Pour l’Halloween, rien de tel qu’une momie d’un bébé de la Renaissance mort d’avoir vécu dans l’obscurité
Dans une découverte effrayante, publiée juste à temps pour Halloween, une collaboration de scientifiques allemands a réalisé une « autopsie virtuelle » du corps d’un jeune enfant momifié, trouvé dans une crypte autrichienne du XVIIe siècle.
Image d’entête : la momie du nourrisson couverte d’un manteau de soie. (Nerlich et col./ Frontiers in Medicine)
Enterré dans un cercueil en bois légèrement trop petit et déformant le crâne, le corps du jeune enfant semblait être à la fois obèse et souffrant de malnutrition. Selon les chercheurs, ces découvertes pourraient donner un aperçu rare de la société aristocratique autrichienne historique.
La vitamine D se trouve dans des aliments tels que le saumon, le thon, le maquereau, le foie de bœuf et le jaune d’œuf, mais nous ne tirons généralement qu’environ 10 % de la vitamine D dont nous avons besoin de notre alimentation, le reste étant fabriqué par notre organisme lorsqu’il est exposé aux rayons ultraviolets B (UVB) du soleil.
(Nerlich et col./ Frontiers in Medicine)
Selon le Dr Andreas Nerlich de la clinique universitaire de Munich-Bogenhausen et chercheur principal :
La combinaison de l’obésité et d’une grave carence en vitamines ne peut s’expliquer que par un statut nutritionnel généralement « bon » et un manque presque total d’exposition au soleil.
L’enfant semble être mort d’une pneumonie, à en juger par les traces d’inflammation dans les poumons. Le rachitisme est connu pour rendre les enfants plus vulnérables à la pneumonie, ce qui laisse penser que, malheureusement, non seulement l’enfant était mal nourri, mais que cette condition a pu également conduire à sa mort prématurée.
Toujours selon Nerlich :
Nous devons reconsidérer les conditions de vie des nourrissons de la haute aristocratie des populations précédentes.
Détail du visage de la momie enveloppé dans une capuche en soie. (Nerlich et col./ Frontiers in Medicine)
On sait relativement peu de choses sur l’enfance aristocratique de la fin de la Renaissance, aussi ces restes momifiés donnent-ils des indications essentielles sur la vie en Europe d’une période généralement connue pour sa ferveur créative et son développement intellectuel.
Il ne s’agit que d’un seul cas, mais comme nous savons que les taux de mortalité infantile étaient généralement très élevés à cette époque, nos observations pourraient avoir un impact considérable sur la reconstruction globale de la vie des enfants, même dans les classes sociales supérieures.
A partir de l’étude : scanner du corps momifié : (a) Reconstruction tridimensionnelle du squelette. (b) Coupe topogramme montrant particulièrement le chapelet de la jonction costochondrale (flèches). (Nerlich et col./ Frontiers in Medicine)
Pour mieux comprendre cette période, les chercheurs ont parcouru les archives historiques de la crypte et de la famille à laquelle elle appartenait. Curieusement, l’enfant a été enterré dans un simple cercueil en bois non marqué, alors qu’il était vêtu d’un coûteux manteau à capuche en soie. Le cercueil semble avoir été légèrement trop petit pour le corps, de sorte que le crâne a été déformé. Il s’agit du seul enfant enterré parmi les cercueils métalliques d’adultes identifiables dans la crypte.
Les archives historiques des rénovations de la crypte ont confirmé la datation au radiocarbone, indiquant que l’enfant a probablement été enterré après 1600 de notre ère.
La crypte appartenait aux comtes de Starhemberg et elle était traditionnellement réservée à l’inhumation des héritiers de leurs titres et de leurs épouses. Il est donc probable que le corps soit celui du fils premier-né (et unique), Reichard Wilhelm, du comte Starhemberg.
Selon Nerlich, concernant cette sépulture unique :
Nous n’avons aucune donnée sur le sort des autres nourrissons de la famille. Selon nos données, le nourrisson était très probablement le premier fils né [du comte] après l’érection de la crypte familiale, de sorte qu’un soin particulier a pu être appliqué.
L’étude publiée dans la revue Frontiers in Medicine : Adipositas and metabolic bone disorder in a 16th century Upper Austrian infant crypt mummy—An interdisciplinary palaeopathological insight into historical aristocratic life et présentée dans cette même revue : ‘Virtual autopsy’ identifies a 17th century mummified toddler hidden from the sun.