CBD : un composé du cannabis pourrait fournir un nouvel antibiotique contre les bactéries multirésistantes
Depuis qu’Alexander Fleming a purifié la pénicilline pour la première fois en 1928, des centaines de millions de vies ont été sauvées d’infections potentiellement mortelles. Pouvez-vous imaginer un monde sans antibiotiques ? C’est ce qui empêche de nombreux médecins de dormir la nuit, car c’est une véritable perspective. Non pas parce que les antibiotiques vont disparaître du jour au lendemain, mais plutôt parce qu’ils sont devenus de plus en plus inefficaces à mesure que les microbes sont devenus plus résistants.
Les bactéries qui sont « résistantes » peuvent se multiplier en présence de différents niveaux thérapeutiques d’un antibiotique. Avec le temps, ces souches peuvent devenir si répandues que de nouvelles classes d’antibiotiques doivent être utilisées. Mais que se passe-t-il si rien de ce qui est à votre disposition ne fonctionne ?
La guerre contre les bactéries multirésistantes (aux antibiotiques) a souvent été assimilée à une course aux armements, et les scientifiques ont peut-être trouvé une nouvelle arme peu probable : un composé du cannabis.
Selon de nouvelles recherches publiées par des scientifiques de l’université du Queensland en Australie, le cannabidiol synthétique, également connu sous le nom de CBD, peut tuer les bactéries responsables de la gonorrhée, de la méningite et de la légionellose.
Selon Mark Blaskovich, directeur du Centre of Superbug Solutions de l’Université du Queensland :
C’est la première fois qu’il est démontré que le CBD tue certains types de bactéries à Gram négatif. Elles ont une membrane externe supplémentaire, une ligne de défense supplémentaire qui rend la pénétration des antibiotiques plus difficile.
La gonorrhée (ou blennorragie) est l’une des infections sexuellement transmissibles les plus courantes, mais grâce aux antibiotiques, il a toujours été facile de s’en débarrasser, jusqu’à récemment. Des millions de personnes se sont vu prescrire des antibiotiques pour guérir leur infection à la gonorrhée, mais tout le monde n’a pas utilisé ces médicaments comme prévu. Certains n’ont pas suivi la totalité du traitement aux antibiotiques, formant ainsi une nouvelle génération de bactéries résistantes aux médicaments.
En 2017 :
Déjà, des traitements plus anciens comme la pénicilline sont inefficaces. Dans les pays développés, dans certains cas, les médecins ont signalé qu’aucune des options de traitement disponibles n’était efficace. Selon l’Organisation mondiale de la santé, il n’existe que trois traitements médicamenteux potentiels à divers stades des essais, mais il n’est pas certain qu’ils s’avèrent efficaces contre les nouvelles souches de gonorrhée qui se répandent dans le monde entier.
C’est là que le CBD synthétique pourrait apporter une aide. Le deuxième cannabidiol le plus abondant de la plante Cannabis sativa est devenu de plus en plus populaire ces dernières années. Contrairement au THC, le CBD n’est pas psychoactif, ce qui signifie qu’il ne vous fait pas « planer ». Les personnes qui en ont consommé affirment toutefois qu’il est relaxant et qu’il peut atténuer l’anxiété.
Récemment, Blaskovich et ses collègues ont montré qu’il peut également agir comme un antibiotique dans certaines situations. Outre la gonorrhée, le CDB synthétique s’est révélé largement efficace contre un nombre beaucoup plus important de bactéries à Gram positif que ce que l’on connaissait jusqu’à présent, y compris des agents pathogènes résistants aux antibiotiques tels que le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) ou « staphylocoque doré ».
Le CBD a été particulièrement efficace pour venir à bout des biofilms, tels que la plaque dentaire.
Les scientifiques ne savent toujours pas exactement comment le CDB détruit les bactéries. Pour l’instant, ils savent juste qu’il fonctionne bien. De plus, il semble également moins susceptible de contribuer à la résistance bactérienne.
Selon les chercheurs :
Le cannabidiol a montré une faible tendance à provoquer une résistance chez les bactéries, même si nous avons accéléré le développement potentiel en augmentant les concentrations de l’antibiotique pendant le « traitement”.
Nous pensons que le cannabidiol tue les bactéries en faisant éclater leurs membranes cellulaires externes, mais nous ne savons pas encore exactement comment il fait cela, et nous devons faire des recherches supplémentaires.
La recherche est passionnante, car nous n’avons pas vu une nouvelle classe d’antibiotiques pour les infections à Gram négatif depuis les années 1960. À l’avenir, Botanix Pharmaceuticals Limited, une société qui a apporté son expertise en matière de formulation à la recherche, prévoit de tester une formulation CBD topique dans le cadre d’essais cliniques pour la décolonisation du SARM avant une intervention chirurgicale. Les essais cliniques de la phase 2 devraient commencer au début de l’année.
L’étude publiée dans Communications Biology : The antimicrobial potential of cannabidiol et présentée sur le site de l’université du Queensland : Research establishes antibiotic potential for cannabis molecule.
Pour les ignares comme moi qui ignorent ce qu’est le SARM, voici la définition de Wikipédia : « Le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) ou, en anglais : Methicillin-resistant Staphylococcus aureus (MRSA) est un Staphylococcus aureus (couramment appelé « Staphylocoque doré ») caractérisé par sa résistance à un antibiotique, la méticilline (ou méthicilline). (…) Le SARM, désormais courant en milieu hospitalier, était responsable de 37 % des cas fatals de septicémie au Royaume-Uni en 1999, soit 4 % de plus qu’en 1991. »
Bonne lecture des autres fiches du Guru, béni soit son saint nom 😉
Bonjour Jean-Do,
D’une part, on ne peut pas vous considérer comme ignare si vous ne connaissez pas le SARM, rassurez-vous…
D’autre part, si jamais vous ne l’aviez pas repéré ou pour informer les lecteurs, les parties de texte en rouge pointent vers la définition Wikipédia qui va bien, et si jamais il n’y a pas de référence sur le Wikipédia français, le Guru ira chercher dans la version anglaise.
En fait, si vous laissez le pointeur de votre souris fixé sur le lien, apparaitra le début de la définition à l’écran, sans avoir besoin de cliquer dessus.
Voilà! Au plaisir.
Très intéressant.
Il est toujours préférable de prévenir que de guérir et la vaccination contre la méningite voire contre la pneumonie semble protéger des infections à Gonorrhée (même famille de bactérie). Ces protections croisées vont être étudiées car elles ont été identifiées lors des groupes d’études sur la prévention du VIH par la Prep.