L’avantage évolutif pour un chien de ressembler à un chiot
À bien des égards, les chiens apparaissent et se comportent davantage comme des chiots de loup que comme leurs adultes. Les scientifiques ont émis l’hypothèse que ces caractéristiques « pédomorphiques » sont le sous-produit de la sélection de chiens par rapport à l’agressivité. Mais une nouvelle étude suggère que ce n’est pas du tout cela, mais plutôt le résultat d’une préférence humaine pour les expressions faciales qui ressemble à celles des chiots.
Le processus original de domestication des loups, ou de la domestication de l’homme par ceux-ci, est encore un peu un mystère. Il est probable qu’ils se soient autodomestiqués eux-mêmes en s’adaptant à l’homme et en tirant parti des possibilités de fouillé dans leurs ordures. Quant à leurs caractéristiques juvéniles, comme leurs souples et grandes oreilles, leurs queues bouclées, de grands yeux, un front bombé et le museau raccourci, celles-ci sont apparues plus tard, probablement le résultat de la sélection de chiens qui étaient moins agressifs; les traits physiques de chiot étant un effet secondaire de cette préférence, enfin peut-être…
Effectivement, une nouvelle étude menée par Bridget Waller et ses collègues de l’Université de Portsmouth (Angleterre) suggère maintenant que nous avons progressivement remodelé le visage des chiens en raison de notre préférence pour les expressions juvéniles. Plus précisément, nous semblons aimer les chiens qui présentent une contraction musculaire particulière, la remontée de la partie interne des sourcils (selon le Facial action coding system) qui soulève la partie médiane du front. Cela augmente la taille apparente des yeux d’un chien par rapport à la face, renforçant ainsi une caractéristique associée aux nourrissons humains (c’est-à-dire que nous trouvons que de grands yeux sont vraiment, vraiment mignons).
Image tirée de l’étude (lien lus bas)
Une autre théorie est que la même contraction chez l’humain indique la tristesse, ce qui peut être un signe de vulnérabilité. Ce mouvement expose également la sclérotique, la membrane blanche de l’oeil, ce qui contribue à la capacité de suivre le regard. Nous sommes plus susceptibles de coopérer ou de nous comporter de façon altruiste quand nous sommes surveillés/ observés. Peu importe la raison, nous semblons vraiment aimer cette particularité chez les chiens.
Les chercheurs sont arrivés à cette conclusion en exécutant une expérience intéressante dans un centre d’adoption de chiens. Tout en suivant les mouvements internes des sourcils de chacun des chiens, les chercheurs ont pris note de la rapidité avec laquelle ils ont été choisis par les propriétaires adoptifs. Leurs résultats ont montré que les chiens à l’aspect juvéniles étaient, en fait, davantage préférés.
Les auteurs de l’étude concluent :
Cette constatation appuie, en outre, la preuve croissante que la manipulation indirecte des préférences sensorielles humaines (en particulier une préférence pour les caractéristiques faciales mineures) fut une force sélective particulièrement puissante dans la domestication, plus encore que de véritables indicateurs de tempérament.
Qui plus est, cette préférence pourrait aussi avoir été à l’œuvre pendant les premières étapes de la domestication du chien.
Il est intéressant de noter que le fait de remuer la queue et une proximité immédiate de l’humain n’ont pas été associés à la vitesse de sélection par les adoptants.
L’étude publiée sur PLoS One : Paedomorphic Facial Expressions Give Dogs a Selective Advantage.