Ce petit marsupial australien privilégie le sexe au sommeil, entrainant sa disparition
Selon de nouvelles recherches menées par l’Université de la Sunshine Coast (UniSC/ Australie), les Chat marsupial du nord (ou quolls du Nord) seraient tellement obsédés par le sexe que leurs nuits blanches les priveraient de sommeil, voire les tueraient.
Image d’entête : Chat marsupial du nord. (Kaylah Del Simone/ Université de la Sunshine Coast)
Ce sont des marsupiaux carnivores de la taille d’un petit chat. Ces animaux, dont plusieurs populations subsistent dans les régions septentrionales de l’Australie occidentale, du Territoire du Nord et du Queensland, sont menacés d’extinction. Leur nombre est estimé à environ 100 000 individus au niveau national et il décline rapidement.
L’un des principaux facteurs du déclin du marsupial fut l’introduction de crapauds. Les Chats marsupiaux qui se nourrissent de ces amphibiens envahissants hautement toxiques ou qui les attaquent meurent, ce qui fait chuter les effectifs. La prédation par les chats sauvages et la perte d’habitat constituent d’autres risques.
Mais le comportement des mâles obsédés de l’espèce n’aide certainement pas à maintenir les effectifs.
Selon Joshua Gaschk, doctorant à l’UniSC et auteur principal de la récente étude (lien plus bas) :
Les quolls nordiques mâles se reproduisent pendant une saison, alors que les femelles peuvent se reproduire jusqu’à quatre fois.
L’équipe a cherché à trouver la raison physiologique qui explique la durée de vie plus courte des quolls nordiques mâles.
Selon le Dr Christofer Clemente, maître de conférences à l’UniSC :
Nous pensons que c’est lié au manque de sommeil. Les dangers d’un manque de sommeil sont bien documentés chez les rongeurs, et bon nombre des traits associés au manque de sommeil sont observés chez les quolls mâles, mais pas chez les femelles.
Parmi ces caractéristiques figurent la perte de poids, un comportement agressif et un comportement téméraire qui menace leur survie.
Chat marsupial du nord équipé d’un système de suivi avec sac à dos. (Kaylah Del Simone/ Université de la Sunshine Coast)
De manière quelque peu contre-intuitive lorsqu’il s’agit d’attirer une compagne, les chats marsupiaux mâles consacrent tellement de temps et d’énergie à leurs exploits sexuels qu’ils se « laissent aller » sur le plan esthétique. Leur état de santé se dégrade lorsqu’ils passent moins de temps à se toiletter, ce qui entraîne également une augmentation des parasites.
Les chercheurs ont constaté que le comportement des quolls mâles et femelles différait considérablement à bien des égards. Les mâles passaient moins de temps à dormir et à se reposer et parcouraient également de plus grandes distances que les femelles.
Selon Gaschk :
Deux mâles, que nous avons nommés Moimoi et Cayless, se sont déplacés respectivement sur 10,4 km et 9,4 km en une nuit. Une distance humaine équivalente, basée sur la longueur moyenne des foulées, serait d’environ 35-40 km.
Les chercheurs suggèrent que le manque de repos signifie que les mâles étaient moins vigilants pour trouver de la nourriture et éviter les prédateurs.
Toujours selon Gaschk :
La privation de sommeil, et les symptômes associés pendant une durée prolongée, rendrait la récupération impossible et pourrait expliquer les causes de décès enregistrées chez les mâles après la saison de reproduction. Ils deviennent des proies faciles, sont incapables d’éviter les collisions avec les véhicules, ou meurent simplement d’épuisement.
Le Chat marsupial du nord est le plus grand mammifère connu pour investir toute son énergie dans une seule saison de reproduction, une stratégie connue sous le nom de sémelparité.
Les chercheurs affirment que les données sur ces créatures peuvent aider à comprendre l’effet de la privation de sommeil sur d’autres mammifères, y compris ceux qui font preuve de sémelparité, en Australie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Selon Gaschk :
Nous voulons déterminer si la privation de sommeil est vécue par d’autres membres de la famille, comme les opossums, les antechinus (souris marsupiales) et les diables de Tasmanie. Les opossums de Virginie (Didelphis virginiana) subissent un changement physiologique similaire à celui des autres espèces sémelpares mais ne connaissent pas la déprivation, tandis que les diables de Tasmanie (Sacrophilus harrisii) connaissent une perte de condition similaire et une immunocompétence réduite.
Si les quolls nordiques mâles renoncent au sommeil au détriment de leur survie, ils deviennent une excellente espèce modèle pour les effets de la privation de sommeil sur les fonctions corporelles.
L’étude publiée dans Royal Society Open Science : Resting disparity in quoll semelparity: examining the sex-linked behaviours of wild roaming northern quolls (Dasyurus hallucatus) during breeding season et présentée sur le site de l’Université de la Sunshine Coast : Too much sex and not enough sleep is deadly for endangered marsupial.