Trépanation de l’âge du bronze : preuves d’une opération du cerveau il y a 3 500 ans
Des fouilles archéologiques menées au tell de Megiddo, en Israël, ont révélé des traces d’un type particulier de chirurgie crânienne pratiquée il y a environ 3 500 ans, ce qui en fait le plus ancien exemple de ce type découvert dans la région. En outre, cette découverte pourrait également représenter l’un des plus anciens exemples de lèpre au monde, comme l’explique une étude publiée cette semaine (lien plus bas).
Image d’entête : les ossements de deux frères de classe supérieure qui ont été enterrés sous une maison dans la ville antique de Megiddo. (Rachel Kalisher/ Université Brown)
On sait que d’anciennes civilisations dans le monde entier ont pratiqué la trépanation crânienne pendant des milliers d’années. Cette procédure médicale consiste à percer un trou dans le crâne. La trépanation est bien documentée comme ayant été pratiquée en Amérique du Sud, en Afrique, en Europe et en Asie. Certaines des plus anciennes traces de ce type de chirurgie crânienne remonteraient à 7 000 ans, dans l’actuel Soudan.
Grâce à des fouilles récentes dans la ville antique de Megiddo, de nouvelles preuves montrent qu’un type particulier de trépanation remonte au moins à la fin de l’âge du bronze. Les scientifiques ont étudié les restes de deux individus de classe supérieure qui vivaient à Megiddo aux alentours du 15e siècle avant J.-C. et ils ont découvert que peu avant sa mort, l’un d’eux avait subi un type spécifique de chirurgie crânienne.
A partir de l’étude : une carte présentant la location de Megiddo et le site ou les squelettes des frères ont été découverts. (Kalisher et col./ PLOS ONE)
Grâce à des tests ADN, il s’est avéré que les deux individus étaient apparentés, ils étaient frères. Sur la base d’études archéologiques, les chercheurs pensent que les individus qui ont vécu entre 1550 et 1450 avant J.-C. souffraient de différentes maladies chroniques, et que l’un des frères a subi une ancienne opération du cerveau juste avant sa mort. Et bien que de telles opérations aient eu lieu dans le monde entier, il n’y a que de rares preuves de trépanation au Moyen-Orient.
A partir de l’étude : détails de la trépanation et un graphique indiquant le site de l’opération. (Kalisher et col./ PLOS ONE)
Les frères, qui ont été enterrés sous le sol de leur maison familiale dans la riche cité de bronze, avaient probablement un statut social élevé qui leur permettait d’avoir accès à des médicaments que des personnes moins fortunées n’avaient pas. Bien qu’ils aient souffert de maladies différentes, leur statut social leur a permis d’accéder à des traitements qui n’étaient pas disponibles autrement. Mais malgré leur richesse, même la médecine la plus moderne de l’époque ne pouvait les sauver.
Selon les premières études, l’un des frères est mort à la fin de son adolescence ou au début de sa vingtaine et a été enterré de une à trois années avant l’autre. L’autre frère a succombé après l’échec de l’opération et serait mort entre 21 et 23 ans. Finalement, le frère cadet a été exhumé afin que les deux frères puissent être enterrés ensemble.
Comme précisé ci-dessus, les deux frères souffraient donc de plusieurs maladies. Leurs squelettes présentent, par exemple, des signes d’anomalies congénitales. Le frère qui a subi une opération crânienne souffrait d’un problème de fusion des os pendant la petite enfance. En outre, les scientifiques affirment que les os des deux frères présentent des signes de lésions infectieuses d’une maladie qui était très probablement la lèpre. Les nombreuses lésions sur les squelettes suggèrent que les deux frères ont probablement vécu avec diverses maladies pendant de longues périodes.
L’étude publiée dans PLoS ONE : Cranial trephination and infectious disease in the Eastern Mediterranean: The evidence from two elite brothers from Late Bronze Megiddo, Israel et présentée sur le site de l’Université Brown : Brown Ph.D. student uncovers early evidence of brain surgery in Ancient Near East.