La couche externe "molle" de Vénus refaçonne la planète
Une nouvelle étude menée par des scientifiques du Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA a utilisé les données de la sonde Magellan pour étudier la surface de Vénus et elle a trouvé des preuves intéressantes que l’enveloppe extérieure de la planète est « molle ».
Image d’entête : représentation artistique de volcans en activité sur Vénus, illustrant une zone de subduction où la croûte du premier niveau plonge à l’intérieur de la planète. (NASA/ JPL-Caltech/ Peter Rubin)
Vue globale de la surface de Vénus avec les images obtenues par la sonde Magellan et simulée par ordinateur. Certaines lacunes sont comblées par les données de la sonde Pioneer Venus Orbiter. (NASA/ JPL)
Les chercheurs ont utilisé des mesures radar pour créer des cartes à haute résolution de la surface de Vénus et ils ont découvert que certaines zones se sont soulevées tandis que d’autres se sont enfoncées. Ils ont également constaté que l’épaisseur de l’enveloppe externe de la planète variait considérablement, ce qui indique qu’elle est peut-être plus souple qu’on ne le pensait auparavant. Cette enveloppe externe « molle » pourrait être responsable du resurfaçage de Vénus en permettant l’écoulement de roches en fusion et la formation d’une nouvelle croûte, notamment la formation de corona, une caractéristique de forme ovale.
Cette image radar de la mission Magellan de la NASA montre des fractures circulaires entourant la corona « Aine », située dans l’hémisphère sud de Vénus. La corona mesure environ 200 kilomètres de diamètre et présente diverses caractéristiques. (NASA/ JPL)
L’étude a également révélé que les régions soulevées associées aux corona sont souvent entourées de fossés ou de cuvettes circulaires, formés par l’enfoncement de la croûte de la planète lorsque le magma remonte à la surface. Les chercheurs ont découvert que l’épaisseur de l’enveloppe extérieure sous les corona est plus faible que dans d’autres parties de la planète, ce qui indique que les panaches mantelliques responsables de la formation des corona ont aminci l’enveloppe extérieure.
Les implications de cette découverte sont considérables, car elle permet aux scientifiques de mieux appréhender la géologie et la tectonique de Vénus, l’une des planètes les plus semblables à la Terre dans notre système solaire. En étudiant l’activité géologique de Vénus, les scientifiques peuvent avoir un aperçu de l’évolution des planètes rocheuses et de la formation de leurs surfaces.
Les chercheurs expliquent que cette étude est particulièrement importante, car l’épaisse atmosphère de Vénus rend difficile l’étude de sa surface. Ils ont utilisé des mesures radar pour pénétrer l’atmosphère dense de la planète, ce qui leur a permis de dresser des cartes détaillées de sa surface. Ces cartes aideront les scientifiques à mieux saisir les processus géologiques qui façonnent la surface de Vénus et, par conséquent, à en apprendre davantage sur le fonctionnement interne des planètes rocheuses dans l’univers.
Dans l’ensemble, l’étude fournit donc de nouvelles informations sur l’activité géologique et la formation des corona sur Vénus, éclairant ainsi la dynamique de l’intérieur de la planète. Ces informations sont précieuses pour ce que nous savons de la formation et de l’évolution des planètes rocheuses dans notre système solaire et au-delà, et elles peuvent contribuer à informer les futures missions vers Vénus et d’autres planètes.
Selon Suzanne Smrekar, chercheuse au Jet Propulsion Laboratory et qui est également responsable de la prochaine mission VERITAS (Venus Emissivity, Radio science, InSAR, Topography, And Spectroscopy) de la NASA :
Ce qui est intéressant, c’est que Vénus offre une fenêtre sur le passé qui nous aide à mieux comprendre à quoi la Terre pouvait ressembler il y a plus de 2,5 milliards d’années. Elle se trouve dans un état qui, selon les prévisions, se produit avant qu’une planète ne forme des plaques tectoniques.
Et…
L’étude publiée dans Nature Geoscience : Earth-like lithospheric thickness and heat flow on Venus consistent with active rifting et présentée sur le site du Jet Propulsion Laboratory : Study Finds Venus’ ‘Squishy’ Outer Shell May Be Resurfacing the Planet.