Nous connaissons enfin la véritable puissance du BOAT, la plus brillante explosion de rayons gamma connue
Au début de l’année, on a appris que la Terre avait été frappée par les plus brillants sursauts gamma observés depuis l’aube de la civilisation. Aujourd’hui, une équipe d’astronomes a attribué une valeur à l’énergie contenue dans ces explosions, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est époustouflante.
Image d’entête : cette représentation artistique illustre l’effet d’une puissante explosion de rayons gamma qui a provoqué une perturbation importante de l’ionosphère de notre planète. (ESA/ ATG Europe)
Le sursaut gamma (GRB pour Gamma-ray Burst) signalé en avril dernier a été confirmé par la NASA comme ayant frappé la Terre le 9 octobre 2022, à une distance d’environ 2 milliards d’années-lumière. L’agence spatiale a qualifié l’événement de « 1 sur 10 000 ans » et a déclaré qu’il était très probablement dû à la création d’un trou noir lors de l’effondrement d’une étoile supermassive, libérant des rayons gamma provenant des ondes de choc produites par un événement galactique d’une telle ampleur.
Le sursaut est techniquement connu sous le nom de GRB 221009A, mais il a été rebaptisé » Brightest of All Time » (le plus brillant de tous les temps), ou BOAT.
Aujourd’hui, des chercheurs du LHAASO (Large High Altitude Air Shower Observatory), une installation chinoise conçue pour détecter les rayons gamma et cosmiques, ont chiffré l’énergie contenue dans ces rayons gamma : 13 téraélectronvolts (TeV). Ils indiquent également que le corps céleste qui s’est effondré en libérant toute cette énergie était une étoile environ 20 fois plus grande que notre Soleil.
Le résultat final est inférieur aux 18 TeV prévus lorsque l’explosion a été observée pour la première fois, mais il s’agit tout de même d’une puissance considérable. Un électronvolt est une mesure particulière de l’énergie cinétique captée par un électron lorsqu’il accélère dans le vide sous certaines contraintes. Un téraélectronvolt équivaut à 1 012 électronvolts. La plupart des GRB atteignent une énergie de l’ordre de 0,5 TeV. Avec ses 13 TeV, BOAT est étonnamment plus puissant et détient le record de l’énergie la plus élevée observée sur Terre dans un GRB et la première détection d’un GRB de plus de 10 TeV.
Environ une heure après la détection du GRB 221009A, le télescope à rayons X Swift a capturé sa rémanence. Dans la direction de l’explosion, les rayons X sont diffusés par les couches de poussière de notre galaxie, qui seraient autrement inobservables. Cela produit des anneaux brillants. (NASA/ Swift/ A. Beardmore (Université de Leicester))
En deuxième position dans la compétition des GRB cosmiques, on en trouve un probablement dû à la collision d’une étoile à neutrons, qui a été signalé il y a moins d’un mois.
Selon l’équipe de chercheurs, le fait que le LHAASO ait pu mesurer une telle quantité d’énergie provenant d’un GRB pourrait indiquer que l’espace intergalactique est peut-être plus “transparent” qu’on ne le pensait. L’équipe prévoit de poursuivre ses recherches sur BOAT, et notamment sur les raisons pour lesquelles la rémanence de l’événement a duré beaucoup plus longtemps que ce que nos connaissances actuelles sur les GRB nous permettent d’espérer.
Un examen plus approfondi du BOAT révélera probablement davantage de détails sur ses origines et son impact sur l’univers environnant, voire sur notre propre planète. Selon une autre étude publiée la semaine dernière, le BOAT pourrait également avoir provoqué des perturbations dans l’ionosphère terrestre, le genre de phénomène qui pourrait effectivement appauvrir la couche d’ozone de la planète pendant une courte période.
L’étude publiée dans Science Advances : Very high-energy gamma-ray emission beyond 10 TeV from GRB 221009A et présentée sur le site du LHAASO : LHAASO Recorded Entire Process of a Tera-electronvolt Gamma-ray Burst During Death of a Massive Star.