Les astronautes pourraient-être sujet à une “fièvre spatiale”
Une nouvelle étude révèle que lorsqu’ils sont exposés à un environnement en apesanteur, les astronautes peuvent monter en température. Ce genre de «fièvre spatiale» survient même lorsque le corps est au repos et cette étrange découverte nous donne davantage d’informations sur la façon dont les êtres humains réagissent à l’extérieur de l’orbite terrestre.
Image d’entête : l’astronaute russe Russian Sergey Ryazanskiy lors d’une EVA autour de l’ISS en 2013. (NASA)
Ces hausses de la température ne se produisent pas instantanément, elles se développent sur plusieurs mois alors que le corps s’adapte à la vie dans l’espace sans gravité, selon les mesures prises avant, pendant et après les voyages vers la Station spatiale internationale (ISS).
Après deux mois et demi, les températures corporelles des astronautes dépassaient régulièrement les 40 °C pendant un exercice physique selon l’équipe de scientifiques, et elles dépassaient de 1 °C le niveau normal d’environ 37 °C même lorsque les astronautes ne faisaient rien.
Selon Hanns-Christian Gunga, de l’Hôpital universitaire de la Charité de Berlin, en Allemagne :
Nous avons développé une nouvelle technologie qui combine un capteur de température superficielle et un capteur de flux de chaleur capable de mesurer les petites variations de la température du sang artériel.
La recherche faisait partie des travaux continus visant à étudier comment nous pourrions faire face à de longs voyages dans l’espace, mais jusqu’ici il y a peu de recherches sur la façon dont l’apesanteur affecte la température corporelle, très étroitement régulée par nos systèmes biologiques internes ici, sur Terre.
À l’aide des nouveaux capteurs ultra-sensibles placés sur le front, les chercheurs ont pu surveiller la température des astronautes à 11 reprises, à divers moments de leur vie à bord de l’ISS, ainsi que 90 jours avant leur premier vol et 30 jours après leur retour.
Avec la hausse générale des températures, les résultats montrent que celles du corps humain augmentent plus rapidement en microgravité que sur Terre. C’est probablement parce que l’environnement spatial interfère avec les facteurs qui régulent la température corporelle, comprenant la chaleur que nous dégageons dans notre environnement et la quantité de sueur que nous produisons pour nous refroidir.
Par exemple, la sueur s’évapore plus lentement dans l’espace, ce qui signifie que la surchauffe pendant les séances d’exercice à bord de l’ISS peut potentiellement être un problème.
Selon Gunga :
Sous des conditions d’impesanteur, nos corps ont beaucoup de difficultés à éliminer l’excès de chaleur. Le transfert de chaleur entre le corps et son environnement devient beaucoup plus difficile dans ces conditions.
Et c’est important parce que la régulation de la température corporelle est cruciale pour notre santé et notre bien-être, la température corporelle ne devrait pas dépasser, sur Terre et ailleurs, les 38,0 °C lors d’un effort intense, sur une base quotidienne.
Lorsque serons envoyé des colons sur Mars, il faudrait éviter des problèmes comme l’hyperthermie ou le stress thermique, donc il faudra davantage de recherches pour déterminer de l’importance de cette «fièvre spatiale» et de savoir comment la calmer.
Outre les implications pour les voyages dans l’espace, la recherche met également en lumière des questions sur la manière dont notre corps pourrait évoluer pour ajuster notre température interne et comment cela se serait produit par le passé. Avec le temps, nous serons peut-être en mesure de modifier notre propre température pour l’adapter à la vie dans l’espace.
Selon Gunga :
Nos résultats soulèvent également des questions sur l’évolution de notre température corporelle optimale : comment elle s’est déjà adaptée, et comment elle continuera à s’adapter aux changements climatiques sur Terre.
L’étude publiée dans Scientific Reports : Increased core body temperature in astronauts during long-duration space missions.