Se tenir sur une jambe pendant 10 secondes, un outil bon marché et non invasif pour évaluer les risques de décès
Le Guru revient sur quelques recherches publiées lors de sa pause de 12 jours pour son appel aux dons… qui n’est pas totalement clôturé (c’est par ici).
L‘équilibre humain diminue avec l’âge, et une équipe internationale de chercheurs a apporté de nouvelles preuves pour déterminer si cette caractéristique particulière pouvait servir d’indicateur de risque de maladie et de décès. L’étude, qui portait sur plus de 1 700 sujets, a révélé un taux de mortalité disproportionné chez les personnes incapables de réaliser un test d’équilibre de 10 secondes. Les auteurs suggèrent qu’un tel examen pourrait faire partie des contrôles de santé de routine à partir de la maturité.
La perte d’équilibre chez l’humain est due à une série de facteurs complexes, dont la diminution de la densité osseuse, la perte de force physique et l’altération de la capacité à traiter les informations sensorielles relatives à la position du corps et à l’environnement. Bien qu’une racine d’arbre non visible puisse nous faire trébucher à tout âge, ces facteurs, ainsi que des éléments tels qu’une moins bonne cognition, des articulations usées et une vue qui se dégrade, peuvent augmenter la probabilité d’une chute à mesure que nous avançons dans l’âge.
Un mauvais équilibre peut également être le signe d’autres problèmes de santé, notamment des otites, des accidents vasculaires cérébraux et la sclérose en plaques. Les auteurs de cette nouvelle étude ont cherché à tirer parti de cette situation en déterminant si l’équilibre pouvait être utilisé pour évaluer le risque de décès d’une personne, toutes causes confondues, au cours de la prochaine décennie. Pour ce faire, ils ont examiné les données de 1 702 sujets, tous dotés d’une démarche stable et âgés de 51 à 75 ans.
Les scientifiques ont analysé des paramètres tels que le poids corporel, la mesure des plis cutanés, le tour de taille et les antécédents médicaux, et ils ont demandé à chaque participant de se tenir sur une jambe pendant 10 secondes, le pied libre reposant sur la jambe inférieure et les bras le long du corps. Chaque personne avait droit à trois essais avec l’un ou l’autre pied, mais 348 sujets, soit environ 1 sur 5, ont échoué au test.
Comme on pouvait s’y attendre, ce taux d’échec augmente avec l’âge. Il était d’environ 5 % chez les 51-55 ans, de 8 % chez les 56-60 ans, de près de 18 % chez les 61-65 ans et d’un peu moins de 37 % chez les 66-70 ans. Plus de la moitié des personnes âgées de 71 à 75 ans étaient incapables d’effectuer le test d’équilibre de 10 secondes, ce qui les rendait 11 fois plus susceptibles d’échouer que les sujets de 20 ans plus jeunes.
Le suivi des patients pendant une période moyenne de 7 ans a permis aux scientifiques de dégager certaines associations entre l’équilibre et la mortalité. 123 sujets, soit 7 % de la cohorte, sont décédés au cours de cette période pour diverses causes, dont le cancer, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires et les complications liées au COVID-19.
Bien qu’il n’y ait pas eu de tendances claires concernant les résultats du test d’équilibre et ces causes, ou la durée de vie des sujets, le taux de décès parmi ceux qui ont échoué était significativement plus élevé, soit 17,5 % contre 4,5 %. Les personnes ayant échoué au test étaient généralement en moins bonne santé, avec des taux plus élevés d’obésité, de maladies cardiaques et d’hypertension artérielle. Le diabète de type 2 était environ 3 fois plus fréquent dans ce groupe.
Après avoir pris en compte les pathologies sous-jacentes, l’âge et le sexe, les scientifiques ont calculé que l’incapacité à se tenir sur une jambe pendant 10 secondes était associée à une augmentation de 84 % du risque de décès, toutes causes confondues, au cours de la décennie suivante. Il est important de noter qu’aucun lien de causalité n’a été établi dans le cadre de cette étude d’observation et que d’autres réserves ont été émises, notamment le fait que la cohorte brésilienne était exclusivement blanche et qu’environ deux tiers des sujets étaient des hommes.
En outre, les données sur les antécédents de chutes, l’activité physique, le régime alimentaire et le tabagisme n’étaient pas disponibles. En d’autres termes, en l’absence d’études plus larges portant sur des populations différentes, il est difficile de faire des affirmations définitives sur l’équilibre et le risque de décès chez l’humain. Surtout si l’on considère que se tenir sur une jambe, ou l’équilibre en général, est quelque chose que l’on peut améliorer par la musculation et la pratique, comme peuvent en témoigner ceux qui ont essayé (et ou échoué) différentes poses de yoga.
La recherche suggère toutefois que, tout comme une lecture de la pression artérielle ou une analyse de sang peuvent être utilisées par les médecins pour dresser un tableau général de notre risque de maladie, ce type de test d’équilibre pourrait devenir un outil bon marché et non invasif dans le contexte des soins de santé de routine.
Selon le Dr Setor Kunutsor, coauteur de l’étude :
Le test de la posture sur une jambe a été utilisé pour évaluer l’équilibre au cours des cinq dernières décennies, mais il n’est pas systématiquement employé dans l’examen clinique des personnes d’âge moyen et des personnes âgées. L’une des principales raisons de cette situation est le manque de données sur sa relation avec des résultats négatifs tels que les chutes et la mortalité. Les résultats actuels suggèrent que la position unijambiste de 10 secondes est un outil pratique potentiel qui pourrait être utilisé dans la pratique clinique courante pour identifier les personnes d’âge moyen et les personnes âgées à haut risque de décès. Nous encourageons les chercheurs ayant accès à ces données à publier leurs conclusions pour confirmer ces résultats.
L’étude publiée dans le British Journal of Sports Medicine : Successful 10-second one-legged stance performance predicts survival in middle-aged and older individuals et présentée sur le site de l’Université de Bristol : Inability to stand on one leg in mid to later life linked to higher risk of death.
Se tenir* (faute d’orthographe dans le titre)
Arfff… corrigée, Merci !