Des ondes radio envoyées vers un astéroïde passant à proximité de la Terre pourraient contribuer à nous protéger de ces derniers
En début de semaine, le réseau d’antennes HAARP (High-frequency Active Auroral Research Program) situé en Alaska a transmis une série de signaux radio de grande longueur d’onde à un astéroïde qui passait à seulement deux distances lunaires de la Terre. On pense que les ondes ont pénétré l’astéroïde, donnant aux scientifiques une idée de sa composition interne et les armant d’un autre élément d’information qui pourrait s’avérer crucial pour défendre la planète contre une éventuelle collision.
Le réseau d’antennes du programme HAARP, le mardi 20 décembre 2022. (UAF/GI/ JR Ancheta)
La plupart des programmes d’observation des astéroïdes ici sur Terre utilisent soit des études visuelles des astéroïdes, comme celles fournies par les observatoires du monde entier au Center for Near Earth Object Studies (CNEOS) de la NASA, soit des radiofréquences à ondes courtes, comme celles fournies par le Deep Space Network de la NASA, pour cartographier la taille, la position et la trajectoire des astéroïdes. Si ces programmes fournissent des données extrêmement précieuses concernant tout danger potentiel lié à l’impact d’un astéroïde, ils sont limités dans la mesure où ils ne « voient » que la surface de l’astéroïde.
HAARP, qui est exploité par l’Université d’Alaska Fairbanks, a traditionnellement été utilisé pour effectuer des analyses de notre ionosphère (et il a même été impliqué dans quelques théories conspirationnistes). Il a également la capacité d’envoyer des signaux radio de grande longueur d’onde. Ces signaux sont capables de pénétrer les objets, permettant aux observateurs de se faire une idée de leur structure interne. Dans le cas présent, connaître l’architecture interne d’un astéroïde pourrait fournir aux scientifiques un moyen de faire exploser ou de dévier un rocher spatial qui se rapproche un peu trop de la Terre.
La cible de l’observation était l’astéroïde 2010 XC15, qui mesure environ 152 m de diamètre, ce qui en fait un petit astéroïde selon les normes en vigueur. Il passe actuellement près de la Terre à deux distances lunaires, soit deux fois la distance entre la Terre et la Lune (384 400 km).
Cette image issue d’une animation montre la trajectoire de l’astéroïde 2010 XC15 lorsqu’il passe près de la Terre. (NASA/JPL-Caltech)
L’expérience HAARP s’ajoute à d’autres efforts de recherche d’astéroïdes tels que la mission DART de la NASA, qui a envoyé une sonde sur un astéroïde en septembre, et la mission OSIRIS-REx, qui a prélevé une poignée de poussière sur l’astéroïde Bennu en 2020.
Bien que personne ne s’attende à ce qu’un astéroïde cause des problèmes à la Terre dans un avenir proche, les astronomes ont les yeux rivés sur Apophis, un astéroïde qui passera à proximité de la Terre à une distance d’environ 32 000 km le 13 avril 2029. Pour situer le contexte, c’est plus proche que de nombreux satellites actuellement en orbite autour de la planète. Cependant, même si Apophis était autrefois considéré comme un risque, les chercheurs qui ont utilisé les dernières observations estiment désormais qu’il ne sera pas une menace avant au moins un siècle, ce qui laisse aux scientifiques beaucoup de temps pour trouver une solution.
Les données issues des observations HAARP seront analysées au cours des prochaines semaines, et les chercheurs espèrent publier leurs conclusions dans les mois qui suivront.
Les résultats présentés sur le site de l’Université d’Alaska à Fairbanks : NASA and HAARP conclude asteroid experiment.