Ou devrons-nous chercher les traces fossilisées d’une ancienne vie sur Mars ?
Des scientifiques affirment qu’ils ont déterminé l’endroit le plus probable pour trouver des traces d’une ancienne vie microbienne sur Mars lors de futures missions sur la planète rouge.
Dans un nouveau » guide de terrain » pour la découverte de fossiles sur Mars, des chercheurs affirment que les roches riches en fer situées près des sites d’anciens lacs devraient être la priorité pour les prochaines visites de la surface martienne, car elles agissent comme des réserves minérales qui pourraient préserver les signes de vie de milliards d’années auparavant.
Image d’entête : image en couleur améliorée obtenue par la sonde Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) de la NASA présentant le substrat rocheux érodé sur le sol d’un ancien grand cratère. (NASA/ JPL-Caltech/ Université d’Arizona)
Selon l’astrobiologiste Sean McMahon de l’université d’Édimbourg en Écosse :
Il y a beaucoup d’affleurements rocheux et minéral intéressants sur Mars où nous aimerions chercher des fossiles, mais comme nous ne pouvons pas envoyer des rovers (astromobiles) vers chacun d’entre eux, nous avons essayé de prioriser les gisements les plus prometteurs sur la base des meilleures informations disponibles.
En effet, en plus de 2 100 jours d’exploration, l’actuel astromobile Curiosity de la NASA n’a parcouru que 18 kilomètres et si la prochaine mission Mars 2020 jouira d’une manœuvrabilité sans précédent, connaître à l’avance les cibles rocheuses optimales donnera les meilleures chances de, peut-être, trouver ces hypothétiques fossiles tant convoités.
A cette fin, McMahon et son équipe ont passé en revue la littérature scientifique sur les roches de Mars et le potentiel de leur environnement pour préserver les restes d’organismes microbiens qui auraient pu autrefois y vivre, d’après ce que nous savons des fossiles sur Terre et de précédentes expériences reproduisant les conditions martiennes.
Les résultats suggèrent que les roches sédimentaires qui se sont formées dans les lits de lacs à partir de boue compactée ou d’argile sont les plus susceptibles de contenir des fossiles, en raison de leur teneur élevée en fer et en silice.
Comparaison : dans cette image de la sonde Mars Global Surveyor, des “défluents ventilés” (Delta argileux) sur Mars dans le cratère Eberswalde. (NASA/ JPL/ Malin Space Science Systems)
Le delta du Mississippi depuis l’espace. (Wikipedia)
Selon les chercheurs dans leur étude :
La surface martienne est froide, sèche, exposée à des rayonnements biologiquement nocifs et apparemment stérile aujourd’hui.
Néanmoins, il y a des preuves géologiques évidentes pour des périodes plus chaudes et plus humides par le passé qui auraient pu soutenir la vie à la surface ou près de la surface.
Plus particulièrement, l’équipe pense que les roches qui se sont formées entre les périodes du noachien et de l’hespérien du passé géologique de la planète rouge, il y a environ 4 à 3 milliards d’années, auraient pu se fixer aux vestiges de la vie martienne qui aurait pu vivre lorsque la planète était encore humide.
A gauche : une carte en relief ombragée indique les dépôts sédimentaires en chenal, interprétés comme un ancien delta de rivière à Aeolis Dorsa, sur Mars. A droite : le delta Selenga sur Terre. (DiBiase/ USGS/ NASA Landsat)
Selon les chercheurs :
Nous recommandons que les mudstones lacustres riches en fer, en particulier celles qui sont riches en silice, soient prioritaires pour la recherche de biosignatures.
Ces roches sont présentes sur Mars, représentent des environnements aqueux avec une gamme d’états redox adaptés aux métabolismes anaérobiques, et offrent la possibilité de conservation par silicification, authigénèse de l’argile, adsorption argilo-organique, et minéralisation du fer.
Le delta de rivière du cratère Jezero sur Mars : sur cette image, les dépôts d’argile, montrés en vert, se trouvent à côté d’un delta qui s’est jadis vidé dans un lac. Un météore a exposé les argiles enfouies lorsqu’il a gravé un cratère à la surface de la planète. (NASA/ JPL-Caltech/ MSSS)
Les chercheurs reconnaissent qu’il n’y a aucune garantie que des fossiles existent encore, des milliards d’années plus tard, surtout à la lumière des intempéries sous la dangereuse non-atmosphère de Mars.
Mais ils estiment que, puisque cette planète n’est pas soumise à la tectonique des plaques dans la mesure où la Terre l’est, le métamorphisme des roches souterraines est considérablement réduit, ce qui signifie qu’il y a une chance que ces anciennes roches fossiles aient été préservées.
Espérons que oui, et que la mission Mars 2020 utilise ce guide pour donner l’occasion de tester l’hypothèse de l’équipe. Il n’y a plus beaucoup de temps à attendre.
L’étude publiée dans Journal of Geophysical Research: Planets : A Field Guide to Finding Fossils on Mars.