Un fossile vieux de 25 millions d’années ajoute une nouvelle branche à la famille des aigles
Des paléontologues ont découvert les os fossilisés d’un aigle vieux de 25 millions d’années. Il s’agit d’une espèce inconnue à ce jour, et de l’un des plus vieux aigles du monde.
Image d’entête : représentation artistique de l’antique aigle Archaehierax sylvestris dans son environnement naturel. (Jacob Blokland)
Selon Ellen Mather, doctorante à l’université Flinders (Australie) et premier auteur d’une étude décrivant le fossile :
Cette espèce était légèrement plus petite et plus maigre que l’aigle à queue fourchue, mais c’est le plus grand aigle connu de cette période en Australie.
Le squelette fossilisé et incomplet compte 63 os.
Selon Trevor Worthy, professeur associé de paléontologie à Flinders et coauteur de la recherche :
Les aigles étant au sommet de la chaîne alimentaire, ils sont toujours peu nombreux, et il est donc rare qu’ils soient préservés sous forme de fossiles.
Il est rare de trouver ne serait-ce qu’un seul os d’un aigle fossile. Disposer de la majeure partie du squelette est assez passionnant, surtout si l’on considère son ancienneté.
Silhouette d’un squelette de balbuzard pêcheur avec ombrage pour montrer les os préservés dans le nouveau fossile du rapace Archaehierax sylvestris. (Ellen Mather)
L’aigle a été nommé Archaehierax sylvestris, ce qui se traduit du grec ancien par « ancien faucon de la forêt ». L’envergure de ses pieds mesurait près de 15 cm, ce qui lui aurait permis de saisir de grandes proies selon les chercheurs.
Les plus grands prédateurs marsupiaux de l’époque avaient la taille d’un petit chien ou d’un gros chat, donc Archaehierax régnait certainement en maître.
Les chercheurs ont trouvé les ossements d’aigle sur les rives du lac Pinpa, dans le nord-ouest de l’Australie du Sud. Ce lac a déjà été le théâtre d’autres découvertes de fossiles vieux de 25 millions d’années, comme des wombats géants.
Localisation du lac Pinpa. (Ellen K. Mather et col./ Historical Biology)
À cette époque, l’Oligocène tardif, l’environnement local était composé d’une forêt verdoyante. Selon Mather, les ossements de l’aigle en sont le reflet.
Les os fossiles révèlent que les ailes de l’Archaehierax étaient courtes pour sa taille, comme celles des espèces d’aigles forestiers d’aujourd’hui. Ses pattes, en revanche, étaient relativement longues et lui auraient donné une portée considérable.
L’envergure plus courte signifie que l’oiseau était moins susceptible d’entrer en collision avec des arbres et des branches en plein vol.
Comparaison du tarsométatarse fossile préparé (os du pied) et de la silhouette hypothétique de l’Archaehierax sylvestris (à gauche) avec l’aigle d’Australie Aquila audax (à droite). Echelle 10 mm. (Jacob Blokland)
Toujours selon Mather :
La combinaison de ces traits suggère que l’Archaehierax était un être agile, mais pas particulièrement rapide, qui volait et qui était très probablement un chasseur embusqué.
Bien que redoutable, l’aigle antique est probablement un parent éloigné des espèces d’aigles vivantes.
L’exhaustivité du squelette d’Archaehierax nous a permis de déterminer sa place dans l’arbre généalogique des aigles. Il présente une série de caractéristiques différentes de celles observées chez les faucons et les aigles modernes.
Il est peu probable qu’il s’agisse d’un ancêtre direct d’une espèce vivante aujourd’hui.
L’étude publiée dans la revue Historical Biology : An exceptional partial skeleton of a new basal raptor (Aves: Accipitridae) from the late Oligocene Namba formation, South Australia et présentée sur le site Taylor & Francis : 25-million-year-old ancient eagle ruled the roost in Australia.