Un parasite vivant dans l’œil d’un poisson le manipule pour pouvoir se retrouver dans le ventre d’un oiseau
Message de service : votre Guru fut un peu silencieux en cette fin de semaine, car il n’a pas respecté la règle du : “En avril, ne te découvre pas d’un fil”…sniff !
Au cas où vous manqueriez d’un peu de matière pour alimenter vos cauchemars, des scientifiques de l’Institute d’Écologie et d’Évolution Severtsov, à Moscou, ont étudié un parasite qui se loge dans le globe oculaire des poissons. Son curieux cycle de vie n’est pas nouveau pour les chercheurs et cette nouvelle étude précise l’emprise qu’à ce parasite sur son hôte.
Le Diplostomum pseudospathaceum infecte l’œil d’un poisson en tant que larve. Alors qu’elle grandit, elle manipule sa victime pour qu’elle nage plus lentement que d’habitude, ce qui protège à la fois le poisson et le parasite en évitant d’attirer l’attention des prédateurs. Mais lorsque la larve est mûre, elle manipule le poisson pour qu’il nage plus vite et plus près de la surface de l’eau. C’est ainsi qu’il sera facilement repéré et mangé par un oiseau !
Diplostomum pseudospathaceum (Tina Loy)
En fait, le Diplostomum pseudospathaceum a un cycle de vie qui se déroule dans trois types d’animaux différents. Tout d’abord, les parasites se reproduisent dans le tube digestif d’un oiseau, en posant leurs œufs dans ses selles. Les œufs éclosent dans l’eau en tant que larves qui vont chercher à infecter des escargots d’eau douce. Ils se développent et se multiplient à l’intérieur avant d’être relâchés dans l’eau, prêts à pénétrer leur prochain hôte, les poissons. Les parasites pénètrent alors dans la peau du poisson et se déplacent vers le cristallin de l’œil* pour se cacher et se développer. Le poisson est ensuite mangé par un oiseau et le cycle recommence.
*Pourquoi l’œil ? Et bien votre Guru suppose, en reprenant l’exemple du virus Ebola, que le parasite profite du privilège immun de l’organe oculaire, ce qui signifie que les yeux sont “protégés” du système immunitaire pour éviter une réaction inflammatoire qui pourrait endommager l’œil.
Bon nombre de parasites peuvent changer le comportement d’un animal en fonction de leurs propres besoins, c’est même devenu un sujet de prédilection pour votre serviteur. Peut-être le plus étudié actuellement, le parasite Toxoplasma gondii, par exemple, infecte les souris et les manipule pour leur enlever leur peur innée des chats notamment en leur faisant aimer l’odeur de leur urine. Ainsi les souris se font attraper plus facilement sous l’influence du parasite qui ne se reproduit qu’à l’intérieur des intestins des chats. On pense même que le T. Gondii aurait une influence sur l’humain.
L’étude publiée dans Behavioral Ecology and Sociobiology : Deterioration of basic components of the anti-predator behavior in fish harboring eye fluke larvae.