La plupart des diamants roses sont nés de la désintégration d’un supercontinent
Il y a plus de 1,3 milliard d’années, deux continents sont entrés en collision à l’endroit où se trouve aujourd’hui Argyle, en Australie occidentale, provoquant des pressions si intenses qu’elles ont forcé le carbone à s’enfoncer profondément dans le sol pour former des diamants aux teintes roses, rouges et brunes.
Image d’entête : diamants de couleur de la mine de diamants Argyle en Australie occidentale. (Murray Rayner)
Puis, lorsque la Terre s’est à nouveau étirée, il y a 1,3 milliard d’années, une fissure s’est ouverte et les diamants sont remontés à la surface, créant ainsi le plus grand gisement de diamants connu au monde. C’est du moins la théorie proposée dans une nouvelle étude (lien plus bas), réalisée par une équipe de chercheurs australiens. Cette nouvelle théorie pourrait aider les géologues à repérer d’autres gisements de diamants roses ailleurs dans le monde.
Les chercheurs ont utilisé la datation radiométrique au laser pour déterminer quand les diamants roses, provenant de la mine de diamants Argyle, sont remontés à la surface, ce qui leur a permis de comprendre comment ils se sont formés.
Selon l’auteur principal, le Dr Hugo Olierook, du Centre John de Laeter de l’Université Curtin, en Australie :
Il est en fait très difficile de déterminer depuis combien de temps un diamant se développe. Cette croissance doit se produire très profondément dans la terre, à plus de 150 kilomètres. Mais nous avons découvert comment ils sont passés des profondeurs à la surface de la Terre en quelques heures, quelques jours, quelques semaines, rapidement, en tout cas.
Cette vue aérienne de la mine de diamants d’Argyle, dans le nord de l’Australie, prise en février 2000, montre l’énorme mine à ciel ouvert. Au cours de la dernière décennie, cette mine fut le plus grand producteur de diamants au monde en termes de volume. (Argyle Diamonds)
Auparavant, on pensait que le gisement de diamants d’Argyle avait 1200 millions d’années (ou 1,2 milliard d’années) sur la base d’une datation effectuée dans les années 1980. La méthode plus précise utilisée par les chercheurs a permis de reculer cette date de 100 millions d’années.
Selon Olierook :
Ce laps de temps, il y a environ 1300 millions d’années, quand Argyle est apparu, a coïncidé avec l’éclatement du premier supercontinent : un supercontinent appelé Nuna. Le monde subissait des changements cataclysmiques : tous les continents précédents étaient réunis en une seule masse continentale, et à présent, ils se disloquaient. Vous étirez donc des morceaux de la croûte et, ce faisant, vous permettez à ces magmas des profondeurs de remonter et de créer de petites voies verticales à travers la croûte jusqu’à la surface de la Terre.
Cela signifie que la rupture de Nuna a probablement déclenché une « éruption diamantifère » à Argyle.
A partir de l’étude : le volcan Argyle est né de la rupture du supercontinent Nuna. (Olierook et col./ Nature Communications)
Pour Olierook :
Cela aurait été un événement assez catastrophique. Et j’imagine que si cela se produisait aujourd’hui dans une zone bâtie, ce serait assez dévastateur.
Il ajoute qu’une telle éruption ne s’est pas produite au cours des derniers millions d’années. L’âge des diamants permet d’expliquer l’emplacement de la mine de diamants Argyle, qui produisait plus de 90 % des diamants roses et rouges du monde avant sa fermeture en 2020.
Toujours selon Olierook :
Argyle est assez unique en ce sens qu’il s’agit du tout premier gisement de diamants connu qui se trouve non pas au milieu d’un de ces continents, mais à la jonction ou à la suture, si l’on veut, de deux continents.
D’autres gisements de diamants ont été découverts au centre d’anciens continents, mais cette découverte ouvre la voie à la découverte d’autres sites similaires à Argyle.
Essayer de les trouver ne sera pas facile. Ces points de jonction entre les continents sont souvent recouverts de sable et de terre, et il faut donc chercher les diamants sous toute cette terre, ce qui n’est pas évident. C’est un véritable défi.
Même Argyle, aussi riche soit-il, n’a produit que quelques grammes de diamant par tonne de roche et la plupart étaient bruns, plutôt que de la teinte rose tant convoitée.
Olierook explique :
Les roses, les rouges et les bruns sont des diamants abîmés. Ils ont été soumis à des pressions si intenses que ces diamants se sont déformés, ils ont légèrement glissé le long d’un plan particulier. Ces cristaux glissent, dérapent, se tordent et se plient, et si l’on pousse juste assez fort, ils deviennent roses. Si vous poussez un peu trop fort, ils deviennent brièvement rouges, puis bruns.
Les chercheurs ont néanmoins quelques conseils à donner aux chercheurs de diamants, comme la société minière Rio Tinto, qui a fourni les pierres précieuses Argyle aux chercheurs jusqu’à présent.
Si j’étais chargé de l’exploration, je chercherais le long des anciennes ceintures de montagnes qui entourent ces anciens continents, dans tous les types de roches qui ont été affectées par la dislocation des continents.
L’étude publiée dans Nature Communications : Emplacement of the Argyle diamond deposit into an ancient rift zone triggered by supercontinent breakup et présentée sur le site de l’Université Curtin : Argyle study reveals crucial third clue to finding new diamond deposits.