Vers 2023, la première mission privée vers Vénus recherchera des signes de vie dans son atmosphère
L‘année prochaine pourrait voir le lancement de la première mission d’exploration privée vers Vénus. Son but ? Rechercher une vie extraterrestre.
Il y a environ deux ans, la détection d’un gaz appelé phosphine dans les nuages de Vénus a mis la communauté scientifique en ébullition. Sur Terre, la phosphine est créée par des processus biologiques. La détection de ce gaz sur Vénus fut donc considérée comme un signe que la vie pourrait effectivement exister sur notre voisine planétaire brûlée et baignée d’acide. Depuis lors, les spéculations abondent sur ce que la présence de ce gaz signifie réellement pour Vénus.
Mais nous allons bientôt en savoir plus sur cette question, car, selon le Massachusetts Institute of Technology (MIT), une mission peu coûteuse de la société américaine Rocket Lab va se rendre sur Vénus et sonder son atmosphère à la recherche de signes de vie extraterrestre.
Image d’entête représentation de la sonde Photon en direction de Vénus. (Rocket Lab.)
Cette mission est l’une des trois nouvelles sélectionnées par la NASA et l’Agence spatiale européenne (ESA) pour aller enquêter sur Vénus à la suite de la découverte de phosphine dans son atmosphère. Leur objectif principal sera de rechercher des signes de vie extraterrestre sur la planète ou, du moins, de déterminer si la planète a pu accueillir la vie à un moment donné dans son passé. La Chine et l’Inde ont prévu d’envoyer leurs propres missions sur Vénus.
Mais la plupart de ces missions ne reviendront pas sur Terre avant les années 2030, un délai bien long pour obtenir des réponses. Les chercheurs du MIT ont donc demandé à la société de lancement néo-zélandaise Rocket Lab d’envoyer une de leurs fusées vers Vénus avant que les autres missions ne soient prêtes. Le lancement est prévu pour 2023, avec une fenêtre de lancement de réserve disponible en janvier 2025.
Son principal objectif sera de vérifier la présence de bactéries. Alors que le consensus général est que la surface de Vénus est totalement inhospitalière pour la vie, les chercheurs placent leurs espoirs dans les minuscules gouttelettes d’acide sulfurique qui existent dans les niveaux supérieurs de l’atmosphère de Vénus. La vie pourrait y survivre, car ces gouttelettes offrent des conditions de vie nettement plus clémentes que la surface.
Cette mission sera le premier voyage vers une autre planète financé par des fonds privés. Selon l’énoncé de la mission, Rocket Lab utilisera une petite sonde polyvalente qu’elle a elle-même développée pour la mission. Baptisé Photon, cet engin a été conçu dans un souci de polyvalence et de faible coût, afin de pouvoir être envoyé à plusieurs endroits du système solaire. La sonde Photon a déjà été utilisée pour une mission de la NASA sur la Lune en juin dernier et, lors de ce voyage, elle livrera une mini-sonde dans l’atmosphère de Vénus. Après son lancement en mai 2023, le vaisseau devrait mettre environ 5 mois pour atteindre Vénus.
Représentation de la sonde photon envoyant une mini sonde vers l’atmosphère de Vénus. (Rocket Lab.)
La mini-sonde elle-même est encore en cours de développement par une équipe dirigée par Sara Seager du MIT. Elle pèsera environ 20 kg. Elle mesurera 38 cm de diamètre et sera de forme conique avec un bouclier thermique à l’avant. Cet élément la protégera de l’immense chaleur générée lorsque la sonde plongera dans l’atmosphère vénusienne à environ 40 000 kilomètres par heure. La sonde ne contient qu’un seul instrument en raison des limites de taille et de puissance radio, et pas de caméra vidéo embarquée. Il s’agit d’un néphélomètre autofluorescent, qui utilisera un laser ultraviolet pour étudier la composition chimique des gouttelettes dans l’atmosphère de Vénus, provoquant la fluorescence des composés organiques qu’elles pourraient contenir.
Bien que la découverte de telles molécules dans les gouttelettes ne soit pas une preuve définitive de processus biologiques en cours ou passés sur Vénus, elle conforterait l’idée que Vénus pourrait être un environnement potentiel pour la vie extraterrestre.
Dans l’ensemble, la mission sera extrêmement courte, la sonde ne restera dans les nuages de Vénus que pendant environ cinq minutes. Si elle y survit, elle pourra renvoyer des données prises sous la couverture nuageuse. Au total, la sonde touchera le sol environ une heure après être entrée dans l’atmosphère de Vénus.
La phase scientifique cible la couche nuageuse de Vénus entre 45 et 60 km d’altitude, ce qui permet de réaliser ~330 s d’observations scientifiques. (NASA ARC)
Avec un coût total estimé à moins de 10 millions de dollars, la mission est assez risquée, mais très peu coûteuse : son prix ne représente que 2 % de chacune des missions de la NASA sur Vénus. Elle a été entièrement financée par Rocket Lab, le MIT et plusieurs philanthropes qui ont choisi de rester anonymes.
Le détail de la mission publiée dans la revue Aerospace : Rocket Lab Mission to Venus et présentée sur le site du Massachusetts Institute of Technology : The first private mission to Venus will have just five minutes to hunt for life.