Mars : de nouvelles images du plus grand canyon du système solaire
Alors que la sonde Mars Express de l’Agence spatiale européenne (ESA) évoluait en orbite martienne, elle a capturé deux entailles à la surface de la planète qui font partie des Valles Marineris, le plus grand canyon connu du système solaire, le Grand Canyon de Mars.
Le Grand Canyon martien, cependant, fait ressembler la version terrestre à un canyon pour fourmis. Avec ses 4 000 kilomètres de long et ses 320 km de large, Valles Marineris est presque 10 fois plus long et 20 fois plus large que le vaste système de canyons que l’on trouve en Amérique du Nord. La Terre n’a rien qui soit comparable à Valles Marineris, ce qui rend cette caractéristique extrêmement intéressante pour les scientifiques planétaires.
Les images segmentaires de Mars Express comprennent des sections de deux chasmata (large canyon), Ius à gauche dans l’image d’entête (clic pour agrandir) et Tithonium à droite. L’étude approfondie des détails de ces incroyables structures naturelles peut aider les scientifiques à comprendre la géologie et l’histoire géologique de Mars.
Image d’entête : les Chasmata Ius (à gauche) et Tithonium (à droite) sur Mars. (ESA/ DLR/ FU Berlin)
Par exemple, Mars semble être aujourd’hui une planète sans tectonique, avec sa croûte fusionnée en une seule couche distincte qui englobe l’intérieur planétaire. Cela contraste avec la Terre, dont la croûte est divisée en plaques qui peuvent se déplacer, avec toute une série de conséquences.
Les scientifiques pensent que Valles Marineris s’est formé à l’époque où Mars possédait des plaques tectoniques. Des recherches récentes ont proposé que le système de canyons se soit formé à la suite de l’élargissement d’une fissure entre les plaques, il y a très longtemps. Cela rend Valles Marineris très intéressant.
Les images de Mars Express donnent l’impression que le canyon est relativement peu profond, mais les deux chasmata sont incroyablement grands. La version en pleine résolution fait environ 25 kilomètres par pixel. Ius Chasma s’étend sur 840 kilomètres de long dans sa totalité, et Tithonium Chasma sur 805 kilomètres.
L’emplacement des deux chasmata. (NASA/ MGS/ MOLA)
L’orbiteur est également équipé de capacités d’imagerie 3D, qui révèlent que, sur cette image, le canyon est profond d’environ 7 kilomètres, soit 5 fois plus que le Grand Canyon.
La topographie des deux chasmata. (ESA/ DLR/ FU Berlin)
Les images révèlent plusieurs caractéristiques notables dans les deux chasmata. À l’intérieur de Ius, une rangée de montagnes dentelées s’est probablement formée lorsque les deux plaques tectoniques se sont écartées. Comme c’était il y a un certain temps, ces montagnes sont assez érodées.
Tithonium est partiellement coloré d’une teinte plus sombre dans la partie supérieure de l’image. Cela peut provenir de la région volcanique voisine de Tharsis, à l’ouest du chasma. Des monticules plus pâles émergent de ce sable sombre. Ce sont en fait des montagnes de plus de 3 kilomètres de haut.
Cependant, les sommets des montagnes ont été décapés par l’érosion. Cela suggère que le matériau dont est faite la montagne est plus mou et plus faible que la roche qui l’entoure.
Vue en perspective du chasma Tithonium. (ESA/ DLR/ FU Berlin)
Mais la roche n’est pas non plus imperméable. En bas à droite de la plus visible des montagnes, des éléments suggèrent un glissement de terrain récent de la paroi du canyon à droite.
Il est intéressant de noter que Mars Express a détecté des minéraux sulfatés dans certaines des caractéristiques de Tithonium Chasma. Ce phénomène a été interprété comme une preuve que le Chasma était autrefois (au moins partiellement) rempli d’eau.
Une autre vue en perspective du Chasma Tithonium. (ESA/ DLR/ FU Berlin)
La preuve est loin d’être concluante, mais les récentes détections d’hydrogène dans le chasma suggèrent qu’une grande quantité d’eau pourrait être liée à des minéraux sous la surface.
Comme pour la plupart des travaux scientifiques sur Mars, il est difficile de tirer des conclusions avec certitude, car nous sommes contraints, pour l’instant du moins, d’étudier la planète à distance. Mais l’identification des zones d’intérêt pourrait aider à planifier les futures missions martiennes, avec ou sans équipage. L’envoi d’une astromobile (rover) à Valles Marineris aiderait certainement les scientifiques à répondre à certaines des questions brûlantes qui se posent.
Ce genre d’images sont scientifiquement utiles, car elles aident à formuler et parfois à répondre à ces questions. Mais elles sont également spectaculaires et magnifiques.
Sur le site de l’Agence Spatiale Européenne : Mars Express peers into Mars’ ‘Grand Canyon’.