La plus grande analyse génétique de squelettes de Vikings révèle une image bien différente de ces guerriers
Le séquençage de l’ADN de plus de 400 squelettes de Vikings trouvés dans toute l’Europe a révélé une ascendance génétique qui dépasse les frontières de la Scandinavie.
Image d’entête : une reconstitution artistique des Vikings d’Europe du Sud illustrant le flux de gènes étrangers dans la Scandinavie de l’ère viking. (Jim Lyngvild)
Les résultats d’une étude de six ans sur l’histoire génétique des Vikings sont considérés comme si importants que « les livres d’histoire devront être mis à jour« .
Une équipe de recherche dirigée par le professeur Eske Willerslev du St John’s College de l’université de Cambridge a publié ses conclusions sur le séquençage génétique de 442 hommes, femmes, enfants et bébés, pour la plupart de l’époque viking. Des génomes entiers ont été séquencés à partir de dents et d’os pétrifiés trouvés dans des cimetières vikings.
Un charnier d’environ 50 Vikings sans tête provenant d’un site du Dorset, au Royaume-Uni. Certains de ces restes ont été utilisés pour l’analyse de l’ADN. (Dorset County Council/ Oxford Archaeology)
Selon Willerslev :
Nous ne savions pas génétiquement à quoi ressemblaient réellement les Vikings jusqu’à présent.
Nous avons trouvé des différences génétiques entre les différentes populations vikings de Scandinavie, ce qui montre que les groupes vikings de la région étaient beaucoup plus isolés qu’on ne le croyait auparavant. Nos recherches ont même démenti l’image moderne des Vikings blonds, car nombre d’entre eux avaient les cheveux bruns et ils étaient soumis à un afflux génétique provenant de l’extérieur de la Scandinavie.
Parmi les découvertes intéressantes, il y a les restes d’ADN provenant d’un enterrement en bateau en Estonie, qui montrent que quatre frères sont morts le même jour. De plus, des squelettes masculins provenant d’un site funéraire viking dans les Orcades, en Écosse, n’étaient en fait pas génétiquement vikings, bien qu’ils aient été enterrés avec des épées et autres souvenirs de leur culture.
Les données génétiques ont également montré que les Vikings de l’actuelle Norvège se sont rendus en Irlande, en Écosse, en Islande et au Groenland, tandis que les Vikings du Danemark ont établi leur campement en Angleterre et que les Vikings de Suède se sont rendus dans la région de la Baltique dans le cadre de « raids » exclusivement masculins. En outre, de nombreux Vikings avaient de fortes ascendances (non scandinaves) d’Europe du Sud et même d’Asie.
L’ADN d’un squelette féminin appelé Kata, trouvé sur un site funéraire viking à Varnhem, en Suède, a été séquencé dans le cadre de l’étude. (Västergötlands Museum)
Ils ont exporté des idées, des technologies, des langues, des croyances et des pratiques et ils ont développé de nouvelles structures sociopolitiques.
Il est important de noter que nos résultats montrent que l’identité viking ne se limitait pas aux personnes ayant une ascendance génétique scandinave. Deux squelettes des Orcades qui ont été enterrés avec des épées vikings dans des tombes de style viking sont génétiquement similaires aux Irlandais et aux Écossais d’aujourd’hui.
Le professeur Fernando Racimo, qui a participé à l’étude a déclaré que c’est la première fois que des scientifiques peuvent examiner en détail l’évolution de variantes dans un contexte de sélection naturelle au cours des 2 000 dernières années de l’histoire européenne.
Les génomes vikings nous permettent de comprendre comment la sélection s’est déroulée avant, pendant et après les mouvements vikings à travers l’Europe, affectant les gènes associés à des traits importants comme l’immunité, la pigmentation et le métabolisme. Nous pouvons également commencer à déduire l’apparence physique des anciens Vikings et les comparer aux Scandinaves d’aujourd’hui.
L’étude publiée dans Nature : Population genomics of the Viking world et présentée sur le site de l’université de Cambridge : World’s largest ever DNA sequencing of Viking skeletons reveals they weren’t all Scandinavian.