La Chine envisage d’héberger des astronautes dans des grottes volcaniques sur la Lune après 2035
Des ingénieurs chinois considèrent les grottes volcaniques souterraines de la Lune comme un site possible pour une habitation à long terme.
Image d’entête : des tunnels de lave à Hawaï, qui pourraient être similaires aux grottes lunaires ou martiennes. (Wikimedia)
La croûte lunaire est sillonnée par les empreintes d’une ancienne activité volcanique sous la forme de tunnels de lave. Ces structures sont essentiellement des grottes volcaniques, dont la structure n’est pas différente de celle des tunnels de métro modernes sur Terre. Il s’agit de passages creux, créés lorsque la couche extérieure des coulées de lave est entrée en contact avec l’extérieur froid, durcissant en roche tandis que le matériau du milieu est resté fondu et a continué à s’écouler.
Cela fait déjà un moment que la NASA est sur cette idée :
Selon le South China Morning Post (lien plus bas), ces anciens tunnels pourraient servir de logement durable aux astronautes chinois qui devraient s’installer sur la Lune après 2035.
Chaque tunnel peut s’étendre sur plusieurs kilomètres et atteindre des dizaines de mètres de large, offrant ainsi un grand espace. Leur épaisse enveloppe rocheuse en fait également des isolants idéaux du monde extérieur, offrant une protection contre les variations extrêmes de température à la surface et contre les radiations spatiales.
La ville de Philadelphie est présentée à l’intérieur d’un tunnel de lave lunaire théorique. (Université Purdue/ David Blair)
Ces tunnels ont été découverts sur toute la Lune. Et maintenant, la Chine les considère comme des candidats possibles pour établir des bases lunaires, en particulier loin de son pôle sud, une zone qui a été identifiée comme abritant d’importants dépôts d’eau.
Selon Pan Wente, professeur adjoint à l’Institut de conception et de recherche architecturale de l’Institut de technologie de Harbin, lors d’une assemblée nationale sur les sciences spatiales qui s’est tenue dans le centre de la Chine le mois dernier :
Le pôle sud de la Lune pourrait devenir vraiment encombré, et l’extraction de la glace d’eau reste techniquement difficile, nous avons donc voulu explorer d’autres possibilités.
Au cours de cette assemblée, Pan a dévoilé les plans actuels d’une base lunaire basée sur un tunnel. Baptisée « Laurel Tree », elle en est encore aux premières phases de conception. Pour l’instant, la base sera composée d’une structure pyramidale en surface qui servira de point d’accès, d’une cabine principale, d’une cabine de travail et de plusieurs quartiers d’habitation, tous placés sous terre.
Document image de la présentation montrant la conception du Laurel Tree. (Handout)
La cabine centrale servira de centre principal de commande et de contrôle de la base et sera équipée d’un ensemble d’instruments de haute technologie. Elle servira également de lien entre le point d’accès à la surface et les modules de vie et de travail. Ces deux derniers seront entièrement pressurisés et recouverts d’arches gonflables. Les concepteurs ont choisi cette solution, car elle permet une installation très rapide et facile. Comme la Lune est dépourvue de tout type d’atmosphère, le gonflage de ces modules sera extrêmement facile et permettra également aux astronautes de se débarrasser de leurs bouteilles d’oxygène à l’intérieur de la base.
La cabine centrale sera construite sur Terre et lancée sur la Lune. Tous les autres modules seront construits en utilisant des procédés de fabrication sur site ou assemblés à partir de composants modulaires rapportés de la Terre.
Le fait d’aller sous terre permettra de protéger l’équipage de la rudesse de l’environnement lunaire, mais pas complètement. À titre d’exemple, la température à la surface de la Lune varie entre 126 °C et -173 °C tout au long de la journée. Sous terre, selon Pan, les variations sont plus modestes, allant approximativement de -43 à 17 °C.
Cela signifie tout de même que la base modulaire devra posséder de bonnes propriétés d’isolation pour éviter aux astronautes de passer des nuits extrêmement froides. La question des radiations spatiales est également préoccupante : bien que les parois rocheuses des tunnels absorbent une partie des radiations, il faut encore recueillir davantage de données pour en connaître l’ampleur exacte et savoir si un blindage supplémentaire est nécessaire pour assurer la sécurité des personnes à l’intérieur d’une telle base.
La conception du Laurel Tree est le troisième projet que l’équipe de l’Institut de conception et de recherche architecturale de l’Institut de technologie de Harbin a développé pour des missions lunaires. Ce projet s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par la Chine pour développer au niveau national des technologies essentielles à l’exploration et à la colonisation de l’espace. De tels projets sont censés aider le pays à combler une partie de la distance qui le sépare des pays ayant beaucoup plus d’expérience dans les applications spatiales, notamment les États-Unis.
Les deux « grands » acteurs traditionnels de l’exploration spatiale, les États-Unis et la Russie, ont des projets d’habitation humaine à long terme sur la lune. Des efforts tels que le développement de la base Laurel Tree sont destinés à remettre la Chine sur la voie de ces pays dans la course à l’espace.
En mars de l’année dernière, les agences spatiales russe et chinoise ont annoncé leur intention de construire une station de recherche commune sur la Lune d’ici 2035. Dans un premier temps, cette base sera dépourvue d’équipage et abritera des installations de recherche automatisées, avec la possibilité pour les humains d’y élire domicile par la suite.
A partir du South China Morning Post : Chinese space designers eye moon base in volcanic caves for long-term stays after 2035.