Dans les profondeurs de l’Univers, le télescope spatial James Webb repère des galaxies "excessivement massives" pour leur époque
Le télescope spatial James Webb continue de remettre en question nos meilleurs modèles d’évolution de l’univers, grâce à son incroyable capacité à voir plus loin dans l’espace et le temps. Il vient de découvrir des galaxies « incroyablement » gigantesques qui contiennent plus de masse que ce que l’on pensait exister dans l’univers à cette époque.
Image d’entête : exemple de galaxie spirale barrée, NGC 1073, qui ressemble beaucoup à la Voie lactée et photographiée ici par le télescope spatial Hubble. (NASA & ESA)
La vitesse de la lumière dans le vide étant constante, nous observons les objets dans l’espace avec un décalage temporel. Le Soleil est à 8 minutes-lumière de nous, nous le voyons donc tel qu’il était il y a 8 minutes. L’étoile la plus proche, Alpha du Centaure, se trouve à environ 4 années-lumière, de sorte que nous la voyons avec 4 ans de retard.
Si vous étendez ce principe jusqu’aux confins de l’espace, vous pouvez littéralement remonter le temps sur des milliards d’années et avoir un aperçu de l’évolution des galaxies au cours de la vie de l’univers. Et grâce à la puissance sans précédent du télescope spatial James Webb, nous pouvons maintenant observer au plus près du commencement des temps qu’il ne l’était auparavant possible, avec davantage de détails.
Sans surprise, cela signifie que nous continuons à découvrir des choses qui vont à l’encontre de notre conception actuelle des débuts de l’univers. Une étude récente (lien plus bas) des données du James Webb a révélé que les galaxies spirales barrées, celles qui, comme notre propre Voie lactée, ont une structure avancée, existaient des milliards d’années plus tôt qu’on ne le pensait.
Aujourd’hui, le télescope a repéré des galaxies qui devraient être impossibles, selon nos modèles actuels. Une équipe d’astronomes, dirigée par l’Université de technologie de Swinburne en Australie, a observé six galaxies beaucoup plus massives que ce que l’on pensait possible pour leur époque. En fait, elles ont plus de masse que ce que l’on pensait contenir l’univers entier à ce moment-là.
Images de six galaxies massives candidates, vues 500-800 millions d’années après le Big Bang et leur environnement dans le ciel. (NASA/ ESA/ CSA/ I. Labbe)
(NASA/ ESA/ CSA/ I. Labbe)
Selon Ivo Labbé, chercheur principal de l’étude :
Les six galaxies que nous avons découvertes ont plus de 12 milliards d’années, soit seulement 500 à 700 millions d’années après le Big Bang, et atteignent des tailles allant jusqu’à 100 milliards de fois la masse de notre Soleil. C’est trop gros pour exister dans les modèles actuels. Cette découverte pourrait transformer notre conception de la formation des premières galaxies de notre univers.
Les mesures doivent encore être suivies d’autres observations, pour confirmer les masses et l’endroit où tout cela se trouve. Des explications alternatives sont encore possibles, précise l’équipe, mais elles pourraient tout de même donner lieu elles-mêmes à de toutes nouvelles découvertes.
Toujours selon Labbé :
Une autre possibilité, tout aussi fascinante, est que certains de ces objets appartiennent à une nouvelle classe de trous noirs supermassifs émergents, jamais vus auparavant.
L’étude publiée dans Nature : A population of red candidate massive galaxies ~600 Myr after the Big Bang et présentée sur le site de l’Université de technologie de Swinburne : ‘We just discovered the impossible’: how giant baby galaxies are shaking up our understanding of the early Universe.