du zoo pendant toute ou presque toute leur vie. Neuf y sont nés, le mâle et la femelle les plus âgés ont chacun été prélevés dans la nature, et une femelle a été transférée d’un autre zoo.
L’équipe a fait écouter trois types d’enregistrements audio aux gorilles. Des personnes qui ne connaissaient pas les animaux, des personnes que les gorilles connaissaient mais qui avaient eu des interactions négatives dans le passé, y compris les vétérinaires mentionnés précédemment, et des gardiens qui travaillaient avec les gorilles depuis plus de 4 ans et qui avaient un bon lien avec eux.
Tous les participants à l’étude ont enregistré la même phrase qui a ensuite été diffusée aux gorilles : “Good morning. Hello”, qui est la façon dont les gardiens saluent habituellement les animaux. S’ils n’ont pas beaucoup réagi aux voix des gardiens, les gorilles ont montré des signes de détresse, comme des vocalises, lorsqu’ils ont entendu la voix d’autres personnes qu’ils ne connaissaient pas ou avec lesquelles ils avaient eu de mauvaises expériences.
Les gorilles s’arrêtaient de faire ce qu’ils étaient en train de faire, comme manger leurs friandises, et regardaient en direction du son pour identifier si les voix étaient une menace. C’est ce qui se passe généralement dans la nature, a déclaré Salmi, et c’est aussi ce que font les humains. Si nous entendons que quelqu’un est dans notre maison alors que nous ne nous y attendions pas, nous arrêtons tout ce que nous faisions pour voir ce qui se passe.
Toujours selon Salmi :
Certains primates sont capables de distinguer et d’avoir des réactions différentes face aux humains, selon qu’ils sont chasseurs ou chercheurs. Si les gorilles sauvages sont capables de distinguer les personnes qui se comportent différemment, non seulement par la vue mais aussi par la voix, ce serait extrêmement utile. Cela m’aiderait à mieux dormir de savoir que les chercheurs ne rendent pas les gorilles plus vulnérables aux chasseurs.
L’étude publiée dans Animal Cognition : Who is there? Captive western gorillas distinguish human voices based on familiarity and nature of previous interactions et présentée sur le site de l’Université de Géorgie : Gorillas can tell human voices apart.