Une étude montre que l’astéroïde de Chicxulub, qui a tué les dinosaures, a donné naissance aux forêts tropicales amazoniennes
Il y a environ 66 millions d’années, la Terre était recouverte de dinosaures géants. Un gros astéroïde a percuté la planète dans la région de l’actuelle péninsule du Yucatán. Ce gigantesque impact a formé le cratère de Chicxulub et a entraîné l’extinction de la plupart des espèces de la planète et a plongé celle-ci dans l’obscurité à cause de la poussière et des débris présents dans l’atmosphère.
Une nouvelle étude révèle les origines des forêts pluviales modernes qui sont apparues après cet évènement et pourrait aider les scientifiques à comprendre comment ces forêts pourraient réagir à l’avenir aux changements climatiques.
Image d’entête : représentation artistique de ce qui est aujourd’hui la Colombie, Il y a 125 à 100 millions d’années, pendant le règne des dinosaures une grande partie était couverte de forêts dominées par des conifères et des fougères. (Banco de Imágenes (BIA)/ Instituto Alexander von Humboldt/ Smithsonian Tropical Research Institute)
L’étude, menée par des chercheurs du Smithsonian Tropical Research Institute au Panama, montre que l’impact d’un astéroïde qui a mis fin au règne des dinosaures il y a 66 millions d’années a également entraîné l’extinction de 45 % des plantes dans la région connue aujourd’hui sous le nom de Colombie. L’extinction de ces plantes a fait place aux plantes à fleurs qui dominent les forêts tropicales modernes.
Les forêts tropicales modernes, comme cette forêt tropicale de basse altitude au centre du Panama, sont dominées par les plantes à fleurs. (Archives STRI)
Les chercheurs indiquent qu’ils recherchent des fossiles de plantes tropicales pour déterminer comment les forêts tropicales ont changé après l’impact de l’astéroïde.
L’équipe a examiné plus de 50 000 archives de pollen fossile et plus de 6 000 fossiles de feuilles avant et après l’impact. Avant cette étude, on savait très peu de choses sur les effets de l’extinction sur l’évolution des plantes à fleurs qui dominent aujourd’hui les tropiques américains. Le pollen et les spores provenant de roches plus anciennes que l’impact montrent que les forêts pluviales étaient dominées à parts égales par les fougères et les plantes à fleurs. Les conifères étaient courants dans la région, et après l’impact, ils ont presque complètement disparu.
Les plantes à fleurs (angiospermes) ont pris le relais après l’impact, et la diversité végétale ne s’est pas rétablie avant environ 10 millions d’années après l’impact. L’impact a probablement tué la plupart des grands dinosaures herbivores qui piétinaient et mangeaient les étages inférieurs des forêts. De plus, les cendres qui se sont déposées du ciel après l’impact ont pu servir d’engrais, créant un sol riche en nutriments qui a favorisé les angiospermes à croissance rapide par rapport aux autres plantes.
Les fossiles de feuilles aident l’équipe à en savoir plus sur le climat et l’environnement local dans le passé. Selon l’équipe, les arbres de la forêt tropicale avant l’impact étaient plus espacés et permettaient à la lumière d’atteindre le sol de la forêt.
Dans les 10 millions d’années qui ont suivi l’impact, certaines forêts tropicales étaient denses, leurs feuilles et leurs lianes faisant de l’ombre aux arbres plus petits et aux plantes situées en dessous.
L’équipe n’a également trouvé aucune preuve de la présence d’arbres légumineux avant l’impact de l’astéroïde, mais les feuilles et les gousses de légumineuses étaient très diversifiées et abondantes après l’impact. Les légumineuses sont aujourd’hui une famille dominante dans les forêts tropicales humides.
Les plantes produisent des fleurs attrayantes contenant des récompenses sucrées pour les insectes qui transportent le pollen (essentiellement le sperme mâle des plantes) vers d’autres fleurs, aidant ainsi les plantes à se reproduire. Cette stratégie a connu un tel succès que les plantes à fleurs ont envahi les forêts tropicales, et le monde…
Pour Carlos Jaramillo de l’Institut de recherche tropicale Smithsonian au Panama et coauteur de l’étude, comprendre comment cet événement majeur a façonné les forêts tropicales peut aider les chercheurs à mettre en perspective la façon dont ces hauts lieux de la biodiversité réagissent aujourd’hui à la déforestation et le temps qu’ils pourraient mettre à se rétablir.
L’étude publiée dans Science : Extinction at the end-Cretaceous and the origin of modern Neotropical rainforests et présentée sur le site du Smithsonian Tropical Research Institute : How the Chicxulub Impactor gave rise to modern rainforests.