Les baleines franches s’adressent à leurs petits en " chuchotant " pour éviter les prédateurs
Selon une nouvelle étude, en tant que nouvelles mamans, les baleines franches de l’Atlantique nord « murmurent » à leurs jeunes baleineaux pour éviter d’attirer les prédateurs.
Image d’entête : une baleine franche et son baleineau. (Université Duke)
Ces créatures, qui sont en danger critique d’extinction, ont peu de prédateurs naturels en raison de leur taille, mais leurs petits sont vulnérables aux orques et aux requins tant qu’ils sont jeunes.
L’étude révèle que les nouvelles mères réduisent considérablement la production d’une vocalisation connue sous le nom “d’Up call » (appel montant) que l’espèce utilise habituellement pour communiquer avec les autres baleines franches. Cet appel produit un bref et fort » hurlement » qui monte brusquement, peut parcourir de longues distances sous l’eau et durer jusqu’à deux secondes.
À la place, les nouvelles mamans communiquent avec leurs petits par le biais d’un son très calme, court, qui n’est audible qu’à une courte distance.
Ces sons, auparavant inconnus des scientifiques, selon Susan Parks, professeur de biologie à l’Université de Syracuse, qui a dirigé l’étude :
…peuvent être considérés comme un murmure humain. Ils permettent à la mère et au baleineau de rester en contact l’un avec l’autre sans annoncer leur présence aux prédateurs potentiels dans la région.
Pour recueillir les données acoustiques, les chercheurs ont fixé de petites étiquettes d’enregistrement non invasives au moyen de ventouses sur les baleines franches de l’Atlantique Nord dans les aires de mise bas au large des côtes de la Floride et de la Géorgie. Ils ont attaché des étiquettes aux baleines juvéniles et gestantes que l’on trouve dans la région et à des couples mère/ baleineau.
Selon Douglas Nowacek, professeur de technologie de conservation à l’université Duke (États-Unis) :
Les mères ont considérablement réduit le nombre de signaux de communication longue distance de plus grande amplitude qu’elles produisaient par rapport aux baleines juvéniles et enceintes.
Elles produisaient aussi ces sons très silencieux, comme des chuchotements. Cela suggère que les couples mère-baleineau de la baleine franche s’appuient sur la crypsis acoustique (la capacité d’un animal à éviter l’observation ou la détection par d’autres animaux), pour réduire le risque d’écoute clandestine par des orques ou des requins qui rôdent dans les eaux troubles voisines.
Selon Mme Parks :
Les baleines franches font face à un certain nombre de défis, y compris un très faible nombre de baleineaux nés au cours des dernières années, combiné à un certain nombre de décès de femelles reproductrices par collision avec de gros navires ou prises dans des engins de pêche.
Les scientifiques estiment qu’il n’existe aujourd’hui qu’environ 420 baleines franches de l’Atlantique Nord dans la nature et qu’il y a eu 30 décès confirmés au cours des trois dernières années, donc toute mort supplémentaire est un coup dur pour les chances de survie de l’espèce.
Il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons au sujet de leurs comportements, et j’espère que des études comme celle-ci aideront à améliorer les efforts de conservation.
L’étude publiée dans Biology Letters : Acoustic crypsis in communication by North Atlantic right whale mother–calf pairs on the calving grounds et présentée sur le site de l’université Duke : Right Whale Mothers “Whisper” to Their Calves to Avoid Attracting Predators.