Toujours pas de limite à la durée de la vie humaine
Pour l’humain, le risque de décès augmente de façon exponentielle de 65 à environ 80 ans. C’est à ce moment-là que l’éventail des risques commence à augmenter. Mais à l’âge de 105 ans, le risque de décès se stabilise, ce qui suggère qu’il n’y a pas de limite supérieure connue pour la durée de vie humaine. C’est la conclusion d’une étude controversée d’une équipe internationale de scientifiques, publiée en fin de semaine dernière.
Image d’entête de David Parkins.
Selon les chercheurs :
Le nombre croissant de personnes ayant une espérance de vie exceptionnellement longue et le fait que leur mortalité au-delà de 105 est en baisse dans toutes les cohortes, abaissement du seuil de mortalité ou report de l’âge lorsqu’il apparaît, suggèrent fortement que la longévité continue à augmenter avec le temps et qu’une limite, le cas échéant, n’a pas été atteinte.
La nouvelle étude était basée sur « des données de haute qualité provenant d’Italiens âgés de 105 ans et plus, recueillies par l’Institut national italien de la statistique (ISTAT) ». Ces données ont fourni « une exactitude et une précision qui n’étaient pas possibles auparavant », selon les chercheurs.
A partir de l’étude, tracé logarithmique du risque exponentiel de décès ( » aléa « ) de 65 à 115 ans (sur un tracé logarithmique, les exponentielles sont représentées par une diagonale droite). Pour les âges allant jusqu’à 105 ans, les données proviennent de la Base de données sur la mortalité humaine (BDMH). Notez qu’à partir de 80 ans, la gamme des risques de décès (barres bleues) commence à augmenter (les gens vivent à des âges différents ; certains vivent plus longtemps), ce n’est plus une probabilité fixe, comme dans le modèle traditionnel « Gompertz » (ligne noire). Cependant, à l’âge de 105 ans, selon les données du nouveau modèle italien ISTAT, le risque de décès atteint un plateau (cesse d’augmenter, comme le montre la ligne noire en pointillés sur fond orange) et les probabilités de décès d’un anniversaire à l’autre sont d’environ 50/50. (E. Barbi et col./ Science)
Les données antérieures sur les supercentenaires (110 ans ou plus) dans la base de données internationale sur la longévité (IDL pour International Database on Longevity) du Max Planck Institute for Demographic Research étaient » problématiques en termes de déclaration de l’âge en raison de la rareté des données regroupées de 11 pays « , selon les auteurs de l’étude.
Au lieu de cela, l’ISTAT a « recueilli et validé la trajectoire de survie individuelle » de tous les habitants de l’Italie âgés de 105 ans et plus au cours de la période allant du 1er janvier 2009 au 31 décembre 2015, y compris les certificats de naissance, ce qui suggère que « les erreurs de déclaration sont considérées comme minimes dans ces données ».
Alors que révèlent ces nouveaux chiffres sur la vie et la mort à l’extrême limite de la durée de vie humaine ?
Il faut imaginer le vieillissement comme s’il s’agissait d’un tapis roulant : vous marchez en puissance au début de la soixantaine et, vers l’âge de 65 ans, le rythme auquel le tapis se déplace sous vos pieds commence à s’accélérer. Avec chaque année qui passe, la vitesse augmente. En fait, le taux de ce changement double chaque année. A ce moment, si vous n’arrivez plus à suivre, vous passez de vie à trépas.
Vers l’âge de 80 ans, le taux de cette augmentation commence à ralentir. Vous êtes encore plus susceptible de mourir à chaque année qui passe que l’année précédente, mais votre tapis roulant n’accélère pas autant. Et au moment où vous atteignez l’âge de 105 ans, surprise ! L’accélération annuelle cesse complètement.
Imaginez-vous maintenant dans un gymnase rempli de tapis roulants, chacun occupé par des personnes d’âges différents. Les 105 ans courent plus vite que tous les plus jeunes. Et ils tombent de leur tapis roulant, ils meurent, à un taux beaucoup plus élevé que les humains de 70 ans. En effet, seulement la moitié environ d’entre eux parviennent à 106.
Mais s’ils le font, ils ont une petite pause : leurs tapis roulants sont toujours les plus rapides dans le gymnase, mais au moins, ils ne vont pas plus vite.
Cette étude tend à correspondre aux précédents résultats, obtenus en 2017, par une étude menée par des biologistes de l’université McGill (Canada)
Et comme le précisait déjà votre Guru à l’époque, n’oublions pas que vivre plus longtemps ne signifie pas nécessairement vivre mieux, surtout si on tend à rallonger la vieillesse. Vivre longtemps grabataire, c’est pas super… et l’immortalité à aussi ses désavantages.
L’étude publiée dans Science : The plateau of human mortality: Demography of longevity pioneers.