La composition génétique des oiseaux se révèle très proche de celle des dinosaures
Alors que les os et autres fossiles peuvent être préservés pendant des millions et des millions d’années, on ne peut pas en dire autant de l’ADN. Malgré ce que Jurassic Park pourrait vous faire croire, l’ADN peut difficilement durer un million d’années et depuis que les dinosaures ont disparu, il y a 66 millions d’années, trouver de l’ADN intact de dinosaure n’est pas vraiment réaliste.
Image d’entête : avant que le casoar attaque. (Christian Ziegler/ Smithsonian Tropical Research Institute)
Cependant, en partant d’espèces actuellement vivantes et en utilisant des mathématiques novatrices, les chercheurs ont pu déterminer à quoi il ressemblait probablement. Ils sont partis des tortues et des oiseaux des temps modernes, le premier étant l’un des parents vivants les plus proches des dinosaures, et le second étant… des dinosaures ! Et oui, les oiseaux sont techniquement des dinosaures.
Darren Griffin et ses collègues de l’université du Kent (Angleterre) ont utilisé des techniques mathématiques pour identifier les caractéristiques génétiques possibles des plus anciens dinosaures. Selon leurs calculs, l’ADN des dinosaures est resté assez stable à travers le temps et il était très similaire à l’ADN partagé par les oiseaux aujourd’hui. Essentiellement, l’ADN de dinosaure, tout comme l’ADN d’oiseau, est organisé en « morceaux » appelés chromosomes. Les oiseaux ont 80 chromosomes, ce qui, relativement parlant, est beaucoup. Pour la comparaison, les humains en ont 46, et les grenouilles en ont environ 20.
Les oiseaux sont l’un des groupes d’animaux les plus variés, et cela est dû en partie à leur grand nombre de chromosomes. Si les dinosaures partageaient la même caractéristique, cela pourrait aider à expliquer pourquoi ils présentent aussi une si grande variété, du grand tricératops à cornes végétarien au petit prédateur bipède, le vélociraptor, en passant par les vrais géants. Mais tout au long de cette variation, la structure globale de l’ADN semble être restée stable au fil des années.
Selon les chercheurs :
Nos résultats suggèrent que la plupart des éléments d’un caryotype ‘aviaire’ typique (40 paires de chromosomes, dont 30 microchromosomes) étaient présents avant la divergence des tortues par rapport aux oiseaux ~255 millions d’années. Cette organisation du génome est donc antérieure à l’émergence des dinosaures et ptérosaures précoces et à l’évolution du vol.
Cette structure génomique semble donc très stable tout en contribuant à une grande diversité phénotypique.
Pour Griffin, les dinosaures avaient ce qu’il fallait pour réussir. Ils ont construit une base génétique stable, et à partir de là, ils ont stimulé de nombreuses variations. Mais malheureusement pour eux, ce n’était pas suffisant pour les aider à survivre à l’événement météoritique dramatique d’il y a 66 millions d’années, qui a effacé les dinosaures (et beaucoup d’autres créatures) de l’existence.
Quant à Jurassic Park, n’espérez pas trop. Cette étude est un calcul génétique, nous n’avons toujours pas trouvé d’ADN de dinosaure et probablement jamais.
Selon M. Griffin :
Nous n’aurons pas de Jurassic Park de sitôt. Si vous prenez l’ADN d’une poule et que vous le mettez dans un œuf d’autruche, vous ne vous retrouverez pas avec une poule ou une autruche. Vous n’aurez rien du tout. Il en serait de même pour un vélociraptor ou un T. rex. Ça ne marcherait pas.
L’étude publiée dans Nature : Reconstruction of the diapsid ancestral genome permits chromosome evolution tracing in avian and non-avian dinosaurs et présentée sur le site de l’université du Kent : Genome structure of dinosaurs discovered by bird-turtle comparisons.