Le changement climatique a un étrange effet sur notre matériel en orbite
Selon une étude récente, le changement climatique causé par le dioxyde de carbone réduit la capacité de la Terre à dépolluer sa haute atmosphère, de sorte que les objets en orbite proche, y compris les satellites, sont soumis à moins de résistance et restent en orbite plus longtemps.
Image d’entête : la rentrée contrôlée, suivie de la désintégration et de la fragmentation du véhicule automatique de transfert européen (ATV) « Jules Verne » de l’Agence spatiale européenne. (NASA/ ESA/ Jesse Carpenter/ Bill Moede)
À première vue, cela pourrait être une excellente nouvelle pour les fabricants de satellites, qui souhaitent que leurs engins fonctionnels restent en orbite le plus longtemps possible. Mais il y a un hic : cette incapacité à faire le ménage dans l’atmosphère, conséquence de l’excès de CO2, qui ronge la densité de la haute atmosphère, signifie également que les débris spatiaux polluants et dangereux restent plus longtemps en orbite.
Selon Ingrid Cnossen, chargée de recherche au British Antarctic Survey et auteure de l’étude :
Les débris spatiaux deviennent un problème de plus en plus important pour les opérateurs de satellites en raison du risque de collision, ce que le déclin à long terme de la densité de la haute atmosphère ne fait qu’aggraver.
L’étude récente (lien plus bas), a utilisé des modèles de recherche de l’ensemble de l’atmosphère afin d’examiner comment sa sphère supérieure, une région qui s’étend à des altitudes comprises entre 90 et 500 km de la surface de la Terre (thermosphère et exosphère), a changé au cours des 50 dernières années, et ce que ces changements peuvent probablement présager des 50 années à venir.
Le module Dragon de SpaceX en orbite autour de la Terre en 2015 (SpaceX CRS-5). (NASA)
Toujours selon Cnossen :
Les changements que nous avons observés entre le climat de la haute atmosphère au cours des 50 dernières années et nos prévisions pour les 50 prochaines années sont le résultat des émissions de dioxyde de carbone.
Les recherches de Cnossen confirment l’idée selon laquelle, malgré leur réputation de réchauffer la surface de la Terre, les gaz à effet de serre ont en fait l’impact inverse sur l’atmosphère.
À mesure que ces particules de CO2 aspirent la chaleur limitée disponible à la surface, l’atmosphère se rétrécit et se refroidit, ce qui a pour effet de rendre l’orbite des satellites plus lisse et plus longue, sans compter les déchets causés par les vieux engins spatiaux hors d’usage.
Si les fabricants de satellites peuvent se réjouir de voir certains engins voler confortablement plus longtemps que prévu, tout le monde a à perdre si les débris spatiaux sont encore plus incontrôlables. Les nouveaux satellites auront du mal à fonctionner dans ce qui pourrait devenir un dépotoir en orbite proche, et les humains, au sol et dans l’espace, pourraient être confrontés à des conséquences mortelles.
Pour Cnossen :
J’espère que ce travail contribuera à orienter les actions appropriées pour contrôler le problème de la pollution spatiale et faire en sorte que la haute atmosphère reste une ressource utilisable à l’avenir.
L’étude publiée dans Geophysical Research Letters : A Realistic Projection of Climate Change in the Upper Atmosphere Into the 21st Century et présentée sur le site du British Antarctic Survey : Climate change to increase lifetime of space pollution.